Il y a tout juste un an, Axel K. payait un acompte de 156 euros pour sa facture d'énergie. Entre-temps, les prix du gaz et de l'électricité ont commencé à grimper, ce qui ne pardonne pas pour ceux qui disposaient déjà d'un contrat variable à ce moment-là. Résultat, lorsqu'il a reçu sa facture de régularisation au mois de septembre, il a été prié de payer un supplément de 560 euros. Et comme une mauvaise nouvelle n'arrive jamais seule, son fournisseur lui a également indiqué que son acompte mensuel passerait désormais à 268 euros, soit 112 euros de plus par mois.
Depuis lors, les prix n'ont cessé de flamber. Malgré la réduction de TVA mise en place par le gouvernement pour alléger la facture d'énergie des ménages, celle-ci a atteint un nouveau record en avril. Et les conséquences n'ont dès lors pas tardé: plusieurs fournisseurs ont pris contact avec leurs clients pour leur signifier qu'il fallait à nouveau envisager une hausse de leur acompte mensuel pour amortir le choc.
D'ailleurs, mercredi dernier, le fournisseur d'Axel K. lui a proposé de passer à un acompte de 471 euros, soit 315 euros de plus par rapport à l'acompte payé il y a tout juste un an.
"Il faudra bien faire face, moins consommer et rogner sur le reste."
"Et selon la simulation d'Engie, pour éviter une nouvelle régularisation en septembre 2022, il faudrait que je verse désormais 770 euros d'acompte mensuel, si la situation n'évolue pas dans le mauvais sens", explique-t-il. Soit 614 euros de plus par mois! "Il faudra bien faire face, moins consommer et rogner sur le reste."
Axel K. est loin d'être un cas isolé. D'après une étude publiée début avril par ING, près de trois quarts des Belges (73%) déclarent ressentir la hausse des prix de l'énergie dans les dépenses liées au logement. "Face à la hausse des prix, plus de la moitié des Belges (51%) indiquent avoir réduit le chauffage dans leur habitation", précise la banque.
De son côté, Ludovic C. est, lui, passé de 180 à 398 euros/mois au mois de mars, tandis que sa facture de régularisation s'élevait à 1.750 euros. Dans l'hypothèse où il a demandé un étalement de paiement sur une durée de 12 mois, ce consommateur doit depuis lors dégager chaque mois 364 euros supplémentaires pour honorer ses factures d'énergie. "Désormais, le 10, c'est déjà la fin du mois."
"Désormais, le 10, c'est déjà la fin du mois."
Bref, d'après les nombreux autres témoignages reçus, cette situation devient déjà "ingérable" financièrement pour de nombreux ménages. Et pour tenter de la gérer tant bien que mal, les Belges tentent de s'adapter. "Ils sont en train de réduire leurs dépenses dans toutes les catégories de biens, ce qui risque de conduire à un ralentissement marqué de l'économie belge", indique Charlotte de Montpellier, économiste chez ING.
De fait, certains ménages - qui n'ont jamais eu de soucis financiers particuliers jusqu'à aujourd'hui - ont confié qu'ils n'avaient dorénavant plus les moyens de partir en vacances, qu'ils ne s'autorisaient même plus un loisir comme un cinéma ou un restaurant, histoire d'avoir de quoi honorer leurs futures factures d'énergie.
Investissements
En revanche, d'autres ménages se sont déjà directement attaqués à la source du problème comme Pascal C. "Je paie un acompte de 260 euros/mois. Mais lors du renouvellement de mon contrat qui aura lieu fin juin, Engie m'a déjà averti que mes acomptes passeront à 570 euros. Cependant, mes panneaux photovoltaïques et ma pompe à chaleur devraient être placés à ce moment-là."
Vu sous cet angle, Pascal C. pourra sans doute demander à son fournisseur d'énergie de payer un acompte inférieur aux 260 euros/mois payés jusqu'ici.
"Ma facture de gaz sera donc essentiellement destinée à faire chauffer l'eau de ma douche."
Même topo pour Barbara V. "Mon contrat fixe vient de prendre fin. Je dois passer en variable, un changement qui est censé faire passer mon acompte mensuel de 144 euros à 450 euros. Mais je vais m'y opposer, car le mois passé, mes panneaux photovoltaïques ont été installés et d'ici quelques semaines, mon poêle à pellets sera lui aussi livré. Ma facture de gaz sera donc essentiellement destinée à faire chauffer l'eau de ma douche."
Mobiliser son épargne
L'histoire ne dit pas si Pascal et Barbara ont contracté un emprunt pour leurs différents investissements économiseurs d'énergie ou s'ils ont fait appel à leur épargne.
Investir une partie de vos économies dans l'amélioration de la performance énergétique de votre bien vous rapportera bien plus que votre épargne.
Mais si tel est le cas, ce n'est pas du tout un mauvais choix, car investir une partie de vos économies dans l'amélioration de la performance énergétique de votre bien vous rapportera bien plus que votre épargne, vu son rendement quasi nul.
