Cette année, c’est pas moins de 5.000 piscines creusées qui seront construites en Belgique, chiffre le Groupement des entreprises générales de construction de piscines, soit 1.000 de plus qu’en 2020 (4.050) et 2.000 de plus qu’en 2019 (3.050). La crise sanitaire a donné envie de "vacances à domicile" et a poussé certains Belges à s’offrir un point d’eau dans leur jardin. Le secteur croule sous la demande, qui ne cesse d’augmenter d’année en année. Il est aujourd’hui mission impossible de trouver encore un pisciniste qui pourra en creuser une cet été. Alors comment se rafraîchir, quelles sont les autres options à la piscine classique?
1. Les piscines naturelles
Non loin de la piscine classique, il existe les piscines naturelles, appelées aussi étangs de nage. Au lieu d’un traitement chimique à base de chlore, l’eau y est "naturellement" filtrée à l’aide de plantes. Concrètement, la piscine est scindée en deux parties: une zone pour se baigner et une zone de filtration composée de plantes filtrantes. L’eau transite alors d’un bassin à l’autre, il s’agit du système de "lagunage".
"Le coût d’achat et d’entretien d’une piscine naturelle est plus élevé qu’une piscine classique."
"Le coût d’achat et d’entretien d’une piscine naturelle est plus élevé qu’une piscine classique", prévient Charles-Henri Herbay, CEO d’Aquatic Design. "Cela s’explique par une gestion de l’eau plus compliquée, le fait de faire appel à des architectes paysagistes pour la création de la piscine, le lagunage, l’épuration, qui nécessitent un deuxième ou plus grand bassin, et donc des mètres carrés supplémentaires, l’installation des plantes, etc. Traiter une piscine avec la chimie, c’est facile, le faire avec la biologie est plus difficile", rappelle-t-il.
Il faut en effet entretenir les plantes, ce qui nécessite une intervention supplémentaire pour les couper à l’automne et ne surtout pas les laisser tomber durant l’hiver. "La plante sert à sortir de l’eau toutes les matières excédentaires, elle nettoie l’eau. Ce sont des plantes voraces, à grosse consommation, qui n’ont pas beaucoup de pouvoir de floraison, comme des roseaux, des iris, etc.", détaille Charles-Henri Herbay.
Comptez environ 45.000 euros pour une petite piscine de 8 mètres sur 4."Pour les plus grosses, c’est 80.000 euros. Mais notez également que, contrairement au prix d’une piscine classique qui se greffe tel quel à la valeur vénale du bien, celui d’un étang de nage apporte une vraie plus-value, plus élevée encore que le prix de l’étang", poursuit le CEO d’Aquatic Design.
À l’usage, ce type de piscine se réchauffe plus vite qu’une piscine classique, "grâce à la zone de lagunage peu profonde. On peut également installer des pompes à chaleur peu puissantes, moins énergivores et donc moins chères, ou alors on travaille avec des panneaux solaires", explique le spécialiste.
Mais n’espérez plus en commander une pour l’été. "Nous sommes débordés pour 2021. Le carnet de commande est plein. On démarre les commandes pour 2022", conclut Charles-Henri Herbay.
2. Les piscines containers
Pour une piscine en béton, naturelle ou dans un container, des règles urbanistiques, différentes selon la Région où vous résidez, s’appliquent.
En Wallonie, il faut un permis (à demander à votre commune) pour construire une piscine, sauf exceptions. Un permis n’est en effet pas nécessaire pour une piscine hors-sol, dans l’espace de cours et jardins de votre habitation, non visible depuis la voie publique et installée au moins à un mètre des limites mitoyennes. Il ne faut pas non plus de permis pour une piscine enterrée ou semi-enterrée dans l’espace de cours et jardins de votre habitation, si elle est invisible depuis la voirie, fait moins de 75m² et se trouve à minimum 3 mètres de limites mitoyennes, respectant également certains dispositifs de sécurité.
À Bruxelles, certains travaux sont dispensés de permis d’urbanisme, dont l’aménagement d’une piscine non couverte, à condition qu’elle soit située dans la zone de cours et jardins et que sa superficie n'excède pas 20 m². Elle doit en outre être située à une distance minimum de 2 mètres des propriétés voisines.
