Les assurances représentent un gros poste du budget d’un ménage et on a tendance à le sous-évaluer, car on oublie souvent de compter certains contrats, et non des moindres – auto, hospitalisation notamment - , qui sont conclus via l’employeur. Or in fine, on les paie aussi.
En tout, ce sont des milliers d’euros qu’une famille consacre ainsi chaque année à la couverture d’une multitude de risques. Patrick Cauwert, CEO de Feprabel (la Fédération des courtiers en assurances) a calculé qu’en moyenne, les assurances coûtent 4.000 euros par an à un ménage (2/3 risque -1/3 pension). "Pour une famille avec trois enfants, on peut facilement atteindre 5.000 ou 6.000 euros par an", estime Xavier Lombard, cofondateur et CEO de Séraphin, la première plateforme belge de courtage en ligne. "Et encore, sans tenir compte des postes dédiés à la pension, qui constituent en fait une épargne".
A chaque profil ses assurances
Il faut donc tenir ces dépenses à l’œil pour voir s’il n’est pas possible de faire des économies. Mais pas seulement. La pertinence, l’étendue et la qualité des couvertures sont déterminantes. C’est la raison pour laquelle les experts recommandent de faire un check-up de son portefeuille d’assurances tous le deux ou trois ans et à chaque grande étape de la vie: premier job, mariage/cohabitation, achat d’une maison, enfant, changement de statut professionnel, pour ne citer que les plus évidentes.
"A chaque stade, il y a des choses à mettre en place auxquelles on ne pense pas forcément", observe Xavier Lombard. Or "la déclaration du risque relève du preneur d’assurance: il doit spontanément déclarer les modifications et évolutions", rappelle Patrick Cauwert qui conseille de faire le point avec son courtier. "Un simple coup de fil ou e-mail suffit pour vérifier si cela aura une incidence sur les assurances".
"Si vous ne lisez qu’une seule chose dans votre contrat d’assurance, ça doit être les exclusions. Vérifiez aussi toujours les franchises et les plafonds d’indemnisation."
Sur le site de Séraphin, il ne faut que 4 minutes pour faire un check-up en ligne. "Vous commencez par établir votre profil et sur cette base, nous vous proposons les assurances dont vous pourriez avoir besoin", explique le patron de la start up qui planche déjà sur un modèle plus élaboré. "Plutôt que d’envoyer au client un message très commercial et peu porteur du style ‘il vous manque 12 assurances’, nous voudrions lui suggérer que des personnes avec un profil similaire ont majoritairement contracté 2 assurances que lui, n’a pas encore. Sur Amazon 30% des ventes se font sur la base de suggestions".
Il est évidemment important de comparer les tarifs. "En l’absence d’une véritable dérégulation sur le marché belge des assurances, les écarts de prix sont très conséquents et ne peuvent être exclusivement expliqués par une différence au niveau de la qualité des services et prestations", explique le responsable de Séraphin, convaincu de pouvoir faire économiser 15 à 20% à ses clients. Le diagnostic est une étape qui est bien sûr souvent suivie de conseils.
Doublons (inévitables?)…
Il se peut que vous ayez souscrit des assurances qui couvrent (partiellement) les mêmes risques. Et ce n’est pas parce que vous êtes doublement assuré que vous serez indemnisé deux fois. Les doublons sont un grand classique, "en particulier en matière de protection juridique, d’assistance et d’individuelle accident", constate Xavier Lombard. Mais ces doublons ne sont pas forcément évitables.
"On trouve des petits bouts de protection juridique disséminés dans plein d’assurances. In fine, on paie cette assurance en double ou en triple, les plafonds sont très limités et les couvertures pleines de trous, explique-t-il. De manière générale, il faut privilégier ce type d’assurances en ‘stand alone’: on paie une seule prime et on a la garantie d’une couverture complète".
L’assurance assistance est également présente partout: via les assurances habitation, auto, achat voyage, cartes de crédit etc. "La meilleure solution, c’est d’opter pour un contrat du style Europ Assistance, qui offre une couverture ultra-complète, globalement moins chère, de bien meilleure qualité, avec moins d’exclusions et des plafonds supérieurs", estime le CEO de Séraphin. Cela vous permettra de décocher en toute tranquillité les options assistance que l’on vous proposerait par ailleurs, avec votre forfait de ski ou lors de la réservation d’un city-trip.
