Il ne faudra pas trop compter sur les résultats trimestriels pour enflammer le rallye boursier en Europe

Retour au rouge pour les bénéfices des entreprises européennes? Contrairement aux États-Unis, où les sociétés du S&P 500 devraient faire état d'une hausse de 4,2%, les analystes s'attendent à ce que les membres du Stoxx Europe 600 affichent en moyenne un repli de 1% de leurs bénéfices au troisième trimestre 2024. Mettant fin au rebond observé au deuxième trimestre (+6%).

"La baisse des bénéfices prévue pour le troisième trimestre est due à un recul attendu de 2% des ventes, qui n'est que partiellement compensé par l'augmentation des marges", expliquent les experts de Bank of America.

Plusieurs grands groupes européens ont récemment évoqué des pressions baissières sur leurs revenus. À l'image des constructeurs automobiles (Volkswagen, BMW, Stellantis, etc.), de la société suédoise de prêt-à-porter H&M ou encore de la major pétrolière Shell. Par ailleurs, le ralentissement de la croissance chinoise est de nature à plomber les ventes dans le secteur du luxe.

Bank of America prévoit qu'au niveau sectoriel, les dynamiques soient similaires à celles observées lors de la saison précédente. C'est-à-dire que les compartiments de la consommation discrétionnaire et de l'énergie risquent de peser lourdement dans la balance, tandis que les valeurs financières – très représentées en Europe – devraient être le principal contributeur positif. Ainsi, si l'on exclut ce dernier segment, la baisse des bénéfices du Stoxx Europe 600 serait de 6%.

Un effet de base très favorable?

De leur côté, les analystes de Deutsche Bank se montrent particulièrement optimistes, tablant sur une croissance moyenne de 4% des bénéfices au troisième trimestre. "La très faible croissance des bénéfices aux troisième et quatrième trimestres de l'année dernière fournit des effets de base très favorables. Même si les bénéfices ne faisaient que stagner au second semestre par rapport au premier, les bénéfices du second semestre seraient toujours en hausse de 5% d'une année à l'autre", affirment-ils.

Selon eux, de nombreuses entreprises européennes ont probablement bénéficié de la forte croissance du produit intérieur brut (PIB) des États-Unis au troisième trimestre et de la baisse des coûts des intrants, notamment via la chute des prix de l'énergie.

LVMH, ASML et Nestlé au rapport cette semaine

Plus de la moitié des membres du Stoxx Europe 600 doit dévoiler ses résultats trimestriels d'ici à la fin du mois. Rien que cette semaine, trois mastodontes sont attendus au rapport. À commencer par le leader mondial du luxe LVMH ce mardi.

Le groupe français, qui fera le point uniquement sur ses ventes, pourrait annoncer une légère croissance organique de son chiffre d'affaires au troisième trimestre 2024, à 20,1 milliards d'euros contre 19,9 milliards un an auparavant. Et ce, grâce à des revenus relativement stables pour sa principale division Mode & Maroquinerie.

Mercredi, ce sera au tour d'ASML d'être sous les feux des projecteurs. Le géant technologique néerlandais, qui fabrique des équipements de lithographie destinés à l'industrie des semi-conducteurs, va très probablement continuer à surfer sur la demande générée par l'intelligence artificielle. Les analystes tablent sur une augmentation de près de 8% de ses revenus et de 2% de ses bénéfices. Seule sa marge est attendue sous pression.

Le conglomérat agroalimentaire Nestlé , dont les résultats trimestriels seront présentés jeudi, devrait acter une stagnation de son chiffre d'affaires et revoir à la baisse ses prévisions. Ce sera également un premier rendez-vous test pour son nouveau CEO, Laurent Freixe, qui devra convaincre les investisseurs qu'il est capable de reprendre la barre, alors que l'action perd plus de 13% depuis le début de l'année.

Pas de quoi soutenir durablement le rallye boursier

Dans l'ensemble, les experts de Deutsche Bank pensent que la nouvelle saison des résultats sera porteuse pour les actions européennes. Ils rappellent que, d'un point de vue historique, le Stoxx Europe 600 a gagné en moyenne un peu moins de 1% grâce aux publications des chiffres du troisième trimestre.

"Les résultats supérieurs aux attentes devraient contribuer à améliorer le sentiment de marché, mais ils ne seront probablement pas le principal moteur de la tendance, car les forces macroéconomiques restent au centre de l'attention", prévient toutefois Deutsche Bank.

Pour mémoire, d'après la moyenne historique, 54% des entreprises européennes publient des chiffres meilleurs que prévu. Elles étaient 51% à avoir battu le consensus lors de la saison des résultats pour le deuxième trimestre.