Ce concept, qui existe depuis près de 20 ans en Australie, ne se développe que "depuis trois ans en Belgique", explique Loris Rosolen, CEO de Container Paradise. "Le marché est toutefois important, le concept a beaucoup de succès. Il convient notamment pour les clients qui n’ont pas la possibilité d’avoir une piscine en dur, que ce soit d’un point de vue technique ou financier", détaille-t-il.
Il s’agit en fait de piscines construites directement dans un container. "Elles sont fabriquées en atelier, nous ne sommes donc pas liés aux contraintes météorologiques. Puis elles sont placées en une seule journée", explique Loris Rosolen. "Elles peuvent être placées hors sol, semi-enterrées, on peut y mettre des vitres, un contre-courant, une pompe à chaleur, une couverture en inox, etc." Autant d’options qui font varier le prix, allant de 15.000 euros pour les moins chères à 60.000 euros pour les plus chères. "Le prix dépend aussi fortement du placement: nous devons, par exemple, héliporter une piscine pour un client à Bruxelles, car le bâtiment est tellement haut que même une grue ne suffira pas pour monter la piscine." Mais, en moyenne, il faut compter entre 25.000 et 30.000 euros pour ce type de piscine.
La longévité et l’entretien d’une piscine container sont similaires à ceux d’une piscine en béton. "La durée de vie peut être très longue, voire à vie si la piscine est bien entretenue. Pour l’hivernage notamment, soit vous avez un contrat avec la société, soit vous gérez vous-même l’hivernage en laissant tourner la pompe pour avoir une petite circulation afin d’éviter le gel. Pour les hivers très froids, il faut alors vider un peu la piscine et les tuyaux pour éviter qu’ils ne pètent", explique le patron de Container Paradise. En termes de coûts d’entretien, "il faut compter environ 350 euros en moyenne par an, mais tout dépend si vous avez ou non une pompe à chaleur, des panneaux solaires, un régulateur de chlore et de pH, etc."
L’avantage d’une piscine container est qu’elle est "déménageable". Si vous vendez votre maison et souhaitez embarquer votre piscine avec vous dans votre nouvelle habitation, c’est tout à fait possible.
Mais là non plus, n’espérez pas en avoir une pour patauger cet été: les carnets de commandes sont pleins. "Notre carnet est rempli jusqu'en juin 2022. Nous avons, d’ici-là, 84 piscines à fabriquer", explique le patron de la société.
3. Les spas
Une autre option, si vous n’avez pas la place ou les moyens de vous offrir une piscine, est d’installer un spa (jacuzzi) sur votre terrasse. Les prix sont très variables. On en trouve pour un peu plus de 300 euros en grande distribution, mais si vous voulez quelque chose de solide, il faut alors compter "minimum 3.000 euros pour ceux de moins bonne qualité, pour du sur-mesure de bonne qualité, cela va jusqu’à 20.000 euros", explique Philip Morris, gérant de Plouff, une société spécialisée dans l’équipement de bien-être (spas, hammams, saunas…).
"Il faut compter entre 35 et 50 semaines de délai pour un spa sur mesure."
Mais la pénurie de matières premières, en plus d’une demande croissante, pèsent sur les prix et les délais de livraison. "On note une augmentation de 16% du prix depuis janvier, et les délais de livraison sont devenus fous. Il est impossible d’acheter un spa pour cet été. Il faut compter entre 35 et 50 semaines de délai", détaille le gérant. "Les matières premières, que ce soit le bois, le fer ou l’acrylique, manquent dans beaucoup de secteurs, dont le nôtre", ajoute-t-il.
L’entretien d’un spa est assez limité, "du moment qu'on respecte son produit en bon père de famille". Il faut entretenir l’eau comme celle d’une piscine, "mais ne jamais couper un spa l’hiver. En principe, on peut également l’utiliser durant l’hiver en extérieur. Si on le coupe l’hiver, il y a des pompes, et donc si on fait un très mauvais hivernage, l’eau stagnante peut faire éclater ces pompes en cas de gel", détaille Philip Morris.
En termes de coûts, en moyenne il faut compter, avec les produits d’entretien, le remplacements des filtres, le chauffage de l’eau, etc., environ 50 euros par mois maximum.
Si, à la base, un spa est un point d’eau "chaude", on peut diminuer la température jusqu’à 26 degrés pour se rafraîchir durant l’été. Vous avez également la possibilité d’acheter un spa de nage, avec un système de contre-courant, afin d'y faire des longueurs.