L'action de la BNB chute de plus de 10% après ses résultats
La Banque nationale a perdu 580 millions d'euros en 2022. C'est la conséquence de la hausse des taux. En Bourse de Bruxelles, l'action BNB chute de plus de 10%.
Les dégâts de la hausse des taux sont bien là. Après avoir annoncé, mercredi soir, une perte de 580 millions d'euros en 2022, la Banque nationale de Belgique (BNB) voyait son action chuter de plus de 10% ce jeudi matin à la Bourse de Bruxelles. Le résultat négatif est pourtant inférieur à la fourchette d'estimations dont l'institution avait fait part en décembre, à savoir entre 600 et 800 millions d'euros.
Mais ces derniers jours, la spéculation s'était emparée du titre, certains investisseurs ayant apparemment misé sur la possibilité d'une bonne surprise. Alors que l'action BNB cotait encore à 580 euros à la fin de la semaine dernière, elle était remontée à 662 euros mercredi à la clôture, soit une hausse de plus de 14% en seulement trois jours.
Mais avec une perte à peine inférieure au bas de la fourchette d'estimations, ceux qui avaient parié sur de meilleures nouvelles ont été plutôt déçus. Le titre BNB a subi un fort courant vendeur ce jeudi, pour revenir vers 590 euros.
Pas de dividende
La glissade de l'action BNB remonte à septembre dernier, quand la banque avait annoncé qu'elle subirait sa première perte en 70 ans: son cours de bourse avait plongé de plus de 20% et s'était ensuite enfoncé davantage, au point d'afficher, la semaine dernière, un déficit de 60% par rapport à son niveau d'avant septembre.
"Les charges d'intérêts ont augmenté, alors que les actifs étaient assortis de rendements bas."
Et pour cause: compte tenu de sa perte, la BNB ne versera pas de second dividende cette année, au titre de l'exercice 2022, ce qu'elle a encore confirmé mercredi soir. Le premier dividende, de 1,50 euro, reste quant à lui acquis même en cas de résultat annuel négatif.
La cause de ce mauvais bulletin est évidente: la brusque remontée des taux d'intérêt. "Les charges d'intérêts sur les dépôts que les établissements de crédits détiennent auprès de la banque ont augmenté, alors que les actifs, le plus souvent à long
terme, qui composent ces portefeuilles étaient assortis de rendements bas lorsqu'ils ont été acquis", indique la BNB dans un communiqué.
En 2022, le taux de la facilité de dépôt de la Banque centrale européenne (BCE) est passé de -0,5% à 2%. Il atteint même 3% depuis la semaine dernière. Dès lors, les dépôts des banques commerciales auprès de la BCE ont dû être fortement rémunérés par celle-ci. En pratique, chaque banque nationale de la zone euro doit payer les intérêts sur les dépôts des banques de son pays.
Pire que la Bundesbank
La BNB a donc dû débourser des sommes importantes l'an dernier car les institutions financières belges ne convertissent pas tous les dépôts élevés de leur clientèle – l'encours des comptes d'épargne dépasse 300 milliards d'euros – en crédits. Ces liquidités excédentaires se retrouvent ainsi au guichet de la BNB, qui doit leur appliquer le taux de dépôt fixé par la BCE.
Voilà pourquoi la BNB déclare une perte plus élevée que celles, récemment annoncées, de la Banque néerlandaise (460 millions d'euros) et de la Bundesbank (172 millions d'euros).
Côté actifs, la BNB avait acquis, dans le cadre du programme d'achats de titres de la BCE, beaucoup d'obligations, principalement gouvernementales, assorties de taux d'intérêt très faibles, qui n'arriveront pas à échéance avant des années. La Banque nationale a donc dû verser des intérêts de plus en plus élevés alors qu'elle ne percevra que de faibles coupons pendant encore plusieurs exercices.
"Si le scénario de base se concrétise, cela entraînerait une perte cumulée de 10,8 milliards d'euros sur cinq ans."
C'est ce qui conduit d'ailleurs l'institution belge à anticiper que ses résultats resteront sous pression à l'avenir, si son scénario de base, marqué par un environnement de taux défavorable, se confirme.
"Si ce scénario venait à se concrétiser, ce qui est entouré d'une grande incertitude, à composition du bilan inchangée, cela entraînerait une perte cumulée d'un montant de 10,8 milliards d'euros sur un horizon de cinq ans", précise-t-elle. La BNB anticipait auparavant une perte de 9 milliards d'euros au total d'ici la fin 2027. La perte de 2022 est imputée sur la réserve disponible de la BNB. Par conséquent, "à la suite de l'affectation du résultat, les coussins de sécurité de la banque s'élèvent à 6,5 milliards d'euros", communique-t-elle.
- En 2022, la Banque nationale de Belgique a perdu 580 millions d'euros, un peu moins que le bas de la fourchette d'estimations.
- Elle confirme qu'elle ne versera pas de second dividende cette année.
- Sur cinq ans, la perte cumulée devrait atteindre 10,8 milliards d'euros, anticipe la BNB.
- Les coussins de sécurité de la BNB, sur lesquels la perte est imputée, diminuent à 6,5 milliards d'euros.
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