De tout le secteur bancaire, c'est Capital One que Warren Buffett préfère
Deux mois après le début des faillites bancaires aux États-Unis, l'oracle d'Omaha décide de miser près d'un milliard de dollars sur le géant des cartes de crédit Capital One, qui bondit à Wall Street en réaction.
Warren Buffett a revu sa copie sur les valeurs financières. D'après un dépôt règlementaire trimestriel déposé auprès de la SEC ce lundi soir, sa holding, Berkshire Hathaway , s'est désormais retirée de ses participations dans US Bancorp et Bank of New York Mellon . La première est la cinquième plus grande banque des États-Unis, tandis que la seconde, qui est par ailleurs active en Belgique, est un des grands noms des banques d'investissement de Wall Street.
Lors de la dernière assemblée générale de Berkshire Hathaway, Warren Buffett avait déjà déclaré qu'il se montrait prudent au sujet du secteur bancaire. Les messages des politiciens et des agences gouvernementales sur la sécurité du système financier ont, selon lui, été plutôt confus et pas assez rassurants, avait-il critiqué lors de la grand-messe annuelle de sa holding à Omaha, dans le Nebraska.
"Je ne m'inquiète pas le moins du monde"
Le nonagénaire, qui a déjà par le passé raconté que son père avait perdu son emploi en 1931 suite à un bank-run (Buffett est né au début de la grande dépression), avait aussi expliqué qu'il gardait encore uniquement sa participation historique dans le géant Bank of America , dont il se déclarait satisfait.
"J'ai mon propre argent et je suis probablement au-dessus de la limite de la FDIC, et je l'ai placé dans une banque locale et je ne m'en inquiète pas le moins du monde."
Au sujet des banques régionales, il avait rassuré en clamant: "J'ai mon propre argent et je suis probablement au-dessus de la limite de la FDIC (l'agence américaine de garantie des dépôts, NDLR), et je l'ai placé dans une banque locale et je ne m'en inquiète pas le moins du monde", sur un ton rassurant.
Pour ce qui est de l'argent de sa holding, cependant, ce n'est plus dans US Bancorp et BNY Mellon qu'il sera placé. En revanche, un autre pari sur le secteur bancaire apparaît dans le dépôt auprès de la SEC. Berkshire Hathaway a investi 954 millions de dollars dans Capital One .
Un géant des cartes de crédit immunisé contre la crise?
Parmi les plus grands acteurs mondiaux des cartes de crédit, Capital One se décrit comme le troisième plus important émetteur de cartes Visa et Mastercard aux États-Unis. Son action est une de celles qui a été le moins touchée par la crise bancaire aux États-Unis, avec Citigroup et JPMorgan . Depuis le début de l'année, elle a reculé de seulement 4% contre 26% pour le KBW Bank Index, qui mesure la performance du secteur.
Si l'on ne sait pas pourquoi Buffett et ses équipes misent désormais sur Capital One, la résilience du titre dans la tempête pourrait avoir été un facteur déterminant. Malgré le ralentissement de l'économie et la hausse des taux (le taux des cartes de crédit atteint près de 21% aux États-Unis), les défauts de ses emprunteurs se sont en effet stabilisés, et la société a gonflé ses provisions pour pertes.
Les dépôts, eux, n'ont pas connu de recul, contrairement à ceux de la plupart des autres banques. D'après les données de Bloomberg, la majorité des analystes sont d'ailleurs à l'achat avec un potentiel de hausse moyen de plus de 22% pour l'action.
Cette prise de position de 2,6% du capital rappelle son investissement (un peu réduit depuis lors) dans Ally Financial en 2021, prêteur spécialisé dans les crédits immobiliers et automobiles. Les investisseurs semblaient d'ailleurs ravis de voir l'oracle d'Omaha parmi les nouveaux actionnaires de Capital One, faisant grimper le titre de près de 6% à l'ouverture de Wall Street.