"La perception de l'immobilier de bureau est exagérément pessimiste"
Trois questions à Michael Gobitschek (Skagen) | Michael Gobitschek gère le fonds immobilier M2 pour le compte de la société de gestion de fonds norvégienne Skagen. Il s’intéresse surtout aux entreprises actives dans l’immobilier logistique et les entrepôts de stockage, comme la société belge Shurgard.
1. Quel est l’impact de la pandémie de Covid-19 sur votre fonds immobilier?
La crise a eu un impact sur l’immobilier, c’est certain, mais il est trop tôt pour en connaître les effets avec précision. Parmi les gagnants, on peut citer la logistique et le stockage, car les chaînes d’approvisionnement sont devenues plus locales et le besoin de disposer de stocks pendant la pandémie s’est clairement fait sentir, y compris dans les nouveaux segments comme les équipements médicaux. La croissance doit venir de l’e-commerce. Pendant le confinement, les ménages ont privilégié les achats en ligne et ils devraient conserver cette habitude. Les magasins physiques continueront à exister, mais je m’attends à des fusions et acquisitions dans les années à venir. Les centres de données ont également bénéficié de la crise, de nombreuses personnes ayant opté pour le télétravail, y compris lors du déconfinement. Malgré tout, nous trouvons que la perception du secteur des bureaux est exagérément pessimiste. Les entreprises auront toujours besoin de bureaux, mais ils seront probablement utilisés différemment, par exemple comme espaces de coworking.
2. Ne vaut-il pas mieux investir dans la brique que dans des certificats immobiliers?
Investir dans la brique n’est pas donné à tout le monde car le seuil d’entrée est élevé et entretenir un immeuble n’est ni facile ni bon marché. Par ailleurs, certains biens ne sont pas disponibles sur le marché local et il peut être compliqué de gérer des biens immobiliers éloignés. Nous investissons aussi dans des titres immobiliers cotés qui offrent un profil de liquidité plus adapté aux investisseurs qui souhaitent avoir la possibilité de récupérer leurs capitaux à tout moment. Une analyse menée fin avril révèle que plus de 60% du fonds peuvent être vendus en moins de 24 heures et 80% dans les cinq jours. C’est essentiel. Nous l’avons vu récemment au Royaume-Uni, où plusieurs fonds immobiliers ont été gelés, empêchant les investisseurs d’en sortir.
3. Investissez-vous dans des sociétés immobilières belges? Si oui, lesquelles?
Le marché immobilier belge est intéressant, mais aujourd’hui, nous n’avons en portefeuille que Shurgard Self-Storage, qui s’inscrit parfaitement dans notre stratégie de croissance défensive. La demande de petits espaces de stockage profite des tendances démographiques et économiques, comme l’urbanisation, l’augmentation de la densité de population dans les villes, la réduction de la taille des logements et l’augmentation des prix de l’immobilier. On peut déjà observer plusieurs de ces tendances sur le marché européen. La croissance de petits détaillants en ligne et de l’e-commerce fait augmenter la demande d’espaces de stockage. Combinée à une offre limitée en Europe, cela rend Shurgard très intéressant. Le groupe profite de sa notoriété et occupe une place de leader sur un marché européen encore très fragmenté. Pas moins de 92% des espaces de stockage sont situés dans les capitales et les grandes villes européennes.
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