En 2018, près de 70.000 Belges ont changé de banque, soit deux fois plus qu’en 2017. D’après Febelfin, la fédération belge des banques, cette hausse s’explique en grande partie par la simplification des procédures. "Depuis le 1er février 2018, les clients qui changent de banque ne doivent plus s’occuper de transmettre leur nouveau numéro de compte à leur employeur et à leurs autres fournisseurs", explique Isabelle Marchand, de Febelfin. Grâce au service "Bankswitching", c’est la nouvelle banque qui communique le nouveau numéro de compte aux fournisseurs qui sont payés par domiciliation et aux créanciers réguliers, ce qui évite aux clients de nombreuses démarches administratives. "Changer de banque est aujourd’hui moins contraignant, ce qui pousse de nombreux clients à franchir le pas, quelle qu’en soit la raison", ajoute Isabelle Marchand.
D’après ING, cette hausse peut aussi s’expliquer par l’évolution du paysage bancaire et les nombreuses fusions. "En cas de fermeture d’une agence, il arrive que des clients optent pour une banque qui dispose d’une agence à proximité de leur domicile", nous explique-t-on. Par ailleurs, internet améliore la transparence. "Les clients peuvent facilement comparer les produits des différentes banques. Cette transparence les pousse davantage à changer de banque", explique-t-on chez BNP Paribas Fortis.
Les coûts sont un facteur important, car les différences peuvent être importantes en fonction de la banque et des services liés au compte courant. Dans les cas extrêmes, les frais annuels peuvent se monter à plus de 200 euros par an, un montant non négligeable pour un produit de base dont les citoyens ont besoin toute leur vie.
De plus, ces frais augmentent chaque année. D’après les chiffres du SPF Économie, les coûts facturés par les banques entre 1998 et 2018 ont augmenté de 80%, alors que l’inflation n’était "que" de 46% au cours de la même période. Un ménage belge paie aujourd’hui en moyenne 51,6 euros par an sous forme de frais bancaires.
Certains comptes (internet) gratuits ne parviennent pas non plus à échapper aux hausses des coûts. Depuis le début de l’année par exemple, le "Lion Account" gratuit d’ING est devenu payant si le compte a plusieurs titulaires. Et Deutsche Bank facture désormais des frais pour son package de base DB M@x, même si les clients aisés et très actifs sont pour l’instant épargnés.
En conclusion, il peut être utile de passer chaque année au crible vos frais bancaires. De nombreuses banques changent leurs tarifs en début d’année, mais ce timing n’est pas une obligation. Les banques peuvent changer leurs tarifs à tout moment, la seule contrainte étant d’en avertir les clients au moins deux mois à l’avance, la plupart du temps via les extraits de compte.
Même si la transparence en matière de coûts s’est améliorée avec l’arrivée d’internet, cela ne signifie pas que la comparaison entre les différentes banques soit devenue plus facile. De plus en plus de banques fonctionnent en effet avec des forfaits ("packs") assortis de plusieurs services, qui diffèrent d’une banque à l’autre. Dans la recherche du compte idéal, il vaut peut-être mieux commencer par établir la liste de vos besoins. Ce questionnaire pourrait vous aider à y voir clair.
1/ Que deviendra votre emprunt?
Une question importante à se poser en cas de changement de banque est de savoir si votre emprunt hypothécaire est lié à votre compte à vue. Car le cas échéant, il n’est pas toujours évident de changer de banque. Dans de nombreux cas, le client bénéficie d’un taux plus avantageux s’il accepte de domicilier son salaire auprès de la banque. Cette condition reste valable pendant toute la durée du prêt.
Chez Belfius par exemple, les clients qui souscrivent une assurance incendie, une assurance solde restant dû et qui domicilient leur salaire auprès de la banque bénéficient d’une réduction de 0,50% sur leur taux d’emprunt. "La grande majorité de nos clients optent pour cet avantage. Si le client ne répond plus à une de ces conditions, la réduction est supprimée et le taux est adapté", nous explique-t-on. Ce réajustement est calculé proportionnellement aux services auxquels le client renonce. Chez KBC également, la grande majorité des emprunts hypothécaires sont liés à un compte à vue avec domiciliation du salaire. "Pendant toute la durée du prêt, le client doit répondre impérativement à trois conditions, dont la domiciliation de salaire, pour continuer à bénéficier du taux préférentiel", explique la banque. Dans d’autres institutions financières, comme BNP Paribas Fortis, aucune réduction de taux n’est conditionnée à la domiciliation du salaire.
2/ De combien de cartes de débit avez-vous besoin?
