Inexorablement, le marché du photovoltaïque continue à connaître de nombreux bouleversements: le 1er novembre marquera la fin du principe de compensation bruxellois (voir question 1), ce qui aura pour conséquence éventuelle de réduire faiblement la rentabilité de leurs panneaux. À moins bien sûr que les prosumers bruxellois n'augmentent davantage leur autoconsommation, c'est-à-dire la consommation de l'électricité issue de leur installation photovoltaïque au moment même où celle-ci est produite.
Ensuite, à partir du 1er janvier 2022, ce sera au tour des prosumers wallons (question 3) et flamands (question 5) d'être touchés par des changements susceptibles d'influencer le rendement d'une installation photovoltaïque.
Cependant, vu l'explosion des prix de l'énergie (et si ces derniers se maintiennent dans la durée), c'est plutôt un phénomène inverse qui se produira: les détenteurs de panneaux photovoltaïques, ou ceux qui comptent en installer prochainement, obtiendront un retour sur investissement bien plus rapide que prévu.
Bref, peu importe la Région où vous habitez, vous aurez toujours intérêt à investir dans une installation photovoltaïque, si bien sûr vous en avez les moyens. "Certes, la rentabilité a diminué ces derniers mois, surtout en Flandre, mais les panneaux solaires sont et restent bien plus intéressants qu'un compte d'épargne, voire même que d'autres types d'investissements souvent plus risqués", selon les experts d'Engie.
"Le photovoltaïque est le meilleur moyen pour se protéger contre les fluctuations du marché de l'électricité."
D'ailleurs, certains l'ont déjà bien compris. "Alors que nous avons connu un ralentissement en avril-mai 2021, les demandes ont par contre bien redémarré en septembre avec un mois d'octobre assez exceptionnel", témoigne Alexis Vander Putten, le directeur général d'Energreen, une entreprise belge spécialisée dans les énergies renouvelables.
"Ces personnes ont intégré qu'il était plus que temps de se protéger contre les fluctuations des prix du marché de l'électricité", ajoute-t-il. "Le photovoltaïque en est le meilleur moyen." Et cela, même si ce secteur connaît lui aussi une hausse de ses prix, dû à l'augmentation du prix des matières premières.
"Cette hausse est assez importante sur les panneaux photovoltaïques en eux-mêmes. Néanmoins, la proportion du prix des panneaux sur l'ensemble de l'installation a considérablement diminué. Par conséquent, la hausse des prix qui va avoir lieu dans les prochains jours et qui anticipe les prix 2022 (dû au carnet de commande) oscille entre 4 à 6% sur la globalité du devis. C'est important, mais moins que la hausse des prix de l'énergie et, à nouveau, cela n'entrave pas la rentabilité de l'investissement."
Convaincu? Alors voici sans doute les réponses à d'autres questions que vous pourriez vous poser à propos de ce marché.
1/ Qu'est-ce qui va changer à Bruxelles?
Ce 1er novembre 2021, le système de compensation partielle (qui s'applique sur la partie énergie de la facture), dont bénéficient encore les prosumers bruxellois, sera supprimé. Cette disparition s'accompagnera toutefois de la mise en place du système du tarif d’injection (comme c'est déjà le cas en Flandre).
Cela signifie que désormais un prosumer paiera à son fournisseur d'énergie le volume d’électricité qu'il prélève sur le réseau, mais qu'il recevra de ce même fournisseur une compensation financière pour chaque kWh d'électricité non autoconsommé qu'il devra dès lors réinjecter sur le réseau.
Le montant reçu pour les kWh injectés est d'office inférieur au montant à payer pour les kWh prélevés sur le réseau, car le tarif d'injection ne comprend pas les coûts de transport et de distribution imputés aux kWh prélevés sur le réseau, ni les taxes.
Cela dit, le tarif d'injection peut varier en fonction de la stratégie du fournisseur, mais aussi en fonction de l'évolution du marché, ce qui signifie un montant plus élevé dans la poche du prosumer dans un contexte haussier des prix de l'énergie (question 6).
Cependant, dans l'état actuel des choses, la fin du système de compensation bruxellois représentera une augmentation pouvant aller jusqu’à 140 euros sur la facture annuelle d'un prosumer bruxellois selon les premières estimations d'Engie, qui sont basées sur une consommation moyenne.
Mais si les prix de l'électricité continuent à grimper, l'impact sera moins élevé étant donné que les prosumers bénéficieront d'un tarif d'injection plus élevé (pour plus de détails, référez-vous à la question 6).
2/ Quelle est la rentabilité d'une installation à Bruxelles?
Malgré la disparition du système de compensation partielle à Bruxelles, la Région dispose encore d'un mécanisme de soutien pour les personnes qui ont fait installer des panneaux photovoltaïques ou qui souhaitent le faire prochainement: les certificats verts (CV).
Lorsqu’un particulier installe des panneaux solaires, il devient producteur d'électricité verte et, à ce titre, il a droit à des CV qu'il peut revendre sur le marché de l'énergie.
