Si vous hésitez à investir activement en bourse, les fonds indiciels cotés (ETF), également appelés trackers, sont une voie médiane intéressante.
Ces fonds vous permettent non seulement de réduire fortement les risques – ils investissent dans des centaines d'actions ou d'obligations de manière très diversifiée – mais également de le faire à moindre coût.
Le fonds ne retient en effet que des frais de gestion très limités dans la mesure où il suit passivement un indice. De plus, en passant par des courtiers belges ou étrangers pour acheter un tracker, vous pouvez minimiser les frais de transaction.
Restent deux obstacles de taille à surmonter: tout d'abord, l'investisseur particulier doit faire son choix parmi les 3.000 trackers proposés. Ensuite, il doit prévoir du temps pour le suivi et le rééquilibrage éventuel de leur portefeuille.
"Il y a des clients qui n'ont pas le temps, les connaissances, l'expérience et/ou la motivation pour investir eux-mêmes."
Un mandat de "gestion discrétionnaire"
Mais ces deux écueils ne sont pas irrémédiables, puisque vous pouvez confier votre épargne à un robot conseiller.
En réalité, le terme est un peu trompeur, car la plupart d'entre eux ne prodiguent aucun conseil, mais se chargent de construire et de gérer un portefeuille adapté à votre profil, dans le cadre de ce que l'on appelle un mandat de "gestion discrétionnaire".
Vous ne prenez donc aucune décision d'investissement. Tout ce que vous avez à faire, c'est remplir un questionnaire. Un portefeuille de trackers vous est ensuite proposé en fonction de votre profil de risque.
Bien que deux grandes banques, KBC et BNP Paribas Fortis, aient décidé de ne pas poursuivre ce service – leurs robots respectifs, Matti et Lucy, ont été désactivés (voir ci-dessous) –, l’intérêt des investisseurs n’a pas diminué pour autant.
"Au contraire, nous avons vu nos actifs sous gestion doubler au cours de l'année écoulée. Nous gérons aujourd'hui 165 millions d'euros pour 2.700 clients", souligne Easyvest, basée à Bruxelles. Cet opérateur de robots-conseillers ne s'estime pas en concurrence avec les courtiers qui ciblent, à coups de frais toujours plus bas, les investisseurs particuliers actifs.
"Pas de concurrence"
"Les différences entre la gestion discrétionnaire (le particulier confie son portefeuille à la banque ou au courtier) et l'exécution seule (le particulier passe lui-même les ordres) sont si importantes qu'elles ne sont pas concurrentes", explique MeDirect.
"Les clients qui doivent ajuster eux-mêmes leur portefeuille au fil du temps ont tendance à décrocher."
De son côté, Saxo souligne également que les deux services attirent des investisseurs différents. "Outre les investisseurs actifs, il y a aussi des clients qui n'ont pas le temps, les connaissances, l'expérience et/ou la motivation pour s'en charger eux-mêmes".
Keytrade, qui gère 300 millions d'euros avec Keyprivate, note que les clients qui doivent ajuster eux-mêmes leur portefeuille au fil du temps ont tendance à décrocher.
Si tous les robots-conseillers s’appuient sur les mêmes principes, on peut tout de même pointer certaines différences.
1/ Montant de départ
Pour la plupart des robots-investisseurs, la mise de départ est très abordable. Certains acteurs vous permettent de commencer avec quelques dizaines d'euros, tandis que d'autres exigent au moins 1.000 euros.
Chez Saxo Bank et Keytrade, les tickets d’entrée s’élèvent respectivement à 10.000 et 15.000 euros. Point positif, la plupart des robots-conseillers vous permettent de verser chaque mois de petites sommes.
2/ Nombre de profils
Après avoir répondu à quelques questions, le système de l'opérateur établit votre profil d'investisseur. À chaque profil correspond un portefeuille. La plupart des opérateurs n'ont conçu qu'un nombre limité de profils types, allant de très défensif à très dynamique.
Birdee va cependant jusqu'à 14 portefeuilles, car vous pouvez aussi ajouter, par exemple, un thème spécifique (biotechnologie, immobilier…).