Le nombre de cartes liées à votre compte à vue peut faire la différence en termes de prix. Les banques offrent généralement différentes formules. Par exemple, le compte de base chez KBC est gratuit si le client ne souhaite qu’une seule carte. Pour une deuxième carte, la banque facture 6 euros par an. Dans le compte Plus de KBC (2 euros par mois), une deuxième carte est incluse. Depuis cette année, les titulaires d’un "Lion Account" chez ING doivent payer 10 euros par an pour une deuxième carte. Dans les tarifs du compte vert ING (40 euros par an) deux cartes de débit sont comprises.
3/ Souhaitez-vous une carte de crédit?
La plupart des personnes qui ouvrent un compte à vue introduisent également une demande de carte de crédit. Ici aussi, les prix peuvent sensiblement varier. Dans de nombreuses banques, la carte de crédit est facturée séparément. Selon le type de carte, le prix peut monter jusqu’à 30 euros par an. Dans d’autres banques, la carte de crédit est comprise dans le pack. Par exemple, le Performance Pack de Crelan (6 euros par mois) comprend deux cartes Visa.
4/ L’assurance du compte à vue est-elle utile?
L’assurance du compte à vue est parfois automatiquement souscrite à l’ouverture du compte. Cette assurance couvre le titulaire en cas d’accident. S’il décède dans un accident, ses héritiers perçoivent une prime qui correspond dans la plupart des cas au montant qui se trouvait sur le compte à vue au moment du décès, avec parfois un minimum. Le coût de cette assurance peut, selon la banque, atteindre 5 euros par an. Un montant limité, certes, mais la question est de savoir si cette assurance est utile dans votre cas et si vous ne disposez pas déjà d’une (meilleure) couverture pour ce risque. Il est par ailleurs très simple d’annuler cette assurance.
Parfois, cette assurance est incluse dans le pack que vous avez choisi. C’est notamment le cas des packs Comfort et Premium de BNP Paribas Fortis. La prime d’assurance est comprise dans le prix du pack et cela n’a donc pas beaucoup de sens de l’annuler. ING propose une "assurance revenus" qui couvre le titulaire en cas de décès par accident, mais la couverture est plus large que l’assurance traditionnelle du compte à vue. Ici, le bénéficiaire ne reçoit pas un montant fixe basé sur le solde du compte, mais il perçoit pendant un an une allocation mensuelle calculée sur la base des principaux revenus, dépenses et domiciliations inscrites sur le compte à vue. Selon la formule, son coût oscille entre 24 et 45 euros par an.
5/ Retirez-vous de l’argent uniquement dans votre banque?
Dans certaines banques, les retraits d’argent aux ATM des autres banques sont payants. C’est surtout le cas pour certaines formules des grandes banques. Depuis cette année, ING facture aux titulaires d’un Lion Account 0,5 euro par retrait si celui-ci a lieu dans une autre banque. Idem pour le compte de base de KBC.
6/ Faites-vous de nombreux virements internationaux?
Ceux qui réalisent de temps en temps des paiements à l’étranger ont intérêt à prendre en compte les frais facturés pour ce type de transaction. Certains packs comprennent un nombre de transferts internationaux, dans d’autres packs, vous devrez payer des frais dès le premier virement étranger. Ces coûts peuvent fortement varier d’une banque à l’autre.
7/ Gérez-vous vos comptes en ligne ou au guichet de votre agence?
La plupart des banques essaient de décourager les clients de recourir aux transactions manuelles, comme les virements et retraits d’argent au guichet.
Ces dernières années, les frais facturés pour ces transactions manuelles ont beaucoup augmenté et ne sont plus compris dans les packs. Certaines formules prévoient encore un nombre restreint de transactions manuelles par an, mais dans la plupart des cas, ces frais sont facturés séparément. Avant de choisir un compte, il est également recommandé de bien analyser les applications digitales incluses dans les packs.
Depuis 2002, les banques sont légalement tenues d’offrir un service de base. L’objectif de cette loi est d’éviter que certaines personnes soient exclues des services bancaires. Elle garantit entre autres aux citoyens le droit d’ouvrir un compte à vue et de réaliser des virements bancaires. Les banques peuvent malgré tout refuser certains clients, par exemple s’ils ont été reconnus coupables de fraude. Le service bancaire de base n’est pas nécessairement gratuit. D’après la loi, les banques peuvent facturer (en 2019) 16,20 euros maximum par an. Ce montant est soumis à l’indice des prix à la consommation et est donc revu chaque année. Pour ce montant maximum, les clients peuvent ouvrir un compte à vue et obtenir une carte de débit. Ils peuvent donc également réaliser des virements et payer leurs factures par domiciliation.