C'est ce qui s'appelle faire machine arrière à toute vitesse! Bpost banque est finalement revenue sur sa décision d'imposer le paiement d'un montant de 50 centimes d'euros par retrait bancaire - à l'exception de 12 retraits gratuits par an - sur le compte gratuit b.compact. C'est ce qu'elle a annoncé ce vendredi en fin de journée. La décision avait suscité de nombreuses réactions.
"Les retraits aux distributeurs de Bpost resteront donc gratuits au-delà du 18 mars."
Dans un bref communiqué, Bpost banque reconnaît être "sans doute" allée "un peu vite en besogne" et avoir "sous-estimé l'attachement" de tous ses clients "à la gratuité des retraits aux distributeurs de billets". "Pour répondre aux inquiétudes exprimées par les clients, Bpost banque a donc pris la décision de ne pas appliquer cette tarification. Les retraits aux distributeurs de Bpost resteront donc gratuits au-delà du 18 mars. Les autres éléments de la tarification demeurent inchangés", précise la banque.
Qu'il s'agisse du propre réseau de distributeurs bpost ou des réseaux d'autres banques, à partir du 18 mars, bpost banque voulait faire payer les retraits d'argent aux détenteurs du compte b.comptact.
Si de nombreuses banques ont dernièrement franchi le cap de faire payer à leurs clients leur choix de retirer de l'argent dans une autre agence, cette mesure qui touche aussi les retraits dans le réseau propre de la banque était une première en Belgique.
"C'est vraiment le monde à l'envers. Pour pouvoir simplement récupérer, retirer l'argent que l'on a confié à sa propre banque, il faut payer."
"C'est vraiment le monde à l'envers. Pour pouvoir simplement récupérer, retirer l'argent que l'on a confié à sa propre banque, il faut payer", s'était indignée Julie Frère, porte-parole de Test-achats, qui demande aux banques entre autres d'assurer des retraits gratuits aux distributeurs dans leur réseau, mais aussi cinq retraits gratuits par mois chez les concurrents.
La réaction du ministre de l'Economie, Kris Peeters, ne s'était pas faite attendre. "Les tarifs que bpost annonce vont à l’encontre du gentlemen’s agreement conclu avec le secteur bancaire en 2004. L’accord prévoit que les banques doivent offrir gratuitement 24 retraits d’argent. Il est inacceptable que les gens doivent payer pour retirer leur propre argent aux distributeurs de la banque où ils sont client." "Le gentlemen’s agreement doit être respecté", a rappelé le ministre.
Autre rappel du ministre: les clients doivent être informés des nouveaux tarifs au moins deux mois avant leur entrée en vigueur, laissant la possibilité aux clients de clôturer leur compte. C'était donc un peu juste pour le 18 mars.
Les titulaires d'un compte b.compact, soit 140.000 personnes, devaient donc avoir désormais droit à un seul retrait gratuit par mois. "Les comptes b.compact sont ciblés sur les clients 100% digitaux, qui utilisent peu ou pas de cash. Le reste de nos clients ne paie pas pour les retraits d'argent liquide", avait indiqué Frédéric Jonnart, directeur Marketing & Sales de bpost banque.
Quid des autres banques en Belgique
Si bpost était avec cette annonce la première banque à faire payer le retrait de cash dans son propre réseau d'agence, d'autres banques belges pratiquent déjà des frais de retrait... si leur client retire de l'argent liquide via le réseau de distributeurs d'autres banques.
Argenta et Axa: ces banques n’appliquent pas de frais pour les retraits effectués avec une carte de débit en Belgique (que ce soit auprès de leurs distributeurs ou ceux des autres banques), ni dans l’ensemble de la zone SEPA (qui couvre une large partie des pays de l’Union européenne, mais aussi des territoires qui n’en font pas partie).
Belfius: quel que soit le type de compte, cette banque indique qu’elle ne tarifie par les retraits effectués avec une carte de débit. "La seule exception concerne le compte Classic, très peu utilisé, et destiné aux clients souhaitant payer chaque transaction ‘à la pièce’", selon Thierry Martiny, son porte-parole. "Pour ceux-ci, une tarification de 50 cents/retrait depuis un distributeur non-Belfius est appliquée." Par ailleurs, la banque indique qu’elle ne compte pas modifier cette tarification dans les mois à venir.
Beobank: la banque applique la même politique qu’Argenta et Axa. "Et il n’est pas prévu de modifier nos tarifs de retrait", selon Hugo Thiecke, son porte-parole.
BNP Paribas Fortis: ceux qui ont un compte à vue ordinaire ou qui bénéficient du service de base bancaire paient 10 centime lors des retraits d’espèces aux distributeurs qui n’appartiennent pas au réseau de la banque. La banque précise qu’il s’agit d’une minorité de clients.
Crelan: la banque applique la même politique qu’Argenta et Axa.
CBC/KBC (Brussels): le retrait d’argent est illimité et gratuit, à une exception près. En effet, les titulaires d’un compte Base KBC ou d’un compte à vue CBC paient un supplément de 20 cents/retrait si celui-ci est effectué depuis un distributeur qui n’appartient pas au groupe KBC. Néanmoins, ce dernier tient à préciser qu’il dispose d’un parc d’automates très étendu en Belgique.
Deutsche Bank: la banque applique la même politique qu’Argenta et Axa.
ING: depuis le 1er janvier 2019, la banque applique, aux détenteurs de son compte à vue gratuit, un supplément de 50 cents pour les retraits effectués depuis un distributeur non-ING. Mais aussi pour ceux effectués à l’étranger. Toutefois, elle précise qu’elle met à disposition de ses clients plus de 1.500 distributeurs en Belgique, ce qui représente, d’après elle, environ 18% du parc belge de distributeurs de billets.
Keytrade: la banque applique la même politique qu’Argenta et Axa. De plus, elle laisse sous-entendre qu’elle n’appliquera jamais de frais. Ni pour la gestion, ni pour les retraits, ni pour les extraits en ligne. À contre-courant, cette banque offre même à ses clients 5 cents de bonus pour chaque opération bancaire.
Nagelmackers: la banque applique la même politique qu’Argenta et Axa. En outre, celle-ci ne prévoit pas de tarifer les retraits aux distributeurs d’autres banques.
Caroline Sury
Ces hausses tarifaires ont également une implication sur les paiements dans le reste de l'Europe. La directive qui met en place un marché européen unique du paiement en zone euro (SEPA) prévoit que tout Européen doit, dans cette zone, pouvoir effectuer des paiements aussi facilement et dans les mêmes conditions que dans leur pays.
En facturant les retraits, ces banques réintroduisent par conséquent les retraits d'argent payants aux distributeurs des banques dans les autres pays de la zone euro.