Vous étiez auparavant chimiste, vous êtes ensuite passée par l’enseignement avant la pharmacie. Qu’est-ce qui vous a poussée à changer de carrière?
Il n’y a pas eu vraiment de changement de carrière, je voulais faire la pharmacie depuis toujours mais, pour diverses raisons, à 17 ans, j’ai d’abord fait des études de chimie. J’ai fini mon cursus de quatre ans, et puis j’ai commencé l’enseignement car c’était le premier job qui s’est offert à moi. Après quelques années, je suis revenue à ce que je voulais faire, la pharmacie. Ce premier choix d’études, c’était donc plutôt par jeunesse et manque de maturité.
En tant que femme entrepreneur, avez-vous été confrontée à des défis particuliers?
Oui bien sûr, à l’époque et dès le lancement de ma société, j’ai dû faire ma place en tant que femme entrepreneur dans un monde professionnel majoritairement masculin pour les postes à responsabilités. En tant que femme, j’ai dû être persévérante pour rendre mon projet crédible auprès des banques et différents partenaires. Au niveau de l’entreprise, je travaille avec beaucoup de femmes. Je comprends les problèmes de mes collaboratrices par rapport à leur tiraillement entre vie professionnelle et vie privée, les enfants, etc., puisque j’ai moi-même connu ces problèmes en tant que femme.
En tant que pharmacienne, êtes-vous attentive aux coûts pour vos soins de santé?
Je suis consciente du coût que représentent les soins de santé, tant pour le patient que pour le système social des soins de santé. Je suis donc sensible au choix d’un générique par rapport à sa molécule originale.
Personnellement, je choisis le médecin que je souhaite consulter, qu’il soit conventionné ou non, l’hôpital où je souhaite aller, qu’il soit privé ou non. Je ne regarde donc pas au prix de la santé en ce qui me concerne, ni pour ma famille.
Quand on est entrepreneur, on ne pense pas à l’argent au départ. On se bat, mais pas pour ses revenus personnels, l’argent vient plus tard. On doit d’abord accepter de vivre de façon très calculée car on ne peut s’octroyer qu’une très petite rémunération, ce qui a été longtemps mon cas.
Qu’est-ce qui représente à vos yeux le luxe suprême?
Je n’ai pas de rêve de luxe, je vis assez simplement. Mon luxe, ce serait plutôt le temps car j’ai très peu de temps disponible pour moi. Je jongle par exemple avec le temps afin de trouver un moment pour aller chez le coiffeur… Sinon, mon rêve, ce serait d’acheter une maison au bord de la mer pour y accueillir mes enfants, petits-enfants et beaux-enfants.
Consultez-vous des professionnels pour la gestion de vos affaires?
Oui, je consulte régulièrement des banquiers, des fiscalistes ainsi que des conseillers en placement, bien que j’aie très peu de placements pour l’instant. J’ai toujours privilégié l’entreprise.
1987: "L’année de mon mariage. J’ai vécu un divorce douloureux, mais mon mariage a beaucoup compté."
Que pensez-vous du prix des médicaments actuellement?
Les médicaments ont un prix justifié par l’innovation et la recherche. Ces coûts très élevés pèsent évidemment sur notre système de soins de santé, contraignant l’assurance-maladie à ne plus rembourser certains traitements.
La politique des prix des médicaments n’est cependant pas la même partout en Europe et je pense qu’il faudrait une uniformité européenne à ce niveau. Étant donné la proximité des frontières en Belgique, le patient est facilement encouragé à les franchir afin de s’y procurer son traitement à meilleur prix.
En parallèle à la problématique du prix, la disponibilité des médicaments est un problème auquel nous devons faire face.
Le commerce sur internet est-il aussi une source de concurrence pour vous?
En effet et ça le sera davantage dans l’avenir, surtout pour la parapharmacie. Je pense par contre que nous gardons notre place comme pharmacien. Nous sommes les seuls prestataires de santé, directement disponibles sans prise de rendez-vous, dont le conseil est encore gratuit. Les patients continuent à venir spontanément vers nous et restent fidèles à leurs pharmaciens. Le conseil et le service, ça ne se remplace pas.