Pour rappel, lorsqu’un particulier installe des panneaux solaires, il devient producteur d'électricité verte et, à ce titre, il a droit à des CV qu'il peut revendre sur le marché de l'énergie (ce qui lui permet d’amortir son investissement encore plus rapidement). La durée d'octroi de ces CV est de 10 ans.
Et actuellement, même si le nombre de CV attribué par installation a été diminué en 2021, le système reste calibré pour assurer un retour sur investissement dans les 7 ans. Si les conditions sont favorables, ce temps de retour pourrait même être ramené à 5 ans, d'après les dernières estimations de Test Achats (TA), qui tiennent déjà compte de la fin du système de compensation.
Pour eux, en fonction des conditions du marché et d'une autoconsommation de 30 à 45% de l'électricité produite, celui qui fait installer des panneaux photovoltaïques aujourd'hui peut espérer un rendement de 5 à 6%.
3/ Wallonie: quoi de neuf en 2022?
Le 1er octobre 2020 a marqué l'entrée en vigueur du tarif prosumer pour les ménages wallons équipés d'une installation photovoltaïque. Celui-ci correspond à une redevance annuelle forfaitaire (en moyenne 450 euros) que doivent payer les prosumers wallons afin de participer financièrement à l'utilisation réelle du réseau.
Mais jusqu'à présent, aucun prosumer wallon n'est passé à la caisse étant donné que la Région wallonne a compensé 100% du tarif prosumer en 2020 et en 2021.
Mais ce ne sera plus le cas l'année prochaine: la Région diminuera sa participation et ne financera plus que 54% du tarif prosumer. Elle fera de même en 2023. Ce n'est qu'en 2024 que cette redevance sera à 100% à charge des prosumers wallons.
4/ Quelle est la rentabilité en Wallonie?
À l’instar des Bruxellois, les prosumers wallons disposent encore d'un mécanisme de soutien: le compteur qui tourne à l'envers.
Concrètement, lorsque l’électricité produite par les panneaux solaires n’est pas autoconsommée, elle est d’office réinjectée sur le réseau, ce qui permet au compteur de tourner dans le sens inverse et qui permet surtout de garder un rendement financier positif dans cette Région.
Lors de ses derniers calculs de rentabilité (qui ne tiennent pas compte de la participation de la Région wallonne au financement du tarif prosumer), TA a estimé - qu'en fonction des conditions de l'installation - le prosumer wallon peut espérer lui aussi un rendement de 5 à 6%. "En ce qui concerne le temps de retour, comptez dans les 6 à 7 ans."
5/ Flandre: quoi de neuf en 2022?
Cette année, la Flandre a mis fin au mécanisme de soutien du compteur qui tourne à l'envers pour les nouvelles installations, et dans le même temps, elle a adopté le système du tarif d'injection (voir question 1).
Afin que les futurs propriétaires de panneaux photovoltaïques ne mettent pas trop de temps à obtenir un retour sur investissement, la Région flamande a introduit en 2021 une nouvelle prime de 1.500 euros. Cette dernière doit permettre de maintenir une durée d'amortissement de 10 ans.
UPDATE 2 novemvre 2021: Au moment d'écrire ces lignes, il était prévu que son montant soit déjà revu à la baisse de 25% à partir du 1er janvier 2022. Cependant, le vendredi 29 octobre 2021, le gouvernement flamand a décidé de conserver le même montant de prime en 2022 qu'en 2021.
Par ailleurs, notez que l'installation d'une batterie domestique - pour stocker le surplus d'énergie en vue d'une utilisation ultérieure - n'est pas du tout à conseiller sur le plan financier, sauf en Flandre.
En effet, cette Région a prévu une prime qui rend cet investissement très intéressant. Cependant, il a été prévu que le montant de cette prime sera revu à la baisse chaque année à partir de 2022 et jusqu'en 2024 (1.125 euros en 2022 et disparaître en 2025) étant donné que le prix des batteries chute rapidement. Mais ça, c'était avant la hausse généralisée du prix des matières premières...
6/ Quelle est la rentabilité en Flandre?
Il n'y a désormais plus de système de compensation en Flandre. Cependant, grâce au tarif d'injection, le prosumer flamand peut réduire d'une certaine façon sa facture d'électricité vu que son fournisseur d'énergie lui rachète le surplus de kWh produits par ses panneaux et qui sont injectés sur le réseau. Un tarif qui sera plus intéressant pour le prosumer à mesure que les prix grimperont sur les marchés de l'énergie.
Cette tendance s'observe évidemment déjà cette année. Alors que ce tarif oscillait entre 2 et 5 cents en avril dernier, il tourne désormais entre 4 et 9 centimes d'euro en moyenne, d'après TA.
En Flandre, les prix élevés de l'électricité confèrent un avantage supplémentaire aux propriétaires de panneaux photovoltaïques
Autrement dit, "en Flandre, les prix élevés de l'électricité confèrent un avantage supplémentaire aux propriétaires de panneaux photovoltaïques".
Et ce sera donc le cas aussi des prosumers bruxellois à partir de novembre 2021 (question 1).
Toujours d'après les calculs de rentabilité de TA, en considérant des conditions favorables et une autoconsommation élevée, "le rendement peut atteindre plus de 6%, tandis que le temps de retour va de 6 à 7 ans".