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La nouvelle doctrine nucléaire de la Russie inquiète les marchés

Les investisseurs se ruent vers des actifs refuges après que le président Vladimir Poutine a mis à jour la doctrine nucléaire de la Russie. ©Getty Images via AFP

Les bourses européennes ont été délaissées, une bonne partie de la séance, au profit des actifs refuges face à la dernière escalade dans la guerre de la Russie contre l’Ukraine.

Les marchés ont été quelque peu secoués ce mardi par l’annonce selon laquelle Vladimir Poutine a mis à jour la doctrine nucléaire qui autoriserait la Russie à élargir l’usage des armes nucléaires. Le président russe a déclaré que Moscou pourrait envisager l'utilisation d'armes nucléaires si le pays était soumis à une attaque de missiles conventionnels soutenue par une puissance nucléaire.

Une annonce qui intervient quelques jours après que les États-Unis ont accordé à l’Ukraine une permission limitée pour effectuer des frappes de missiles longue portée sur le territoire russe. Les forces ukrainiennes auraient effectué leur première frappe dans une région frontalière en Russie en utilisant des missiles fournis par l'Occident, a rapporté RBC Ukraine ce mardi, citant un responsable militaire ukrainien.

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Au moment d'écrire ces lignes, les agences de presse russes, citant le ministère russe de la Défense, rapportaient d'ailleurs que l'Ukraine a lancé une attaque contre la région russe de Bryansk dans la nuit de lundi à mardi, en utilisant six missiles ATACMS à longue portée fabriqués aux États-Unis. Les systèmes de défense aérienne russes ont intercepté cinq des missiles et endommagé l'un d'eux, selon le rapport. L'attaque n'a fait aucune victime ni causé de dégâts, a indiqué le ministère.

Les secteurs de l'automobile, des banques et du tourisme ont été particulièrement touchés par ce déclin. Mais pratiquement tous les secteurs étaient en territoire négatif ce mardi.

Les investisseurs se ruent sur les valeurs refuges

Face à cette menace, l'indice pan-européen Stoxx 600 est tombé à son plus bas niveau en trois mois, avant de contenir sa baisse à -0,43% à la clôture, sa troisième journée consécutive de pertes. Notons qu'en parallèle, Goldman Sachs a réduit ce mardi matin ses prévisions pour le Stoxx 600 pour les 12 prochains mois, de 540 à 530 points. De leur côté, l'indice DAX et le CAC 40 ont tous deux clôturé en baisse de 0,67%, tandis que le Bel 20 a clôturé en recul de 0,89%, l'indice FTSE 100 a perdu 0,12% et Milan 1,28%. L'indice EuroStoxx 50 a lui reflué de 0,84%

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Les secteurs de l'automobile, des banques et du tourisme ont été particulièrement touchés par ce déclin. En recul de 1,42%, les valeurs bancaires ont d'ailleurs été les principaux poids sur l'indice des grandes capitalisations, avec Barclays (-1,92%), Lloyds (-1,64%) et HSBC (-0,48%). Mais pratiquement tous les secteurs étaient en territoire négatif.

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Le rendement du Bund allemand à dix ans, référence pour la zone euro, a cédé 3,3 points de base, à 2,339%, après une chute en séance de 10,3 points, à 2,269%, au plus bas depuis la mi-juin. Les actifs refuges traditionnels, comme le yen japonais (+0,6%), le franc suisse (+0,2%) et l’or (+0,43%), ont également progressé. Les obligations souveraines en dollars de l’Ukraine ont enregistré les plus fortes baisses parmi celles des marchés émergents, avec une obligation arrivant à échéance en février 2029 perdant 1,6 centime par dollar.

"Pour l’instant, la réaction reste contenue, certains investisseurs adoptant encore une position attentiste."

Andrea Tueni
Responsable des ventes de trading chez Saxo Banque France

Une réaction "logique et contenue"

Le dollar qui s'échange à plus de 106 points face à un panier de devises de référence, proche d'un sommet d'un an, après avoir gagné de plus de 2% depuis le début du mois. L'euro recule de 0,10%, à 1,0589 dollar, avec un plus bas en séance à 1,0525, tandis que la livre sterling cède également du terrain, en tombant en séance à 1,2614 dollar.

"La réaction du marché est logique; on pouvait déjà sentir hier que la tension montait. Pour l’instant, la réaction reste contenue, certains investisseurs adoptant encore une position attentiste", a déclaré pour sa part Andrea Tueni, responsable des ventes de trading chez Saxo Banque France.

"Je ne pense pas que cela ait un impact sur l'économie (européenne) ou les bénéfices. C'est juste une réaction naturelle chaque fois que le mot nucléaire est mentionné par un chef d'État", commente pour sa part Patrick Armstrong, directeur des investissements chez Plurimi Wealth. "Cela fait évidemment réfléchir les investisseurs sur les risques potentiels, car un investissement en actions est porté par l'espoir de gains. Donc, je ne pense pas que ce soit autre chose que de la rhétorique, et le marché va simplement passer outre."

"Les tensions géopolitiques représentent certes un risque, mais on observe des ventes modestes. Il n'y a pas de panique, juste une digestion des récents gains."

Keith Lerner
Codirecteur des investissements chez Truist

Wall Street ouvre en baisse, puis se reprend

Cette nouvelle doctrine nucléaire russe pèse aussi sur la séance à Wall Street. À l'ouverture des marchés, le Dow Jones a d'emblée chuté de 327 points (-0,7%). Le S&P 500 et le Nasdaq ont chacun reculé de 0,5%. Le Nasdaq et le S&P 500 sont ensuite revenus dans le vert à la clôture, porté par les gains de Nvidia. L'indice du dollar – qui suit la monnaie américaine par rapport à six autres devises – s'est tassé de 0,02% à 106,20. Le rendement des bons du Trésor américain à dix ans a reculé de 7 points de base pour s’établir à 4,34%, son plus bas niveau en trois semaines, avant de revenir à 4,3844%.

Le VIX (Cboe Volatility Index), souvent surnommé "l'indice de la peur" car il mesure la volatilité implicite attendue sur le marché boursier américain, est monté brièvement à 17,93 points, son plus haut niveau depuis l'élection américaine du 5 novembre, avant de refluer légèrement, à 16,03. Son équivalent européen s'affiche à 19,41 points, en hausse de 9,1%.

"La tendance sous-jacente du marché reste positive", tempère pour CNBC Keith Lerner, codirecteur des investissements chez Truist. "Les tensions géopolitiques représentent certes un risque, mais on observe des ventes modestes. Il n'y a pas de panique, juste une digestion des récents gains."

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