Pire, chaque jour qui passe, vous perdez en pouvoir d'achat étant donné que l’argent placé sur votre compte d’épargne ne permet pas de contrebalancer les effets négatifs de l’inflation (qui a atteint 8,31% en avril).
En effet, selon les cas, les investissements économiseurs d'énergie permettent de payer un acompte inférieur à celui payé avant l'explosion des prix de l'énergie et donc de réduire drastiquement la part de votre budget consacrée à l'énergie. Mais surtout ils apportent une plus-value non négligeable à votre bien (dans l'hypothèse où vous le revendrez un jour).
Prêt bancaire
Autrement dit, si vous n'avez pas d'épargne, il pourrait être financièrement intéressant de contracter un prêt pour, vous aussi, investir le plus rapidement possible dans ces fameux travaux économiseurs d'énergie.
D'après un petit coup de sonde effectué auprès des quelques banques belges, les mensualités payées pour rembourser un tel prêt oscillent entre 206 et 342 euros par mois.
Si vous devez vraiment vous serrer la ceinture pour faire face à cette crise, autant le faire pour être libéré tout de suite de cette contrainte énergétique.
Des montants qui correspondent aux augmentations mensuelles de la facture d'énergie de nombreux ménages belges, soit de l'argent qui sera définitivement perdu, au contraire d'un investissement.
Si vous devez vraiment vous serrer la ceinture pour faire face à cette crise, autant le faire pour être libéré tout de suite de cette contrainte énergétique. Vous serez immédiatement gagnant, même si le remboursement de votre prêt prendra quelques années.
Plusieurs ménages ont d'ailleurs déjà bien compris l'opportunité d'entreprendre des investissements économiseurs d'énergie. D'après les statistiques de la Banque nationale de Belgique, il y a une augmentation des demandes pour des prêts bancaires destinés à la rénovation ou pour des prêts destinés à réaliser des travaux économiseurs d'énergie (aussi appelés crédit énergie, crédit rénovation vert ou prêt vert).
"Le nombre de demandes de prêts verts pour la période qui va de février à avril est supérieur de 74% par rapport à la même période l'an dernier", indique Thierry Martiny, le porte-parole de Belfius. Même son de cloche chez BNP Paribas Fortis qui indique constater une accélération de la demande. "Pour les prêts énergie, le volume a augmenté de 25% entre 2021 et 2022", note Valéry Halloy, son porte-parole.
Un tel mouvement avait déjà eu lieu à la suite du premier confinement. Comme de nombreux ménages effectuaient moins de dépenses (et qu'ils ne pouvaient de toute façon pas partir en vacances), ils ont profité de l'occasion pour améliorer le confort de leur bien, notamment à l'aide d'un prêt rénovation ou vert. "Actuellement, vu l'augmentation du nombre de dossiers, on peut clairement parler d'une deuxième vague", selon Leo De Roeck, le porte-parole de Crelan.
En moyenne, dans le cadre d'un prêt vert, les Belges empruntent à leur banque un montant qui oscille entre 12.000 et 14.000 euros. La durée de remboursement varie entre 55 et 72 mois (soit entre 4,5 et 6 ans).
Par exemple, celui qui emprunte 13.000 euros chez KBC (au taux de 1,59%) remboursera l'équivalent de 245 euros pendant 55 mois. "En d'autres termes, le montant mensuel à payer est inférieur à la facture énergétique plus élevée qui peut atteindre parfois jusqu'à 500 euros de plus par mois selon nos informations", explique Pieter Kussé, son porte-parole.
Fabien Tyteca, son homologue chez CBC tient toutefois à préciser qu'actuellement, les délais sont de plus en plus importants pour la livraison de panneaux photovoltaïques par exemple ou pour la réalisation de travaux d'isolation. "Donc emprunter pour, au bout du compte, diminuer ses factures énergétiques est une bonne idée, mais il faut tenir compte de ce délai avant d'avoir un impact positif sur sa facture énergétique."
Aides régionales
Ne perdez pas de vue qu'il existe aussi des primes au niveau régional pour vous aider à réaliser vos travaux économiseurs d'énergie.
Enfin, si vos moyens sont relativement limités pour mettre en œuvre la transition énergétique de votre bien, les Régions peuvent également mettre à votre disposition un prêt à des taux inférieurs à ceux proposés par les banques. Dans le meilleur des cas, ce sera même du 0%.
Vous pouvez aussi financer vos investissements verts via un nouveau crédit hypothécaire ou, encore mieux, via une reprise d’encours sur votre crédit actuel. Dans ce cas, vous réempruntez à la banque une partie de ce que vous lui avez déjà remboursé, mais à un taux conforme à celui du marché actuel.
Nouvel emprunt ou reprise d’encours, ces deux options sont en principe plus avantageuses qu’un prêt à tempérament "vert" dans le cas où vous avez un gros montant à emprunter.
