Le bilan mitigé de Ryan Cohen, le Warren Buffett des "meme stocks"

Révélé au grand public, il y a tout juste trois ans, lorsqu’éclatait la retentissante affaire GameStop, Ryan Cohen n’a cessé depuis lors de cultiver son aura auprès des investisseurs particuliers qui continuent à suivre ses faits et gestes sur les marchés. Celui qui est entretemps devenu le CEO de la chaîne de magasins de jeux vidéo a d’ailleurs détourné la société de ses activités de distributeur en un véritable holding, utilisant sa trésorerie pour de multiples paris boursiers. Des paris qui ont, pour l’essentiel, plutôt mal tourné.

Le plus interpellant demeure sans aucun doute celui sur la société tombée en faillite Bed Bath & Beyond, pour lequel il se trouve accusé de manipulation de cours depuis août 2023 par la Securities et Exchange Commission (SEC), le gendarme des marchés financiers aux États-Unis.

D’autres paris boursiers sur le distributeur Nordstrom ou encore le géant chinois du commerce en ligne Alibaba se sont par ailleurs révélés infructueux, la chute des cours de ces sociétés lui ayant fait perdre de l’argent, tout comme aux investisseurs particuliers qui les ont répliqués.

Des investisseurs lésés

Surnommé le Warren Buffett des "meme stocks" (ces actions populaires sur les réseaux sociaux), Ryan Cohen s'est fait connaître dès la fin 2020, peu avant la frénésie autour de l'action Gamestop. À l'époque, sa firme, RC Ventures LLC, dévoile ses participations dans la société, au moment où le titre valait 2 dollars (en prenant compte de la scission de l'action en 2022 en quatre nouveaux titres). 

Cela avait conduit par la suite de nombreux investisseurs particuliers regroupés sur des forums comme WallStreetBets à acheter l'action en masse, en catapultant la valeur à un sommet de 86 dollars le 27 janvier 2021. Depuis lors, Gamestop ne vaut plus que 14 dollars.

Dans le cas de Bed Bath Beyond, le régulateur de marché américain reproche à Ryan Cohen sa communication intensive en amont des ventes qu'il a effectuées. Le milliardaire avait abondamment communiqué sur les réseaux sociaux son investissement dans la société pour un total de 120 millions de dollars. Mais, quelques jours après avoir défendu le groupe sur Twitter (désormais renommé X), il a revendu toutes ses parts, empochant une plus-value de 60 millions de dollars.

La société s'étant ensuite déclaré en faillite, le titre s'est effondré dans la foulée, provoquant de lourdes pertes chez les boursicoteurs pris au dépourvu.

Un "personnage meme", à l'image d'Elon Musk

La popularité de Ryan Cohen auprès des investisseurs particuliers reste un mystère pour la plupart des observateurs. Matthew Tuttle, CEO de la firme d'investissement Tuttle Capital Management, l'explique par l'aura dont il jouit sur les réseaux sociaux, estimant que le milliardaire y est devenu "un 'personnage meme', au même titre qu'Elon Musk".

Au vu du bilan très mitigé de ses investissements et surtout des lourdes pertes essuyées par sa cohorte de fans, il semble toutefois que ceux-ci aient été mal inspirés de le suivre.