Les marchés portés par les paris sur une baisse des taux
Les marchés d'actions en Europe ont signé leur cinquième semaine de hausse d'affilée, portés par les paris sur une baisse des taux d'intérêt après le bal des banques centrales.
L'enthousiasme des investisseurs n'a pas faibli après le bal des banques centrales, cette semaine. Ceux-ci ont navigué avec optimisme sur les déclarations des différents présidents des institutions monétaires. Ils ont surtout retenu l'annonce par Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), de trois baisses de taux d'intérêt, l'année prochaine.
Ses propos ont confirmé le scénario sur lequel parient les marchés d'actions depuis le mois de novembre, à savoir une baisse des taux d'intérêt en 2024. Pourtant, tous les banquiers centraux n'ont pas imité la Fed, cette semaine. La Banque centrale européenne, la Banque d'Angleterre et la Banque nationale suisse ont toutes les trois adopté un ton très prudent, indiquant surveiller l'évolution de l'inflation.
"Les marchés mondiaux se soucient beaucoup plus de ce que fait la Fed que la BoE ou la BCE."
Deux banques centrales ont même relevé leur taux d'intérêt cette semaine. La banque centrale de Norvège a surpris les marchés en relevant de 0,25% ses taux directeurs, pour les porter à 4,5%. Vendredi, la banque centrale russe a augmenté ses taux de 100 points de base, à 16%, afin de combattre une inflation persistante dans le pays.
Sebastian Vismara, économiste chez BNY Mellon Investment Management, juge remarquable l'attitude des investisseurs sur les marchés. "Outre les prévisions de croissance mondiale, les taux réels américains sont le principal moteur des marchés boursiers, et le fait que la Fed se soit montrée aussi accommodante est vraiment significatif. Les marchés mondiaux se soucient beaucoup plus de ce que fait la Fed que la BoE ou la BCE" constate-t-il.
Cinquième semaine de hausse en Europe
En Europe, les marchés d'actions ont signé leur cinquième semaine de hausse d'affilée, une progression plus observée depuis avril. Le Stoxx 600 a gagné 0,92% d'un vendredi à l'autre, pour atteindre 476,61 points, son plus haut niveau depuis janvier 2022. Il manque environ 3,5% à l'indice pour qu'il rejoigne son plus haut historique, touché le 1ᵉʳ mai 2022, à 494,35 points.
"La performance en Europe cette année a été largement tirée par moins de 10 actions à grande capitalisation de haute qualité".
Frédérique Carrier, directrice de la stratégie d'investissement chez RBC Capital Management, souligne que les marchés d'actions européens ont encore du potentiel de hausse. "La performance en Europe cette année a été largement tirée par moins de dix actions à grande capitalisation de haute qualité", relève-t-elle. "Mais on se trouve dans une combinaison d’un marché bon marché, sous-possédé et mal aimé qui peut se rattraper."
Si le Stoxx 600 n'a pas encore franchi son record historique, le Dax, le FTSE MIB italien et le CAC 40 ont tous battu leurs sommets cette semaine. La performance de ces indices, en particulier le Dax, interroge, alors que l'économie dans le pays montre des signes de fort ralentissement.
Les indices PMI de la zone euro suggèrent que la région est proche de la récession, un scénario peu favorable pour les marchés d'actions.
Les valeurs immobilières recherchées
Les marchés d'actions en Europe ont, en outre, été soutenus ce vendredi par la "journée des quatre sorcières", marquée par l'expiration de nombreux contrats sur les produits dérivés, ce qui entraîne logiquement des mouvements boursiers importants. Les investisseurs doivent notamment dénouer leurs positions, ou bien les faire "rouler" sur l'échéance suivante.
Les grandes gagnantes de l'optimisme sur les taux d'intérêt en bourse ont été les valeurs immobilières. Celles-ci ont signé la plus forte progression hebdomadaire du Stoxx 600, avec un gain de 5,17%.
Ce sont les actions les plus massacrées du secteur qui ont été le plus recherchées par les investisseurs. Les groupes immobiliers suédois, qui ont suscité beaucoup d'inquiétudes chez les investisseurs depuis 2022, ont signé les plus fortes hausses du compartiment. Fabege a gagné 10,81% sur la semaine, Castellum 9,01% et Fastighets Balder 7,71%.
Les sociétés immobilières britanniques, comme Land Securities, ont aussi beaucoup rebondi, grâce à Goldman Sachs qui a relevé sa recommandation à "acheter" sur la valeur.
Quelques bémols
Tous les secteurs du Stoxx 600 n'ont pas connu une avancée cette semaine. Le compartiment des télécoms a reculé de 3,07% d'un vendredi à l'autre et accusé la pire performance de l'indice européen.
Les sociétés du secteur ont souffert de diverses décisions défavorables. Telefonica (-9,44%), qui tire 3,6% de ses revenus en Argentine, a pâti de la forte dévaluation du peso argentin face au dollar, la première mesure choc du gouvernement Milei.
Le compartiment des assurances (-1,55%) a lui aussi vécu une semaine difficile en bourse.
L'action Vodafone (-6,54%) a mal digéré l'interdiction proposée par le régulateur britannique des télécoms aux opérateurs de téléphonie mobile et de haut débit d’augmenter les prix des clients en cours de contrat sur la base de mesures d’inflation.
Le compartiment des assurances (-1,55%) a lui aussi vécu une semaine difficile en bourse. Ce sont les réassureurs, comme Swiss Re, Scor et Munich Re, qui ont mené la baisse du segment.
Les valeurs de l'énergie (-1,09%) ont également connu un recul généralisé, malgré la première hausse hebdomadaire des cours du pétrole depuis deux mois.