Il n’est pas vraiment du genre à vous laisser poser beaucoup de questions. Pourtant, quand vous passez une petite heure avec Jean-Philippe Imparato, le patron de Peugeot, vous ne perdez pas votre temps. Jamais avare en bons mots, l’homme avait pas mal de choses à nous dire en marge du Salon de l’auto de Bruxelles. Il anticipe ainsi une manière totalement différente de vendre des véhicules dans l’année qui vient alors que le mix énergétique des Peugeot va comme qui dirait bouger.
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"Tout va changer en 2019"
C’est devenu un discours récurrent dans l’industrie automobile: tout va changer. Sauf que Jean-Philippe Imparato prévient: les changements ne sont désormais plus pour dans "quelques années" mais pour 2019. D’ici 2020, les moyennes de CO2 des voitures vendues devront atteindre les 95 grammes par kilomètre pour chaque groupe automobile. Les implications sont grandes. Commercialement d’abord. Il y a des connaisseurs, notamment du marché fleet autour de la table.
On s’éclatera aussi à 49 grammes de CO2 par kilomètre.
Imparato sort les sigles d’initiés: "Tu passes du modèle MSRP, trading VO, discount, à TCO pour tout le monde!", s’emporte-t-il. En français dans le texte, cela veut dire qu’il est bientôt fini le temps où les voitures avaient un "prix catalogue" suggéré par le constructeur avec les remises qui se négociaient quasi toujours. Désormais, le modèle bien connu des gestionnaires de flottes en entreprise du "coût total de possession" d’un véhicule devra être la règle pour tous les vendeurs de voitures, assène le patron. Les concessionnaires et agents Peugeot ont donc "3 ou 4 mois pour changer leur façon de fonctionner. On peut être dépressifs ou le prendre positivement. Nous pensons que c’est une opportunité."
Vendre des prix par mois est très tendance dans plein d’autres services, et cela peut également s’imposer dans l’automobile. Le leasing pour particulier est, par exemple, une option pour y arriver.
Le coût total de possession sera peut-être également indispensable pour arriver à vendre des voitures avec des énergies alternatives comme les voitures électriques. Il s’agit de voitures plus chères à l’achat. Montrer que, dans leur utilisation, elles peuvent être compétitives prend en effet tout son sens. Pour ce prix d’utilisation par mois, les valeurs résiduelles des véhicules sont également très importantes. Plus elles sont hautes, moins le loyer du véhicule sera important.
Obsession de la valeur résiduelle
Cela tombe bien pour le boss de Peugeot. "J’ai une obsession de la valeur résiduelle. Ça vaut pour le thermique et l’électrique. Si nous n’avons pas l’obsession de la valeur résiduelle et de la protection de valeur dans le temps pour le client, on ne construit pas le futur", tranche Imparato. Pour que le client achète des produits chers, il faut en effet une certaine garantie sur la valeur que ces voitures auront dans le futur.
Dans cet esprit, le marché belge est un marché intéressant pour Peugeot. "Je rêve d’un mix de produits comme sur le marché belge pour Peugeot partout dans le monde. Faire une immatriculation de plus ne m’intéresse pas vraiment. Vendre un niveau 3 ou 4 de plus et mettre de belles voitures sur la route, c’est ça qui fait l’image et la valeur résiduelle dans le temps des voitures", indique-t-il.
Par contre, la Belgique a une faiblesse dans le véhicule d’occasion. Peugeot entend donc renforcer sa présence dans ce marché. Un gros défi pour le réseau Peugeot en Belgique qui n’est pas suffisamment fort selon Imparato dans ce domaine. "Le réseau doit progresser énormément en la matière", tranche le patron.
"On est prêts pour l’électrique"
Les changements législatifs européens sur la pollution des voitures restent le défi de tout un secteur. Mais Jean-Philippe Imparato est formel, techniquement, Peugeot est prête. "Le petit cap de dépollution de septembre, on l’a passé facilement. On n’a pas dû fermer d’usine, ni stocker des voitures immatriculées sur un aéroport (comme Volkswagen, NDLR). Quand tu as 200.000 voitures sur un aéroport, tu dois le louer, tu dois ensuite les bouffer commercialement, c’est un drame financier. Tu passes 4 mois après à vendre des voitures avec 0 kilomètre et tu tues tes valeurs résiduelles. C’est un boulot pourri", estime le patron.
Un gramme de CO2 de trop va coûter entre 300 et 400 millions d’euros. On préfère donner cet argent aux clients qu’à la Commission européenne.
Rien de tout ça chez la marque au lion. "Nous allons passer toutes les étapes de dépollution qui sont devant nous avec des stocks de maximum 1,3 à 1,6 mois. La technologie dans les voitures nous permet de passer ces étapes de manière sereine. On ne veut aucune rupture. Nous ne voulons pas payer un euro d’amende. Un gramme de CO2 de trop va coûter entre 300 et 400 millions d’euros. On préfère donner cet argent aux clients qu’à la Commission européenne. On sera prêts à traquer le quart de poil de CO2 dans n’importe quel point de vente avec un contrôle militaire du stock sur l’ensemble des territoires", enchaîne-t-il.
"Donnez-nous les prises"
Le patron de Peugeot insiste donc, pas de souci technique à l’arrivée de l’électrique dans l’automobile. Peugeot y répondra avec des plateformes multi-énergies et une capacité sur la même voiture de mettre les différents types de motorisations en fonction de la demande des marchés. Dès le salon de Genève, Peugeot proposera un stand 100% électrifié. Et il prévient que l’électrique sera fun. "On s’éclatera à 49 grammes par kilomètre."
On sera prêts à traquer le quart de poil de CO2 dans n’importe quel point de vente avec un contrôle militaire du stock sur l’ensemble des territoires
"La transition énergétique est derrière nous. On sera prêts pour les nouveaux objectifs définis par les dirigeants et on a été très attentifs aux positions des différents pays. Maintenant, j’attends les prises!, dit le patron. On ne peut pas juste donner un seuil et ne pas mettre en place les efforts nécessaires d’ordre public. Le sujet, ce n’est pas nos produits, ce sont les prises de recharge. Le mapping des ventes de véhicules électriques, c’est la campagne, car tu y as des maisons et des prises. Quand tu arrives en ville, on dit que l’on ne veut plus de voitures thermiques, mais il n’y a pas les prises, en particulier dans les parkings en sous-sol. À un moment donné, il faut aligner les planètes! C’est bien de fixer des seuils, mais il faut y aller. On va essayer de régler ce problème aussi, mais si on s’y mettait à plusieurs, ce ne serait pas mal!"
Quand tu arrives en ville, on dit que l’on ne veut plus de voitures thermiques, mais il n’y a pas les prises, en particulier dans les parkings en sous-sol. À un moment donné, il faut aligner les planètes!