Un tiers des bailleurs privés bruxellois voudraient vendre leur bien dans les trois ans, révèle une étude récente de KBC. Derrière ces chiffres interpellants, on retrouve une réalité qui n’est pas neuve.
En 2023 déjà, je me souviens de cet appel de mon père pour me faire part de son intention de vendre son bien d’investissement situé à Uccle. Un studio neuf auréolé d’un PEB B. Il n’avait pourtant jamais subi d’impayé, de vide locatif ou de dégâts.
Plus facile
Mais alors pourquoi? "Je préfère investir cet argent autrement", me confie-t-il, alors qu’il a l’intention d’améliorer l’isolation de sa propre maison et de diversifier son portefeuille: fonds, actions, obligations, comptes à terme… "C’est plus facile et cela demande moins de gestion", justifie-t-il. Sa décision était prise. L’acte de vente a été signé quelques mois plus tard.
"D’ici à 2050, et les échéances en termes de rénovation énergétique, il peut s’en passer des choses"
Il ne s’est pas arrêté là. Au printemps dernier, il songe à vendre son deuxième studio, situé à Ixelles, au cœur du quartier étudiant, entre deux campus de l’ULB. Un PEB E qu’il n’a "pas envie de rénover". "D’ici à 2050, et les échéances en termes de rénovation énergétique, il peut s’en passer des choses", fait-il valoir. "Mais tu auras planifié ta succession et tu n’auras plus à t’en soucier", ai-je tenté de le rassurer. La localisation et la liquidité de cet investissement réalisé dans les années 2010 auraient pu ou dû le freiner. Mais sa décision était prise. L’acte a été signé en septembre.
Mon père n’a jamais indexé ses locataires. Durant la crise sanitaire, il a même accepté de baisser le loyer d’un locataire qui faisait face à des difficultés financières. Ses studios étaient pimpants, bien entretenus et il répondait toujours présent en cas de besoin ou de pépin. "J’ai de bons locataires, je préfère les garder plutôt qu’indexer et obtenir un rendement plus élevé." Tel était son raisonnement.
Je ne suis probablement pas tout à fait objective, mais je suis convaincue que c’est de ce genre de bailleur dont ont besoin les locataires et le marché locatif, actuellement soumis à de fortes pressions. Bruxelles, encore plus que les autres Régions, doit les soutenir et en capter de nouveaux. Comment? Les pistes sont nombreuses: conventionnement, soutien supplémentaire aux agences immobilières sociales, incitants fiscaux, primes mieux ciblées… À nos gouvernements d’être créatifs.
Disponible ce samedi 22 février en supplément de L'Echo
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