Saxo Bank (Laten Beleggen) vous offre la possibilité, selon vos réponses au questionnaire, de composer un portefeuille très personnalisé, avec ou sans "suivi du capital". Chez Easyvest, vous pouvez, si vous le souhaitez, obtenir un entretien avec un conseiller au sujet du portefeuille qui vous est attribué.
L'intérêt des portefeuilles adaptés à un profil de risque est que leur structure ne change pas, même après une forte hausse des marchés boursiers, par exemple. Voilà pourquoi tous les acteurs les rééquilibrent régulièrement. Pour certains, cela se fait automatiquement chaque mois, pour d'autres, cela se limite à deux fois par an.
D'autres encore procèdent à un rééquilibrage en cas de mouvements importants sur les marchés.
3/ Trackers sous-jacents
La plupart des robot-conseillers ne constituent des portefeuilles qu'avec des trackers proposés par une variété de fournisseurs, comme BlackRock (iShares), DWS (Xtrackers) et Amundi (Lyxor), par exemple.
Le nombre de trackers par portefeuille varie en fonction de l'opérateur et du portefeuille, mais se situe en général entre 2 et 20. Chez Easyvest, il n'y a que deux trackers : un tracker d'actions mondiales et un tracker d'obligations d'État européennes.
Les pondérations des trackers varient selon le profil de l'investisseur. "Nous choisissons le moins de trackers possible afin de minimiser les coûts de transaction et les taxes et d'offrir un portefeuille transparent", dit-on.
Généralement, les trackers sous-jacents des portefeuilles restent les mêmes pendant toute la durée, mais certains robots-conseillers pratiquent la gestion active.
"En principe, tous nos portefeuilles contiennent deux trackers actions, un tracker obligations et un tracker matières premières. Mais il peut arriver temporairement que trois trackers actions s'y retrouvent. C'est le cas aujourd'hui, notamment parce que notre comité d'investissement estime que les small caps européennes vont profiter de la reprise économique", explique Keytrade.
4/ Frais
Si les portefeuilles peuvent être constitués de trackers, ces derniers impliquent tout de même des frais – entre 0,09% et 0,65% par an – qui passent quelque peu inaperçus puisqu'ils sont intégrés dans leurs cours quotidiens.
Vous payez également des frais de gestion au robot conseiller, qui sont retenus régulièrement dans votre portefeuille. Pour des montants limités, les frais de gestion varient entre 0,80 et 1% par an.
Pour des montants plus importants, certains acteurs imputent des frais moins élevés. Les frais de gestion comprennent tous les coûts de transaction. Il n'y a donc pas de frais supplémentaires pour l'achat ou la vente des trackers sous-jacents, ni pour le rééquilibrage périodique des portefeuilles.
Seules les taxes ne sont pas incluses.
5/ Compte belge
Un autre élément important est le lieu d’ouverture du compte. Chez Birdee – qui compte 10.000 clients belges et français – et chez Curvo, il s’agit d’un compte étranger, dont vous devrez déclarer l’existence dans votre déclaration fiscale.
Vous devez par ailleurs le déclarer au point de contact central de la Banque nationale.
En avril, KBC a annoncé renoncer à son robot d’investissement, Matti. Les clients ont désormais trois possibilités. Ils peuvent vendre leur portefeuille, le transférer à Bolero (une bourse en ligne belge opérée en temps réel) et gérer eux-mêmes les trackers ou encore, passer à Kate, l’assistant numérique de KBC, qui propose un portefeuille de fonds.
BNP Paribas Fortis avait également retiré son robot d'investissement Lucy, tandis que Belfius avait cessé de commercialiser un fonds (Belfius Global Track) qui investit exclusivement dans les trackers.
Parmi les grandes banques, seule ING propose encore un portefeuille de trackers, à travers un fonds (ING Index Portfolio Fund) pour trois profils de risque.
ING n'a pas l'intention de retirer ce fonds de son offre. "Nous proposons le fonds à la fois par l'intermédiaire de la banque et par le biais de l'assurance (branche 23). Globalement, le fonds gère 425 millions d'euros."