Chaque année au 1er janvier, les primes des assurances hospitalisation subissent des majorations liées à l’évolution de l’indice des prix. L’indice médical de juillet 2017, désormais connu, autorisera une hausse tarifaire de 4,34% en moyenne en 2018. L’année prochaine, les assurés verront donc leur prime "indexée".
Outre ces augmentations liées à l’indice des prix (augmentation du coût de la vie), les assureurs augmentent leurs tarifs pour veiller à leur équilibre financier à long terme, constituer des réserves et ainsi être en mesure de faire face à l’augmentation du coût des soins de santé. C’est dans cette optique par exemple que, dans la foulée de l’augmentation de 15% de la prime de l’Hospi +200 en 2017, la Mutualité Chrétienne avait déjà prévu "une augmentation similaire en 2018".
"L'évolution des primes d'assurance hospitalisation est inférieure depuis des année à celle des coûts hospitaliers. Au cours de ces six dernières années, le remboursement moyen d'Hospitalia Plus a augmenté de 24% pour les hospitalisations classiques et de 45% pour les one-day clinics, alors que les primes n'ont augmenté que de 9,5%", souligne Jean Vigneron, responsable produits SMA aux Mutualités libres."
Mais l’annonce cette semaine d'une hausse sensible des primes de la DKV est un peu particulière car elle a été imposée à la compagnie d’assurance par la Banque Nationale de Belgique qui s’inquiète du trou (15 millions d’euros) à combler entre les dépenses à couvrir et les primes encaissées…
Chambre individuelle et suppléments d’honoraires
Un autre facteur déterminant influence l’équilibre de l’assurance hospitalisation. Aujourd’hui, près du quart des patients font le choix d’une chambre individuelle et s’exposent ainsi à une facture 5 fois plus élevée que s’ils avaient opté pour une chambre à deux lits, selon les chiffres publiés voici quelques mois par la Mutualité chrétienne. Le prix du confort et de l’intimité car les suppléments d’honoraires très élevés qui leur sont facturés ne sont absolument pas liés à la qualité des soins prodigués.
Couverture plafonnée… ou illimitée
Dans la grande majorité des cas, ce ne sont toutefois pas les patients qui paient la facture. Les adeptes de la chambre privée contractent toujours une assurance hospitalisation qui rembourse partiellement (avec des plafonds) ou totalement ces suppléments d’honoraires.
Or, la DKV qui est le leader sur le marché privé de l’assurance hospi est précisément réputée pour sa couverture totale et illimitée des factures d’hospitalisation. Mais les tarifs sont à l’avenant et prisonniers d’une spirale inflatoire. Le budget des soins de santé subissant des économies depuis plusieurs années, "dès lors que le risque est assuré par des organismes commerciaux et mutuellistes, les hôpitaux (et les médecins) ont tendance à reporter un maximum de charges sur les patients qui bénéficient d’une assurance", explique Alain Thirion, Trésorier de l’Union nationale des mutualités socialistes. Lequel constate en outre que "l’interdiction des suppléments d’honoraires en chambre double a manifestement provoqué un report sur la chambre individuelle…"
Une logique contre laquelle s’élèvent de plus en plus de voix. La parlementaire sp.a Karin Jirofflé, a rappelé hier que les socialistes flamands "plaident depuis longtemps pour la suppression pure et simple des suppléments d’honoraires dans le cadre du refinancement des hôpitaux".
"Il est de plus en plus problématique de continuer à rembourser sans limite les frais d'hospitalisation en chambre individuelle alors qu'il existe de grandes différences entre hôpitaux. Un nombre minime d'entre eux se caractérisent par des pratiques/facturations hors normes", déplore de son côté Jean Vigneron. "Nous avons dès lors décrété des limitations de couverture dans certains hôpitaux chers pour responsabiliser nos assurés et continuer à garantir une offre de produits de qualité à un coût acceptable pour tous."
En attendant, "pour contenir cette évolution, on essaie de passer des conventions avec des hôpitaux, explique Alain Thirion: on les décharge de tout le suivi du recouvrement des suppléments patients (NDLR: on paie la facture) pour autant qu’ils s’engagent à ne pas dépasser x% de suppléments d’honoraires. C’est une sécurité tarifaire pour les assurés: ils ont la certitude de ne plus avoir de supplément à leur charge".
Signe des temps, DKV propose depuis peu des produits alternatifs avec des couvertures limitées.
Quel impact sur les primes DKV?
A partir du 1er
septembre (à la date anniversaire du contrat):
• Contrats IS, IS+ et IS+ maladies graves : + 9%
• Contrats IS2000 (commercialisés entre 2000 et 2015) : +5,5%
Augmentations annuelles ultérieures
(sans limite de temps)
• Contrats A2 et A2+ (soins ambulatoires) : +1%
• Contrats IS2000 : +1,1%
• Contrats IS, IS+ et IS+ maladies graves : +1,1%
Dans un communiqué, la DKV précise que les clients concernés seront contactés individuellement, mais que la plupart d’entre eux pourront "éviter la majoration de leur prime en augmentant la franchise annuelle à hauteur d’un montant fixe annuel, quel que soit le nombre d’hospitalisations, tout en conservant l’ensemble des garanties actuelles."
Et chez les concurrents?
Du côté d’AG Insurance, "aucune augmentation tarifaire autre que celle liée à l’indice médical n’est envisagée", nous assure-t-on.
Aux Mutualités socialistes, "les augmentations du produit de base hospimut (chambres double et commune) suivent jusqu’ici l’augmentation de l’indice des prix à la consommation, tandis que les primes des assurances pour chambre particulière, qui couvrent 100% ou 200% du tarif INAMI sont indexées depuis deux ans sur l’indice médical. Aucune autre modification n’est prévue", assure Alain Thirion.
La Mutualité chrétienne nous avait déjà annoncé fin 2016 une augmentation de tarif similaire en 2017 et 2018 (de l’ordre de 15%) pour ses assurances "hospi".