Euronext mise sur le "grand retour" des obligations d'entreprise
Les émissions d'obligations d'entreprise pour les particuliers ont séduit les investisseurs en 2023, selon Euronext Bruxelles. La tendance pourrait se poursuivre cette année.
Les obligations d'entreprise à destination des particuliers font leur grand retour. C'est ce que constate Benoît van den Hove, patron d'Euronext Bruxelles. "En 2023, on a assisté au grand retour des obligations d'entreprise, avec des émetteurs plus risqués comme les promoteurs immobiliers, mais surtout des émetteurs de qualité, comme Fluvius, Colruyt et UCB", indique-t-il.
"Ce sont des beaux noms, qui ont retrouvé l'appétit des investisseurs, même si le bon d'État a absorbé une partie de la demande."
Le patron de la Bourse de Bruxelles anticipe qu'avec l'échéance du bon d'État le 4 septembre de cette année, les entreprises trouvent encore de l'appétit pour leurs obligations à destination des particuliers. "Ce que j'attends avec cette échéance du 4 septembre, c'est que cette épargne se transforme en investissement."
"Ce que j'attends avec cette échéance du bon d'État le 4 septembre, c'est que cette épargne se transforme en investissement".
Le bon d'État à un an lancé par le ministre des Finances Vincent Van Peteghem (CD&V) a attiré en septembre de l'année passée 22 milliards d'euros. Le montant très important versé par les particuliers dans cette obligation va être leur remboursé cette année.
"La date du 4 septembre est une date pivot. Elle représente une opportunité pour les entreprises et les banques d'apporter une offre d'investissement qui puisse plaire aux particuliers", souligne Benoît van den Hove.
"On a vu récemment que lorsque l'offre est intéressante, les investisseurs particuliers se ruent sur l'occasion, comme en mars 2020." Il juge que le particulier belge garde un intérêt pour l'investissement.
Incertitudes
L'investisseur en obligations s'est montré plus présent en 2023 que l'investisseur en actions. "L'incertitude a refroidi pas mal d'investisseurs en actions, qui ont vendu ou gardé une position attentiste", constate Benoît van den Hove, alors que le Bel 20 a connu une progression annuelle quasi nulle.
"Cela a eu un impact sur les volumes de transactions. Mais si l'inflation diminue et que les taux d'intérêt baissent aussi, cela va rendre progressivement les actions attractives."
Il s'attend à ce que les volumes de transactions remontent cette année, "à des niveaux plus corrects, proches de ceux de 2022, par rapport à ce que l'on a connu en 2023".
Il reste prudent, car il prévoit une année encore marquée par l'incertitude.
"Il est difficile d'avoir une bonne prévisibilité cette année, alors que l'enjeu des élections, en particulier aux États-Unis en novembre, risque d'avoir un impact considérable sur les conditions de marché", indique Benoît van den Hove.
Surprises
Parallèlement à la frilosité des investisseurs en actions, les introductions en bourse à Bruxelles ont manqué à l'appel en 2023. Mais en 2024, Benoît van den Hove estime que le marché restera dépendant des conditions de marché.
"On n'aura plus un brise-glace comme Azelis, il y a deux ans, qui a navigué dans des conditions de marché pas favorables."
"On n'aura plus un brise-glace comme Azelis, il y a deux ans, qui a navigué dans des conditions de marché pas favorables. Il faut voir comment le marché évolue au plan international et comment les premières introductions en bourse cette année se dérouleront" indique-t-il.
Cependant, il constate qu'en 2023, les sociétés belges ont profité des fenêtres d'éclaircies pour lever du capital, à l'image des groupes immobiliers qui ont multiplié les augmentations de capital à partir d'octobre, lorsque les marchés ont commencé à parier sur une baisse des taux d'intérêt des banques centrales.
Au total, les sociétés belges ont levé 3,2 milliards d'euros en augmentation de capital en 2023, et 31,8 milliards d'euros en obligations, contre 25 en 2022, note Benoît van den Hove. "Les émetteurs ont été résilients en 2023", ce qui le rassure pour 2024.
Benoît van den Hove, patron d'Euronext Bruxelles, fait le vœu cette année que le gouvernement fédéral mette Belfius en bourse. "Alors que l'endettement de la Belgique ne cesse d'augmenter, la mise en bourse de Belfius permettrait de diminuer la dette et le déficit budgétaire" estime-t-il.
Il souligne que "Belfius a pris ses propres décisions par rapport à ses taux d'épargne en comparaison avec le taux du bon d'État. La banque dispose de sa propre gouvernance. Elle n'est pas la prolongation du bras de l'État". D'après lui, Belfius n'est qu'une participation financière du gouvernement. Il ne voit pas de raisons contre une mise en bourse de la banque, qui résulte de la nationalisation de Dexia durant la crise financière (pour rappel).
Toutefois, en cette année d'élections en Belgique, le patron de la Bourse de Bruxelles redoute une nouvelle paralysie à la sortie des urnes. "Il faut qu'il y ait un nouveau gouvernement au plus vite, pour répondre aux défis climatique, budgétaire et de compétitivité de la Belgique" s'inquiète-t-il.