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La criminalité financière, un fléau qui s'émancipe

La Cellule de Traitement des Informations Financières traque de plus en plus de fraudeurs.

(l'écho) - Monsieur Cap se rend auprès d'un bureau de change. Il est enregistré comme avocat résident en Belgique. Au guichet l'attend une enveloppe en provenance d'un pays d'Europe centrale. D'un client, déclare-t-il, à l'agent. En fait, ces fonds proviennent d'un certain M. Krop, qui les avait lui-même reçus depuis la Belgique d'un autre résident nommé Lino.

Ce sont ces transactions douteuses que traquent quotidiennement les bureaux de la Cellule de Traitement des Informations Financières.

En 2007, la CTIF a reçu 12 830 déclarations de soupçon. Près de la moitié d'entre elles provient des bureaux de change. L'autre moitié émane d'établissements de crédit, des casinos ou encore des notaires.

Le nombre de déclarations de soupçons est en augmentation de 30 % par rapport à 2006. Près de 5.000 dossiers ont été ouverts sur la base de ces déclarations et 1 166 d'entre eux ont été transmis aux parquets, soit 250 de plus qu'en 2006, près du double par rapport à 2005.

Quant à l'origine des déclarations où ont eu lieu les opérations douteuses, elles viennent pour moitié de Bruxelles (48,5 % des déclarations). Anvers, Gand et Bruges se partagent un petit tiers. La première ville wallonne est Liège (3,7 %) suivie de Charleroi (2,4 %).

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Système plus efficace


Voilà pour les chiffres. Derrière, la réalité financière est tempérée. Les montants relatifs aux dossiers transmis aux parquets ont diminué, tombant à près 50 millions d'euros en moyenne par dossier. C'est moins que les 87,7 millions d'euros de moyenne en 2006. « Peut-être est-ce parce que le système est plus efficace », analyse Jean-Claude Delepière, président du CTIF.

« Par exemple, on ne voit plus de carrousels TVA avec des montants astronomiques. On les prend à un stade beaucoup plus précoce ».

En outre, les banques bénéficient d'une nouvelle protection juridique depuis septembre 2007 qui, en échange, les oblige à communiquer immédiatement tout fait douteux. « Cela explique en partie la croissance des déclarations ».

Les professions non financières davantage visées


Pas de quoi pavoiser pour autant. La diminution des montants par délit illustre une autre réalité. « Elle est au préjudice d'autres pays comme les paradis fiscaux ».

De plus, « les blanchisseurs ont beaucoup d'atouts: les paiements électroniques, les déplacements libres des personnes au sein de l'Union européenne, internet, … »

En outre, les secteurs non financiers sont devenus des canaux fréquents de blanchiment. Une situation déjà mise en avant par le GAFI (Groupe d'Action financière), l'organisation intergouvernementale de lutte contre la criminalité financière. « Les fraudeurs utilisent le paravent des crédits développés par d'autres professions pour approcher moins directement le secteur financier, comme les experts comptables, les notaires, les avocats, les réviseurs d'entreprise, les courtiers en assurance etc… ».

Selon la CTIF, l'examen des dossiers transmis indique une utilisation fréquente des professions non financière lors d'opérations de blanchiment liées à des investissements immobiliers.

Mouvements trop rapides


Les chiffres mettent en évidence un autre type d'opération frauduleuse: le « money remittance ». Selon les termes de la CTIF, ces opérations consistent en des versements en espèces suivis de transferts réalisés par l'entremise de systèmes internationaux de remise de fonds. Ces services, principalement dispensés par des bureaux de change, permettent le transfert de fonds à destination et en provenance de l'étranger. Le nombre de dossiers révélant une fraude par « money remittance » a plus que doublé en 2007. Le cas de Monsieur Cap est repris dans cette catégorie. Le CTIF croit y déceler un trafic d'êtres humains. « Il y en a de plus en plus. Ces mouvements de fonds sont très rapides. En outre, ces personnes n'ont pas de résidence ou ont une résidence de façade. Il est très difficile de les détecter ».

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