Les ménages belges ont pu épargner beaucoup plus au cours du premier trimestre de l’année, relève la Banque nationale de Belgique (BNB). Ils ont pu économiser pas moins de 19,1% de leurs revenus. Soit nettement plus qu’au dernier trimestre de 2019, lorsque le taux d’épargne s’élevait à 12,7%. Il s’agit même d’un record, pointe la BNB. L’encours des comptes d’épargne s’élève, lui, à 291,6 milliards d'euros.
Ce record d’épargne s’explique par un recul des dépenses de consommation, qui ont diminué de 6% au premier trimestre, notamment suite au confinement lié à la crise du coronavirus. "Le confinement a permis aux consommateurs de dépenser moins d'argent pour, par exemple, des voyages et de nombreuses familles ont pu épargner plus que d'habitude", explique Geert Sciot, porte-parole de la BNB.
D'après des chiffres plus récents, le taux d'épargne a également augmenté de manière significative ces dernières semaines, c’est-à-dire depuis les premières phases de déconfinement. "Nous nous attendons à ce que les Belges économisent beaucoup plus cette année que les années précédentes et c'est une bonne chose", ajoute Geert Sciot.
"Nous nous attendons à ce que les Belges économisent beaucoup plus cette année que les années précédentes."
Si les Belges ont été en quelque sorte forcés à épargner plus, cette tendance va-t-elle s’inscrire dans la durée? Cela reste à voir. Mais pour les personnes concernées, faut-il encore savoir comment placer cet argent et comment définir un plan pour son épargne?
Déterminer un plan d’épargne
Avant de définir votre plan, il faut établir votre budget sur une année complète pour déterminer exactement votre capacité d’épargne. "On prend d’un côté toutes les sources de revenus brutes et de l’autre côté on fait l’inventaire des dépenses", explique Nicolas Cellières, conseiller en planification financière et gestion de patrimoine chez Optivy. On distingue trois types de dépenses: les dépenses obligatoires (impôts directs et indirects, engagements financiers comme les crédits…), les dépenses courantes (factures d’eau, d’électricité, courses alimentaires, frais scolaires, de consommation…) et les dépenses discrétionnaires. "Dans cette catégorie de dépenses, on retrouve les plans d’épargne à long terme (assurance-vie, PLCI, épargne-pension)", détaille Nicolas Cellières.
Une fois ce tableau revenus/dépenses effectué, vous connaîtrez votre capacité d’épargne et pourrez vous décider sur la manière de la répartir en fonction de vos objectifs. Votre plan d’épargne variera justement selon ces objectifs et besoins qui vous sont propres. "On peut avoir des objectifs à court, moyen ou long terme, et selon ceux-ci on oriente son épargne différemment. Il n’y a pas de formule toute faite ou un trajet pour Mr et Mme Tout-le-Monde qui garantit une réussite absolue. C’est très personnel", souligne le planificateur financier.
Comment placer ses économies?
- Court terme
Si vous avez besoin de cet argent dans un temps relativement court, entre quelques mois et quelques années, que ce soit pour financer un projet ou certaines dépenses, alors l’option la plus adaptée reste le compte d’épargne classique. Il s’agit en effet du produit d’épargne le plus flexible, car en principe, vous pouvez retirer votre argent à tout moment sans frais. Il ne faut toutefois pas espérer obtenir quelconque rendement, puisque la plupart des comptes d’épargne réglementés sont assortis d’un taux minimum légal de 0,11%, soit bien en deçà du taux d’inflation de 2%, ce qui vous fait perdre en pouvoir d’achat. "Le plus gros risque pour l’épargnant dans les prochaines années est l’inflation. Celui qui n’ose pas investir continuera à voir son capital rongé", appuie Corentin Minne, planificateur financier chez Pareto.
"Le plus gros risque pour l’épargnant dans les prochaines années est l’inflation."
2. Moyen terme
Si vous pouvez épargner et conserver cette épargne durant un laps de temps moyen, soit environ 10 ans, il existe différents produits qui peuvent correspondre à vos attentes: le compte à terme ou encore la branche 21.
Compte à terme : votre épargne est bloquée pour un terme déterminé, ce qui veut dire que votre argent n’est pas disponible pendant toute une durée que vous aurez vous-même choisie au moment d’ouvrir ce compte à terme. Le taux d’intérêt fixé à l’ouverture d’un compte à terme reste constant jusqu’à l’échéance finale ou bien progressif dans certains cas. Le montant du compte est libéré à l’échéance, tandis que le versement des intérêts peut être réalisé à moments fixes, périodiquement ou à l'échéance. En échange de bloquer votre argent pour une relativement longue durée (entre 1 mois et 10 ans), la banque rémunère votre épargne avec un taux légèrement plus élevé que celui d'un compte d'épargne. Mais vu la faiblesse des taux, ce type de placement ne rapporte que très peu de rendement actuellement.