Le même raisonnement vaut pour l’individuelle accident, qui couvre les conséquences d’un accident physique. Elle est demandée pour l’inscription de n’importe quel club de sport, à l’école, etc. "Or, presque personne ne contracte une individuelle accident séparée qui permet d’éviter des couvertures multiples beaucoup moins bonnes. Axa propose une assurance de ce type pour 20 euros/mois avec un plafond d’un million, alors que dans un club de sport le plafond typique est fixé à 35.000 euros, ce qui est totalement insuffisant en cas de gros problème", insiste Xavier Lombard.
… peu chers et parfois utiles
L’impact financier des doublons est toutefois assez faible. Et dans des cas extrêmes, ils peuvent s’avérer utiles.
Par exemple, si le plafond d’indemnisation d’une assurance est atteint lors d’une coûteuse hospitalisation à l’étranger, vous pouvez solliciter votre autre contrat. "Ou faire appel à une deuxième assurance assistance alors que la première n’arrive pas à localiser votre véhicule en panne en rase campagne à 3h du matin", raconte Patrick Cauwert. Cas vécu.
Chercher à tout prix à annuler des doublons peut même avoir des conséquences fâcheuses. Lorsqu’on renonce à une assurance, on perd parfois en même temps une couverture annexe sur laquelle on comptait. "Comme ce client qui, suite à un accident, décide de suspendre son assurance auto pour quelques mois avant de racheter une nouvelle voiture. Du même coup, il n’était plus couvert en assistance durant ses vacances", rapporte le président de Feprabel.
Les oublis qui peuvent coûter très cher
Les professionnels pointent quelques classiques.
La RC vie privée. "Certaines personnes n’en contractent une que lorsqu’ils ont des enfants ou un chien. Mais en réalité, cette assurance intervient beaucoup plus pour des adultes! On est tous responsables des dommages que l’on cause à autrui. C’est donc un oubli grave", prévient Patrick Cauwert. Xavier Lombard confirme: beaucoup de jeunes qui se lancent dans la vie oublient de souscrire une RC. Cela peut avoir des conséquences dramatiques en cas d’accident grave involontaire".
Dans le même registre on trouve la RC locative. "Le locataire a tendance à penser que comme les murs sont assurés par le propriétaire, tout va bien. Il ne réalise pas que s’il met le feu, sa responsabilité sera engagée et que l’assureur du propriétaire se retournera contre lui".
L’assurance conducteur, qui vous couvre en cas de lésions physiques consécutives à un accident en tort ou sans tiers, n’est pas obligatoire, déplore Xavier Lombard. "Cette police qui coûte entre 30 à 100 est pourtant indispensable selon lui. Faute d’assurance, si votre état nécessite des soins et médicaments onéreux et/ou entraîne une incapacité de travail (définitive), vous ne toucherez rien en dehors des frais remboursés par la mutuelle", met-il en garde.
Concernant l’assurance hospitalisation souvent souscrite collectivement l’employeur, un conseil, prévoyez à temps de payer une garantie "continuité". Une police d’attente qui vous permettra de rester assuré aux mêmes conditions si vous changez d’employeur ou si vous prenez votre pension. Sinon, vous devrez souscrire un nouveau contrat à titre privé, vous soumettre à un questionnaire médical et payer plein pot puisque plus l’âge avance, plus les tarifs s’envolent. Sans compter les exclusions auxquelles vous risquez de vous heurter.
Vous bénéficiez d’une assurance accident de travail? "Attention, le plafond légal en cas d’incapacité est très faible (environ 1.800 euros maximum). Si vous êtes cadre et que vous avez des revenus élevés et si votre employeur n’a pas souscrit parallèlement une assurance revenu garanti, c’est la douche froide. C’est une spécificité belge dont beaucoup d’employeurs étrangers — y compris des multinationales – ne sont pas conscients", souligne le CEO de Séraphin.
Les nouvelles assurances
Le monde des assurances est en constante évolution. Des couvertures d’un nouveau type sont apparues ces dernières années. "Elles démarrent doucement mais suscitent beaucoup d’intérêt. Ces garanties sont soit ajoutées à des contrats existants, soit elles font l’objet de contrats spécifiques qui sont créés. Je pense à l’assurance e-reputation (qui permet de mettre un stop via un avocat en cas de harcèlement ou intentions malveillantes en ligne), aux assurances liées aux activités peer to peer (économie de partage), aux drones (la couverture des plus petits appareils peut être rajoutée dans la RC), les vélos électriques, hoverboards et autres segways".
Les assurances pour appareils technologiques, qui sont proposées depuis des années, sont à l’origine d’une déferlante de plaintes auprès de l’Ombudsman des assureurs. Un problème pris en compte par les autorités qui planchent sur la transposition en droit belge d’une directive européenne sur la distribution d’assurance. L’occasion, peut-être, de faire le ménage dans des pratiques abusives.