Combien m’en restera-t-il net en mains? C’est LA question quand on parle des revenus professionnels. Parfois, quand on a retiré les impôts et les cotisations sociales, il ne reste qu’à peine la moitié de votre rémunération brute.
Le gouvernement aussi en est conscient. Pour diminuer la pression fiscale sur les revenus du travail, il a mis en place un tax shift à la fin de 2015. Celui-ci doit alléger l’impôt sur le travail, et le faire glisser vers d’autres formes d’impôt.
C’est une bonne nouvelle déjà pour vos revenus de 2016, que vous devez mentionner dans votre déclaration fiscale de 2017. Deux mesures vont tempérer la facture fiscale finale. Premièrement les travailleurs salariés peuvent déduire plus de frais de leurs revenus professionnels. Deuxièmement, une partie plus importante de votre revenu imposable sera imposé au taux d’imposition le plus faible de 25%.
1. Déduction de frais plus élevée
Ce n’est pas la totalité de votre revenu professionnel qui est imposée: vous pouvez en déduire les frais que vous avez exposés pour les acquérir ou les conserver. Les salariés, les fonctionnaires, les titulaires de professions libérales, les dirigeants d’entreprise et les conjoints aidants peuvent inscrire dans leur déclaration les frais réels qu’ils ont faits, mais ils peuvent aussi choisir un forfait. Ce qu’on appelle les "frais professionnels forfaitaires" constitue le minimum auquel ils ont de toute façon droit, sans rien devoir prouver comme frais réels.
Le niveau des frais forfaitaires dépend de votre revenu, mais il est plafonné. L’an dernier, ce plafond a été relevé une première fois pour les salariés, de 3.950 euros à 4.090 euros. C’est encore le cas cette année: il passe de 4.090 euros à 4.240 euros.
"La manière de le calculer aussi a été revue, ce qui permet à nombre de travailleurs qui bénéficient de ce forfait de le voir encore augmenter", ajoute Maxime Duymelinck de PwC Tax Consultants. "Et ce nombre sera encore plus élevé pour l’année de revenus 2018 (déclaration de 2019)." Le mode de calcul sera à nouveau simplifié, et le plafond encore relevé jusqu’à 4.530 euros.
Attention!
Pour les titulaires de professions libérales, les dirigeants d’entreprise indépendants et les conjoints aidants, les anciens plafonds restent en vigueur. À titre de compensation, ils tirent profit de la diminution de leurs cotisations sociales sur un revenu allant jusqu’à 56.182,25 euros. Le taux des cotisations a baissé en 2016 de 22% à 21,5%. En 2017, il passe à 21% et à partir de 2018, ce sera 20,5%.
2. Modification des barèmes d’impôt
Les taux d’imposition sont progressifs dans notre pays: plus votre revenu est élevé, plus le taux d’imposition est élevé. Comment cela fonctionne-t-il ? Lors du calcul de l’impôt, vos revenus sont répartis en tranches successives. En passant à une tranche supérieure, le taux qui s’applique augmente. Ce taux débute à 25% et plafonne à 50% (voir tableau).
À quel taux votre revenu est-il imposé?
Tranche de revenu | Taux d'imposition |
---|---|
Tranche de revenu jusqu'à 10.860 euros | 25% |
Tranche de revenu de 10.860 euros à 12.470 euros | 30% |
Tranche de revenu de 12.470 euros à 20.780 euros | 40% |
Tranche de revenu de 20.780 euros à 38.080 euros | 45% |
Tranche au-delà de 38.080 euros | 50% |
Pour vos revenus de 2016, le barème a été modifié: aussi bien les taux que les tranches. Une plus grande partie de votre revenu est imposée au taux d’imposition le plus faible de 25%, ce qui diminue votre facture fiscale. Concrètement, la partie de votre revenu qui est imposée à 25% est passée de 8.710 euros à 10.860 euros. Cela signifie que 2.150 euros ne sont désormais plus imposés à 30%, mais à 25%. Cela donne un bénéfice immédiat de 107,50 euros.
Une seconde phase interviendra pour les revenus de 2018, où le taux de 30% disparaîtra totalement. "La suppression de la tranche de revenus imposée à 30% a été critiquée par d’aucuns parce que certains parents avec des enfants à charge ne vont pas (beaucoup) bénéficier de cette suppression. En effet, vu le niveau élevé de leur quotité exemptée d’impôt, ils vont assez vite se retrouver dans la tranche d’imposition de 40%, loupant au passage la suppression du taux de 30%. Mais le calcul de l’impôt a été modifié pour rencontrer ce problème", selon Maxime Duymelinck. Concrètement, les ménages avec un revenu trop limité verront l’avantage fiscal non utilisé converti en un crédit d’impôt, c’est-à-dire en une somme qui leur sera remboursée.
Une autre modification sera apportée au barème de 2018: la tranche de 45% ne sera appliquée qu’à partir d’un revenu plus élevé.
3. Une quotité exemptée d’impôt plus élevée
Une troisième mesure est prise, mais elle n’aura d’effet que sur vos revenus qu’en 2018. On va relever la quotité exemptée d’impôt, ce qui entraînera qu’une partie plus importante de votre revenu échappera à tout impôt.
Pour votre déclaration de cette année, la quotité exemptée d’impôt va jusqu’aux premiers 7.130 euros de revenus. Sur ce montant s’ajoutent des majorations: pour chaque enfant ou autre personne à charge, pour les isolés avec enfants, pour les personnes handicapées, etc. Si votre revenu imposable est inférieur à 26.510 euros, la quotité exemptée d’impôt est de 7.420 euros.
Le saviez-vous?
Pour vos revenus de 2016, le barème d’imposition a été modifié: aussi bien les taux que les tranches. Une plus grande partie de votre revenu est imposée au taux d’imposition le plus faible de 25%, ce qui diminue votre facture fiscale.
Dans une première phase, le plafond de revenus qui permet de bénéficier de cette quotité exemptée d’impôt plus élevée va être relevé à partir de 2019 (revenus de 2018), de 26.510 euros à 43.930 euros. Il y aura donc plus de contribuables qui y auront droit.
À partir de l’exercice d’imposition 2020, il n’y aura plus qu’une seule quotité exemptée d’impôt de base, quel que soit le niveau du revenu: 8.330 euros. Ce relèvement va augmenter la part de votre revenu qui échappe au taux d’imposition de 25%. "Cela procurera une économie d’impôt de 255 euros pour quelqu’un qui a droit à la quotité exemptée d’impôt ordinaire et de 300 euros pour celui qui a droit à la quotité exemptée d’impôt majorée", a calculé Maxime Duymelinck. "L’économie peut encore être plus importante pour les contribuables avec des enfants ou d’autres personnes à charge."