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Branche 21 : la branche 21 permet de bénéficier d’un régime fiscal favorable si vous gardez votre placement au moins 8 ans. Dans ce cas, ces assurances-vie ne sont alors pas soumises au précompte mobilier. Si vous y mettez un terme avant et que vous reprenez votre capital plus tôt que prévu, vous payez alors un précompte mobilier calculé sur un rendement fictif de 4,75%. Les primes versées dans votre police sont déductibles, soit dans le cadre de l’épargne pension, soit dans le cadre de l’épargne à long terme, mais, dans ce cas, le contrat doit avoir une durée minimale de 10 ans.
3. Long terme
Dans le cas où vous n’avez pas besoin de votre épargne durant un long laps de temps, c’est-à-dire 10 ans voire bien plus, vous avez plusieurs options pour placer vos économies. "Avec pour objectif la pension, on peut voir cela sur le long terme et prendre un risque plus élevé, puisqu'on dispose de plus de temps", explique Nicolas Cellières, qui détaille: "On revient toujours aux fondamentaux, c’est-à-dire au couple risque-rendement, que ce soit pour l’investisseur comme l’épargnant. Plus vous prenez des risques, plus vous avez la possibilité d’obtenir un rendement supérieur. À ce couple on ajoute la dimension temporelle: plus vous avez du temps devant vous, plus vous pouvez vous permettre de prendre des risques et, a priori, obtenir un meilleur rendement." Il existe donc différentes manières d’obtenir du rendement.
"Plus vous avez du temps devant vous, plus vous pouvez vous permettre de prendre des risques et, a priori, obtenir un meilleur rendement."
Niches fiscales: ces produits d’épargne peuvent, selon les formules choisies, vous permettre d’obtenir un petit rendement, notamment grâce aux avantages fiscaux qu’ils procurent. On pense par exemple à l’épargne-pension, l’assurance-vie individuelle, la PLCI, l’EIP ou encore la CPTI pour les indépendants. "Mais il faut vous renseigner afin de savoir dans quel fonds de placement vous déposez votre argent. C’est sans garantie sur le futur, mais si cela fait 20 ans qu’un fonds fait mieux que les autres, cela est de bon augure pour la suite. Il faut aussi faire attention aux frais d’entrée. Veillez donc à bien vous renseigner, à effectuer un petit travail personnel d’analyse des différentes niches fiscales existantes et à les comparer", conseille Corentin Minne.
Immobilier: une autre option, si vous avez déjà en portefeuille des niches fiscales ou bien si vous souhaitez vous tourner vers autre chose, reste l’immobilier. "Il s’agit d’un actif réel, dont le rendement à long terme est plus élevé que celui d’un compte d’épargne qui, lui, est rongé par l’inflation. Avec des taux extrêmement bas et un horizon long terme, on ne fait pas d’erreur en se tournant vers l’immobilier aujourd’hui", estime le planificateur financier de Pareto, qui rappelle toutefois qu’il faut bien étudier le dossier, sa capacité d’emprunt, mais aussi le type de bien choisi, etc.
"Avec des taux extrêmement bas et un horizon long terme, on ne fait pas d’erreur en se tournant vers l’immobilier aujourd’hui."
Fonds diversifiés: de plus en plus souvent, banquiers comme conseillers parlent des fonds comme étant une nouvelle forme d’épargne, puisque les livrets classiques ne rapportent vraiment plus rien depuis de nombreuses années, et que leur avenir ne risque pas d’être meilleur dans l’immédiat. Les fonds diversifiés en actions et défensifs peuvent, en effet, constituer une forme de placement très peu risqué pour l’épargnant qui veut "dormir sur ses deux oreilles". "Bien sûr, il faut le faire en respectant certains principes: rentrée progressive sur le marché, diversification et prudence", rappelle Corentin Minne.
Il conclut: "De manière générale, pensez à diversifier votre épargne et à planifier, via des mensualités, via des versements: remboursement d’un emprunt, placer tous les mois X euros dans votre niche fiscale et X euros dans des fonds. En ne mettant pas tous les œufs dans le même panier, cela permet de limiter le risque."
Une tendance relevée par les deux planificateurs financiers est une demande croissante des épargnants pour des fonds respectant les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance). "La demande de l’épargnant est assez prononcée vers cette notion, encore plus depuis le confinement", souligne le fondateur d’Optivy. L’offre pour ce type de fonds intégrant ces normes se développe de plus en plus ces dernières années, puisque la demande est accrue, et ce également pour les contrats comme les EIP pour indépendants. "Lors du confinement et de la chute des marchés en mars, nous avons constaté que les fonds qui avaient intégré des critères ESG avaient globalement mieux résisté à la chute que les autres pour des catégories de risques similaires", indique Nicolas Cellières.
Comment placer vos économies? Où seront-elles en sécurité? Quel rendement pouvez-vous espérer? Un fonds d'investissement est-il un placement sûr? Toutes les réponses aux questions que vous vous posez sur votre épargne se trouvent sur Mon Argent. Avec en prime, des analyses qui vous permettent de faire les meilleurs choix pour vos finances personnelles.