De fait, la durée d’un crédit hypothécaire est bien plus longue que celle d’un prêt rénovation, ce qui permet de réduire votre mensualité. "Pour des montants de crédit plus importants, un prêt hypothécaire est généralement mieux adapté qu'un prêt à la consommation, car il est possible d'emprunter sur une plus longue durée et à un taux d'intérêt généralement plus faible", explique en effet Thierry Martiny, de Belfius.
En ce qui concerne les taux, "le crédit hypothécaire peut également être intéressant lorsque le client veut opter pour un taux variable, qui devient à nouveau plus intéressant", affirme Inge Everaert, de Beobank.
Par ailleurs, un crédit hypothécaire génère des frais importants (frais de dossier, frais de notaire et frais d’inscription hypothécaire), c’est pourquoi il se justifie davantage pour des montants d’emprunt élevés. Toutefois, la reprise d’encours, elle, "ne génère pas de frais d’hypothèque", précise Valéry Halloy de BNPP Fortis. En revanche, il y a des frais de dossier.
Nos réponses à 50 questions essentielles sur l'énergie
Facture et fournisseur
1. Quelles sont les composantes du prix de l'énergie?
2. Pourquoi n’est-il plus possible de souscrire à un contrat fixe?
3. Avez-vous intérêt à changer de fournisseur d'énergie actuellement?
4. Quel sera le tarif de votre contrat d’énergie renouvelé?
5. À quoi correspond la redevance des fournisseurs d'énergie?
6. Vous changez de contrat chez un même fournisseur d'énergie: quand entrera-t-il en application?
7. À quelle fréquence le tarif d’un contrat variable est-il adapté?
8. Comment votre fournisseur d’énergie connaît-il votre consommation?
9. Votre fournisseur d'énergie peut-il vous imposer une augmentation de la facture d'acompte?
10. Facture d'énergie: qui peut prétendre au tarif social et est-ce intéressant?
11. Quelle est la fiabilité des comparateurs de fournisseurs d'énergie?
12. Comment la baisse de la TVA sur le gaz et l’électricité est-elle appliquée?
13. Un achat groupé d'énergie est-il intéressant?
14. Quid si mon fournisseur d'énergie fait faillite?
15. À quoi correspond le tarif capacitaire pour l'énergie en Flandre?
16. Quelles solutions si vous êtes en difficulté de paiement pour votre facture d'énergie?
17. Votre fournisseur peut-il couper l’approvisionnement d'énergie en cas de retard de paiement?
18. Pouvez-vous conserver votre contrat d’énergie en cas de déménagement?
19. Comment réduire votre consommation de chauffage?
20. Comment réduire sa facture d’énergie en copropriété?
Chaudières
21. Quelles sont les alternatives à la chaudière au gaz et au mazout?
22. Le bois est-il une alternative crédible au gaz et au mazout?
23. Qui a droit au chèque mazout?
24. Comment neutraliser une cuve à mazout, et à quel prix?
Panneaux photovoltaïques
25. Investir dans les panneaux photovoltaïques est-il toujours intéressant?
26. Y-a-t-il encore des primes à l’investissement pour les panneaux photovoltaïques?
27. Êtes-vous payé pour l’électricité injectée sur le réseau?
28. Quand faut-il changer de compteur électrique?
29. Énergie: puis-je refuser un compteur intelligent?
30. Panneaux photovoltaïques: est-il intéressant d’investir dans une batterie?
31. Panneaux photovoltaïques en Flandre: à combien s’élève la prime destinée à une batterie?
32. Vous avez déjà des panneaux photovoltaïques: est-il intéressant d’en installer plus?
33. Pouvez-vous installer des panneaux photovoltaïques en tant que locataire?
34. Quid si vous louez un bien équipé de panneaux photovoltaïques?
35. Une éolienne domestique, c’est sérieux?
Pompe à chaleur
36. Quels sont les différents types de pompe à chaleur?
37. Une pompe à chaleur est-elle rentable?
38. Une pompe à chaleur fait-elle du bruit?
39. Devez-vous d’office installer un chauffage par le sol?
Rénovation
40. Quelles rénovations peuvent contribuer à faire baisser votre facture d’énergie?
41. Vos travaux de rénovation seront-ils rentables?
42. Rénovation: quelles sont les exigences des Régions en matière de performance énergétique?
43. Rénovation: quelles sont les primes offertes par les différentes Régions?
44. Pouvez-vous bénéficier d’un prêt à taux zéro pour votre rénovation?
45. Rénovation: pouvez-vous bénéficier d’un prêt vert, et à quel tarif?
Borne de recharge
46. Une voiture électrique est-elle plus chère qu’une voiture thermique?
47. Comment profiter de la réduction d’impôt pour borne électrique?
48. Comment faire si vous n’avez pas d’emplacement pour une borne?
49. Comment installer une borne de recharge en copropriété?
50. Que devient votre borne de recharge si vous changez d’emploi?