Les matières premières, gagnantes sur les marchés dans les mois à venir?
Avec des baisses de taux à l'horizon, une industrie chinoise en meilleure forme et la possibilité d'un scénario "no landing" pour l'économie mondiale, les stratégistes redoublent d'optimisme pour (certaines) matières premières.
Et si les gagnants sur les marchés dans les prochains mois n'étaient plus seulement les actions américaines, les Magnificent Seven ou le bitcoin, mais aussi les matières premières? C'est l'avis de certains stratégistes, dont ceux des géants américains Invesco, Bank of America et Goldman Sachs, qui estiment que l'environnement macroéconomique qui se profile à l'horizon devrait être positif pour les prix de certaines de ces ressources de base.
Ce lundi, des données en provenance de l'Empire du Milieu sont venues renforcer leur thèse. Après la publication, dimanche, par le Bureau national des statistiques chinois d'un indice PMI du secteur manufacturier à son plus haut niveau en un an, l'indice équivalent publié par le groupe de médias Caixin et l'agence S&P Global a aussi montré que l'activité des usines chinoises se redressait, portée par des commandes plus importantes tant à l'intérieur de la Chine que depuis l'étranger.
Sur les marchés, ces éléments ont soutenu la tendance des actions chinoises, à la peine depuis trois ans face à la faiblesse du rebond post-pandémique de l'économie. L'indice CSI 300 des grandes capitalisations de Shanghai et Shenzhen a clôturé lundi en hausse de 1,64%, sa plus forte progression en plus d'un mois, les meilleures performances ayant été enregistrées par les secteurs de la consommation discrétionnaire, l'industrie et les matériaux de base.
"Les baisses de taux aux États-Unis, sans récession, entraînent une hausse des prix des matières premières, avec une plus forte augmentation pour les métaux, suivie par le pétrole brut."
L'or et le cuivre brillent déjà
Et outre les actions chinoises, ce sont justement les cours des matières premières qui ont subi un coup d'accélérateur après la publication de ces indicateurs rassurants sur les perspectives économiques de Pékin. Le cuivre a grimpé de plus de 1% à Shanghai, à plus de 10.050 dollars la tonne, niveau proche d'un plus haut en un an. L'or, de son côté, a bondi à un record historique à plus de 2.265 dollars l'once, soutenu par les attentes de baisse de taux, qui doperont son attractivité face aux obligations.
La meilleure santé de l'économie chinoise est loin d'être le seul argument des experts en faveur des matières premières. Comme l'explique Goldman Sachs dans une récente note, leurs prix pourraient grimper de 15% d'ici à la fin de l'année, grâce à la baisse des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed), la reprise de l'industrie mondiale et la persistance des risques géopolitiques.
Cuivre, aluminium, or et pétrole figurent parmi les bénéficiaires potentiels. Les prix du nickel, du cobalt et du lithium seraient plus lents à se redresser durablement.
"Nous avons constaté que les baisses de taux aux États-Unis, sans récession, entraînent une hausse des prix des matières premières, avec une plus forte augmentation pour les métaux (cuivre et or en particulier), suivie par le pétrole brut, notent les stratégistes de Goldman Sachs. Il faut noter que l'impact positif sur les prix tend à augmenter avec le temps, à mesure que la reprise de la croissance, stimulée par l'assouplissement des conditions financières, se fait sentir."
Une classe d'actif oubliée par les investisseurs
Même son de cloche chez Invesco, où la stratégiste Kathy Kriskey a observé cette même tendance à la hausse des prix lors des baisses de taux. "Tout le monde se concentre sur d'autres classes d'actifs, mais nous avons examiné les matières premières au cours des cinq derniers cycles d'assouplissements monétaires, et les matières premières se sont distinguées", pointe-t-elle. "Les fondamentaux sont bons. À mesure que les gens se sentiront plus à l'aise dans l'environnement économique, ils dépenseront plus d'argent", ce qui soutiendra la demande.
En revanche, Bank of America constate que les rendements des matières premières, classe d'actif peu répandue chez le grand public, ont été moindres ces 15 dernières années que ceux des actions. L'indice S&P GSCI n'a ainsi rapporté que 3,7% par an en moyenne, contre 15,9% annuels pour l'indice S&P 500 (dividendes inclus). Cela s'explique par le développement du pétrole de schiste aux États-Unis, qui a fait chuter les prix de cette matière première primordiale, entre 2011 et 2020.
La situation des 15 prochaines années serait toutefois différente, pour les experts de Bank of America. La croissance du PIB mondial est en train de s'étendre "à un rythme solide", les marchés attendent un atterrissage en douceur de l'économie, voire pas d'atterrissage du tout, selon un récent sondage de Deutsche Bank, tandis que les prix des métaux devraient profiter de la transition énergétique. "Par conséquent, les matières premières gagnent en attractivité et pourraient apporter de nouveaux et intéressants avantages de diversification aux investisseurs."
- Plusieurs stratégistes sont optimistes pour les perspectives des matières premières.
- Le rebond de l'économie chinoise, et plus largement, de la croissance mondiale serait un élément porteur, tandis que les baisses de taux devraient relancer la demande.
- Cette classe d'actifs alternative offre une diversification attractive aux investisseurs.
- L'or et le cuivre ont déjà vu leur prix flamber ces derniers mois.
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