(l'écho) Leur appétit pour le risque a en revanche touché un plus bas d'un an. Toutefois, l'augmentation des liquidités dans le chef des investisseurs peut être perçue comme autant de cartouches qu'ils pourront utiliser plus tard. La majorité des personnes interrogées estime, en effet, que le repli des marchés financiers a rendu les actions meilleur marché et plus attractives, en particulier face aux obligations. L'indice MSCI World a glissé de 9,1% depuis le 19 juillet, date à laquelle il avait touché un plus haut de l'année. La proportion d'investisseurs jugeant les actions sous-valorisées est passée de 13% en juillet à 22 % ce mois-ci. Ils sont 41% à penser que les obligations sont surévaluées. «Les investisseurs semblent percevoir les turbulences actuelles comme un signal potentiel d'achat pour les actions. Ils n'ont pas jeté l'éponge», commente David Bowers, un consultant indépendant chargé du sondage. «Ils répugnent à tout pessimisme sur les actions car ils continuent de croire que l'économie mondiale peut se découpler des Etats-Unis», ajoute- t-il.
Toutefois, l'enquête de Merrill Lynch montre un certain fléchissement du moral des gestionnaires. Ceux-ci sont désormais plus nombreux à prédire que l'économie mondiale ralentira dans les douze prochains mois. Le pourcentage d'investisseurs de cet avis est passé de 5% en juillet à 26% ce mois-ci. Il en va de même pour la croissance des bénéfices des entreprises. Les gestionnaires sont 28%, contre 12% en juillet, à estimer que les bénéfices des sociétés ralentiront sur la période. Les espoirs d'une croissance des profits à deux chiffres se sont également contractés. Néanmoins, une très faible partie des gérants interrogés anticipe une récession d'ici un an.
Les Etats-Unis n'ont plus la cote
La crise du «subprime» (prêts hypothécaires à risque) aux Etats-Unis et ses conséquences sur le marché du crédit provoquent de vives inquiétudes chez les gestionnaires de fonds. Ils indiquent d'ailleurs avoir procédé à une réallocation de leurs actifs des actions US vers les titres émergents.
Ils justifient ce changement par une croissance des bénéfices de sociétés dans la région, l'amélioration de la qualité de leurs bénéfices et des valorisations plus attractives. Les pays émergents passent même devant l'Europe en termes de perspectives bénéficiaires.
Quant au Japon, il remonte légèrement dans l'estime des investisseurs.
D'une manière générale, 17% des fonds s'attendent à ce que les profits des sociétés soient bons cette année, contre 12% en juillet.
Au niveau de l'allocation géographique, l'Europe reste la grande favorite des gestionnaires, suivie par les marchés émergents. Les Etats-Unis restent boudés.
Le risque que représente une chute des marchés émergents pour les Bourses est, par ailleurs, minimisé dans un horizon à douze mois. Les gestionnaires jugent beaucoup plus préoccupante pour la stabilité financière la probabilité d'une hausse du taux de défaut. Les risques de contreparties sont également positionnés en bonne place dans les inquiétudes des gérants. Tout comme le risque d'un cycle économique plus volatil.
Un biais étonnamment cyclique
Les investisseurs continuent de privilégier les actions susceptibles de profiter du cycle économique, même s'ils se montrent plus prudents quant à la croissance.
La plupart des gestionnaires surpondèrent les valeurs technologiques, tout comme les matériaux, l'énergie et l'industrie.
En revanche, les turbulences du marché du crédit ont contraint les investisseurs à réduire leurs positions sur le secteur bancaire.
A noter, toutefois, que les gestionnaires de fonds européens ont réduit leurs positions dans les valeurs cycliques. «Les investisseurs en Europe maintiennent un biais cyclique, mais ont diminué leur pari sur le cycle économique», affirme Karen Olney, stratégiste chez Merrill Lynch.
«Au cours des derniers mois, ils ont commencé à revenir sur des valeurs plus défensives comme les pharmaceutiques et l'alimentation. Ce mouvement était attendu, vu la surpondération importante accordée à l'industrie», précise-t-elle.
J.N.