Les Belges se ruent sur les comptes à terme
Les ménages et les entreprises placent des milliards sur des comptes à terme. Les grandes banques préfèrent garder cette formule un peu à l'écart des petits épargnants.
Les maigres taux des comptes d'épargne traditionnels et l'incertitude des marchés financiers ont incité ces derniers mois les ménages et les entreprises belges à placer leur argent sur des comptes à terme qui leur garantissent des rendements plus élevés.
Depuis le début de l'année et jusqu'à la fin du mois de mars, les ménages ont ainsi placé plus de 8 milliards d'euros sur un compte à terme, où leur argent est bloqué pour une durée prédéterminée en échange d'un taux fixe. C'est ce qu'enseignent les chiffres de la Banque nationale de Belgique. Les ménages belges disposent désormais d'un total de plus de 19 milliards d'euros sur des comptes à terme, soit le montant le plus élevé depuis juillet 2014.
Les entreprises semblent également transférer de plus en plus d'argent des comptes à vue vers les comptes à terme. Depuis le début de l'année, les soldes des comptes à terme des entreprises ont augmenté de près de huit milliards d'euros pour atteindre 20,2 milliards d'euros, le niveau le plus élevé depuis 2009.
Impact de la hausse des taux
Au cours des années précédentes, les comptes à terme n'ont pas fait l'objet d'un grand battage, car ils n'offraient rien ou presque en raison des taux d'intérêt très bas. Mais depuis que la Banque centrale européenne a commencé à relever ses taux d'intérêt l'été dernier pour lutter contre l'inflation, les choses ont changé. Avec un taux d'intérêt net moyen de 2,1%, les dix comptes à terme les plus rémunérateurs de notre pays rapportent aujourd'hui plus que les dix premiers comptes d'épargne: là, les taux d'intérêt moyens tournent aujourd'hui autour de 1,5%.
Cela explique immédiatement pourquoi le total des dépôts sur les comptes à terme belges – c'est-à-dire ceux des ménages et des entreprises confondus – a été multiplié par cinq depuis juin de l'année dernière pour atteindre 39,5 milliards d'euros. Il convient toutefois de mettre en garde contre les rendements plus élevés que peut offrir un compte à terme: dans la pratique, le taux d'intérêt offert par cette formule est en partie déterminé par la durée et le montant que vous déposez sur un tel compte. "Beaucoup de choses dépendent de la force de négociation avec la banque", explique un banquier. Les petits clients n'obtiennent pas aussi facilement des taux très compétitifs, selon des sources du secteur.
Les grandes banques discrètes
Ces derniers mois, ce sont surtout les petites et moyennes banques qui ont commencé à augmenter sensiblement les taux de leurs comptes à terme. CKV, l'une des plus petites banques du pays, se montre actuellement la plus généreuse en offrant aujourd'hui un taux d'intérêt de 3,25% à ceux qui fixent leur argent pour 10 ans. Attention, il s'agit de taux bruts, les épargnants devant encore payer 30% de précompte mobilier sur les intérêts générés par leur compte à terme.
Les grandes banques, en revanche, n'aiment pas dévoiler les taux d'intérêt qu'elles offrent sur leurs comptes à terme. KBC indique sur son site que le taux d'intérêt brut sur les comptes à terme de un à cinq ans n'est que de 0,01%, "bien que des taux différents puissent être appliqués dans le segment de la banque privée", explique un directeur d'agence. De leur côté, ING Belgique, Belfius et BNP Paribas Fortis ne communiquent même pas de taux sur leur site, se contentant d'indiquer aux clients qu'ils peuvent en discuter en agence.
Si les clients se tournent massivement vers les comptes à terme, cela coûtera encore plus cher aux banques.
Après enquête, il s'avère que le dépôt à terme de six mois d'ING offre actuellement un taux d'intérêt brut compris entre 2,35 et 2,75%. Chez Belfius, les comptes à terme à trois et six mois semblent offrir des rendements bruts compris entre 2,50 et 3%. Le montant minimum est de 1.250 euros.
La raison de cette discrétion est simple: si les clients se tournent massivement vers les comptes à terme, cela coûtera encore plus cher aux banques. Non seulement parce qu'elles devront payer un taux d'intérêt plus élevé aujourd'hui que celui qu'elles offrent sur un compte d'épargne. Mais aussi parce qu'elles devront investir davantage dans des instruments financiers pour se prémunir contre d'éventuelles fluctuations des taux d'intérêt à l'avenir.
- Depuis le début de l'année, les ménages et entreprises belges ont placé quelque 16 milliards d'euros sur les comptes à terme, portant le total des dépôts à 39,5 milliards.
- En bloquant leur argent pour une durée prédéterminée, ceux-ci bénéficient via cette formule d'un rendement fixe de 2,1% en moyenne, contre 1,5% pour les dix premiers comptes d'épargne.
- Ce sont surtout les petites banques du pays qui en font la publicité, les plus grands établissements préférant rester discret sur cette formule plus rémunératrice.