Hors du commun, exceptionnel, extraordinaire… Les agences immobilières ne sont en général pas avares de qualificatifs relevant du champ lexical du rêve pour décrire les biens qu’elles ont en portefeuille. Parfois, il faut reconnaître que cela reste… une question de point de vue. Mais les biens d’exception que nous avons découverts en accompagnant pendant une journée l’agent immobilier Marc Sorgeloose, fondateur de l’agence Archybald, spécialisée dans l’immobilier de prestige, sont simplement époustouflants. Bienvenue au royaume des superlatifs. Mais encore faut-il le trouver, car le vrai luxe sait rester discret.
Prenons cette demeure cachée dans un clos privatif proche de l’Abbaye de la Cambre, face aux Étangs d’Ixelles. Il s’agit d’un hôtel particulier de 1.200 m2 réalisé par l’architecte Adrien Blomme, entièrement rénové par son actuel propriétaire, un véritable esthète qui a poussé jusqu’à la quasi maniaquerie le souci du détail, du raffinement et du luxe. Passionné d’architecture d’intérieur et de décoration, il a imaginé les espaces, sélectionné minutieusement les marbres, dessiné les ferronneries, conçu les cuisines et les salles de bains, etc. En effet, chaque centimètre carré a été réalisé dans les matériaux les plus nobles et le souci du détail a été poussé à l’extrême jusque dans le moindre tiroir. Quand vous pensez avoir tout vu, après avoir visité les six suites, les fabuleuses pièces de réception, l’espace incroyablement lumineux du dernier étage, les deux cuisines, c’est le moment de prendre l’ascenseur pour descendre au sous-sol. Des caves? Non. Une piscine en marbre. Un sauna, un hammam, une salle de sport. Une huitième salle de douche. Et une cave à vin dans un écrin de verre et une cave à cigares. Effet "waouh" garanti.
Grandes fortunes belges
L'immobilier de luxe en Belgique
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La visite est terminée, et bien sûr, l’on ne peut s’empêcher de faire fonctionner une calculatrice imaginaire. Dans combien de millions d’euros nous sommes-nous baladés ce matin-là? Nous ne le saurons pas. Car dans le segment de l’ultra-luxe, le prix est souvent aussi discret que les adresses. "Ce bien partira dès que nous aurons reçu une offre qui me conviendra. Même s’il faut être patient, j’attends un prix qui ne tiendra pas compte de la valeur sentimentale que j’attache à cette maison", répond le propriétaire. Un indice? Gisèle Vanderveeren de Gimmo, l’agence immobilière en charge de la vente – sur ce genre de dossiers, les courtiers ont souvent intérêt à conjuguer leurs efforts — nous l’assure, "au mètre carré, on est bien moins chers qu’à Paris ou que chez nous, sur le piétonnier de Knokke-le-Zoute".
Cependant, l’immobilier d’exception est plus que tous les autres un marché d’acheteurs. Logiquement, plus le nombre d’acquéreurs potentiels est réduit, plus le pouvoir de négociation se déplace de leur côté. Mais ici, le propriétaire a tout le temps d’être patient. En réalité, il ne s’agit pas de son habitation familiale, mais d’un investissement-plaisir. Lorsqu’il l’a acquise, cette maison était livrée à l’abandon et pillée de tous ses éléments historiques. Il l’a rénovée en vingt mois avec passion et attend maintenant que le bon acheteur se présente. Effectivement, ce segment de marché très privilégié est cyclique et fluctue avec les rythmes géopolitiques qui nous gouvernent. "Une chose est certaine, c’est que les grandes fortunes internationales ou belgo-belges sont de plus en plus nombreuses. C’est donc bien naturellement vers ce genre de bien qu’elles vont se diriger très spontanément", souligne Marc Sorgeloose.
Au gré de notre balade, nous découvrons sur l’avenue Franklin Roosevelt, à deux pas de l’Université, une maison blanche aux lignes pures, elle aussi, simplement incroyable. Réalisée en 1928 par l’architecte moderniste Edouard Taelmans, qui reçut le Prix d’architecture Van de Ven en 1930, cette demeure de style Bauhaus, abîmée au cours du temps par ses différents occupants, a retrouvé toute sa splendeur entre les mains de l’architecte Bruno Erpicum et de son actuel propriétaire. Ce dernier, grand amateur et connaisseur d’art, a fait de cet endroit d’environ 800m2 un écrin immaculé de transparence et de lumière avec une vue exceptionnelle sur le Bois de la Cambre. Ici aussi, chaque pièce relève d’une insolente perfection. Trois salons, une cuisine donnant sur le jardin de ville de… 450m2, cinq chambres, six salles d’eau, une magnifique piscine intérieure creusée en sous-sol et agrémentée d’un puits de lumière naturelle, un ascenseur… Mais ici aussi, plus que de parler du prix, l’on préfère parler de la demande. "Le marché de l’immobilier de luxe reste une valeur sûre à Bruxelles. Il varie au gré des différentes vagues d’investisseurs mais, actuellement, ce sont les grandes familles belges qui se réapproprient ce secteur", commente Marc Sorgeloose.
Un marché raisonnable
Autre découverte surprenante, car invisible sauf par les airs, un manoir construit au début des années 1900 sur un terrain de près d’un hectare. Derrière une grille, au bout d’une longue allée que l’on parcourt en voiture, se trouve le Château Beauvoir. Particularité? Hormis la piscine intérieure/extérieure, les spacieuses réceptions, une splendide orangerie, les sept chambres, les six salles de bains, l’ascenseur, l’appartement de service, nous nous trouvons en réalité en plein Uccle à cinq minutes à pied du Vivier d’Oie. "Lorsque nous l’avons acheté, nous avons réalisé des travaux colossaux. La piscine elle seule a coûté quelque 400.000 euros… Il a fallu trois ans de travail de rénovation profonde, explique le propriétaire, un entrepreneur néerlandais. Mais aujourd’hui, les enfants sont grands et nous voulons retourner vivre aux Pays-Bas. Raison pour laquelle nous nous séparons de notre joyau. Vivre dans 1.100m2 à deux n’a pas vraiment de sens".
Si l’on parle bien évidemment de budgets de plusieurs millions d’euros, Marc Sorgeloose le confirme: "de manière générale, l’immobilier de luxe à Bruxelles reste infiniment raisonnable par rapport à d’autres capitales internationales. Sauf exception, on parle d’une fourchette située entre 5.000 et 10.000 euros le mètre carré. Or, chez nos voisins, l’immobilier très haut de gamme vaut le double, voire le triple! Sans parler de Londres, où l’on atteint à certains endroits 50.000 euros du mètre carré. Chez nous, il est proposé à une valeur de convenance, eu égard à des critères tels que l’environnement, le charme, le prestige, le raffinement, etc. Dans ces conditions, les budgets peuvent malgré tout s’envoler, même à Bruxelles!"