Alex et Julien louent, depuis deux ans, une maison rénovée et isolée. Mais un jour, surprise, leurs meubles, leurs vêtements et leurs chaussures moisissent. Le taux d’humidité très élevé à l’intérieur de leur logement est à l’origine des dégâts, car cette humidité se décharge sur des ponts thermiques, soit les points froids de l’immeuble.
Au contact permanent de ces ponts thermiques, les effets personnels d'Alex et de Julien ont inévitablement fini par se détériorer. Comment ce problème s'explique-t-il? Et quelles sont les solutions?
"Les problèmes d’humidité peuvent provenir de nombreuses causes, dont l’absence ou l’insuffisance de ventilation."
"Les problèmes d’humidité peuvent provenir de nombreuses causes, dont l’absence ou l’insuffisance de ventilation", indique Christophe Danlois, responsable du Département installations techniques PEB (Bruxelles Environnement).
Aujourd’hui, les propriétaires qui rénovent et isolent leur bien négligent la ventilation, soit pour réduire la facture, soit en raison des contraintes de mise en œuvre. "Il ne faut jamais laisser un logement sans ventilation, qu’il soit isolé ou non", rappelle pourtant Christophe Danlois.
De fait, l'absence de ventilation conduit à "des risques d’accumulation de polluants, de particules, de poussières… Le premier inconvénient, c'est que l’humidité augmente le risque de voir des moisissures se développer. La majorité de ces moisissures n'est pas toxique, mais plutôt allergène. Ce n’est pas un environnement très sain pour la santé", temporise l’expert.
Privilégiez l’isolation par l’extérieur
Avant de s’engager dans des travaux de rénovation, Christophe Danlois conseille "de bien connaître son logement: les pièces humides et les points froids".
Si votre projet comprend l’isolation des murs par l’intérieur, "il faut faire attention aux jonctions qu’on ne peut pas isoler entre les murs, aux rebords des fenêtres. Idéalement, il est conseillé d’isoler par l’extérieur, cela permet d’éviter les points froids", indique Christophe Danlois.
Un pare-vapeur ou encore certains matériaux (argile, chaux…) permettent d’absorber l’humidité, "mais cela ne suffit pas à se passer d’une ventilation".
Les pièces humides en priorité
Une maison non-isolée n’est pas complètement étanche. Elle se ventile plus facilement qu’une maison isolée en raison des fuites d’air par les murs, les portes et les fenêtres. "Mais il peut malgré tout y avoir des problèmes de condensation suite à des écarts de températures trop importants, il faut donc ventiler les pièces en ouvrant les fenêtres au minimum quinze minutes par jour", précise l’expert de Bruxelles Environnement.
"Il ne faut jamais laisser un logement sans ventilation, qu’il soit isolé ou non."
Dans le cas d’un bien isolé, cette ventilation "naturelle" ne suffit pas. "L’activité humaine génère du CO2 et de la vapeur d’eau, surtout dans des locaux comme la cuisine, la salle de bain ou la chaufferie. S'il n'y a pas de système de ventilation dans la pièce, la vapeur d’eau ne s’évacue pas et le taux d’humidité augmente. Ces locaux doivent être prioritaires en cas d’installation d’un système de ventilation."
Idéalement, il vaut mieux prévoir l’installation d’un tel système au moment des travaux de rénovation, car il est plus aisé et moins coûteux d’installer des gaines ou évacuations lorsque votre habitation est "en chantier", même s’il est toujours possible de l'installer plus tard.
Quatre systèmes de ventilation
Il existe sur le marché quatre systèmes de ventilation, allant de A à D:
- Le système A est totalement naturel. Les arrivées et l’extraction de l’air se font naturellement (grilles réglables en façade, aérateurs dans les châssis…). "Cela signifie que l'on ne maîtrise pas la ventilation et qu’il n’est pas possible de récupérer la chaleur, contrairement aux systèmes plus performants comme le D. On ne conseille pas le système A pour les habitations isolées", détaille Christophe Danlois.
- Le système B est une ventilation par pulsion. Les arrivées d’air sont mécaniques (via un ou plusieurs ventilateurs en toiture ou façade) et les évacuations naturelles.
- Le système C est une ventilation par extraction. Les arrivées d’air sont naturelles (grilles réglables en façade ou sur les châssisà), tandis que les évacuations sont mécaniques (ventilateur en toiture/façade).
- Le système D, soit une ventilation double-flux, est totalement mécanique et permet en outre de récupérer la chaleur. Ce système offre un meilleur confort grâce à l’échangeur de chaleur qui permet de préchauffer ou de refroidir l’air entrant. "C’est ce qui est le plus souvent installé dans les nouvelles constructions", indique l’expert de Bruxelles Environnement.
Dans les systèmes B, C et D, la composante mécanique permet de mieux maîtriser les débits. On parle alors de ventilation mécanique contrôlée (VMC).
Forcément, plus l’installation est performante, plus son prix est élevé. Ce dernier peut aller de 1.700 euros en moyenne pour un système A, à plus de 7.000 euros pour un système D.
Primes "ventilation"
Les Régions wallonne et bruxelloise offrent des primes pour l’installation d’un système de ventilation, ce qui compense partiellement un tel investissement.
En Wallonie, la prime varie en fonction du système installé. Attention, dans la majorité des cas, l’accès aux primes rénovation est soumis au passage d’un auditeur agréé. Les montants de ces primes varient selon votre catégorie de revenus:
- Pour un système centralisé de ventilation mécanique simple flux qui assure la ventilation de l'ensemble des espaces du logement, la prime varie de 700 à 4.200 euros;
- Pour un système centralisé de ventilation mécanique double-flux avec récupération de chaleur qui assure la ventilation de l'ensemble des espaces du logement, la prime varie de 1.700 à 10.200 euros;
- Pour un système de ventilation mécanique simple flux qui assure la ventilation d'une partie des espaces du logement, vous pouvez obtenir entre 200 et 1.200 euros de prime;
- Pour un système de ventilation mécanique double-flux qui assure la ventilation d'une partie des espaces du logement, la prime est de 400 à 2.400 euros;
À Bruxelles, il existe deux primes. L’une pour l’installation d’un système C et l’autre pour un système D. Selon votre catégorie de revenus, la prime pour le système C varie de 1.550 euros à 2.230 euros par logement individuel.
Pour un système D, son montant est de minimum 3.000 euros et maximum 4.300 euros par logement individuel.