Vous avez beau vouloir ce qu’il y a de mieux, c’est la vie in fine qui dicte sa loi. Même si vous avez bien fait vos devoirs et dressé un plan financier clair, tout ne se déroule pas toujours comme vous l’aviez imaginé. Peut-être votre patrimoine est-il parfaitement structuré, avec une partie en immobilier, des fonds qui sont immédiatement mobilisables et, enfin, un peu plus de risque pour l’argent dont vous pouvez vous passer un bon moment.
Mais voilà que votre relation flanche. Vous décidez de racheter le logement familial et du coup, la répartition équilibrée de votre patrimoine se voit chamboulée. Peut-être devrez-vous vendre tout à coup vos placements pour injecter tout le cash dans la maison…
Un accident ou une maladie grave peut aussi avoir des conséquences lourdes. Votre rémunération fera peut-être place à un revenu de remplacement bien plus congru. Avec tout ce que cela entraîne pour la constitution de votre pension que vous aviez planifiée.
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"Une autre source d’incertitude est la législation qui change à tout bout de champ", ajoute Romina Mandaglio, des planificateurs financiers indépendants Stremersch, Van Broekhoven & Partners.
→ À partir de septembre prochain, entre en vigueur le nouveau droit successoral. Pourrez-vous trouver votre compte dans ces nouvelles règles successorales légales? Ou vous faudra-t-il modifier votre contrat de mariage, une donation ou un testament?
→ Le relèvement de l’âge légal de la pension est un autre exemple d’une législation mouvante. Cette mesure influence notamment le moment où vous toucherez votre capital de pension complémentaire.
"Un plan financier personnel n’est jamais statique ni fait une fois pour toutes. Même sans événement exceptionnel, il vaut mieux y jeter un œil une fois par an pour vérifier que tout se tient et le mettre à jour le cas échéant", insiste Romina Mandaglio.
Comment appréhender des événements imprévus?
Étape 1 - Faites un inventaire
"Tout commence par un inventaire de votre situation actuelle. Faites une liste de tout ce que vous possédez", explique Romina Mandaglio. Non seulement vos immeubles, mais aussi vos avoirs en comptes d’épargne, vos placements, votre assurance groupe, votre capital de pension, etc. Contrôlez aussi les dettes que vous devez encore rembourser.
Parallèlement, établissez une liste de tous vos revenus (attendus) et mettez-les en face de vos dépenses. "Une succession future doit également être reprise dans votre inventaire, même si vous ne pouvez évidemment jamais savoir quand elle arrivera, poursuit Romina Mandaglio. Le plus souvent, vous n’êtes pas le seul héritier. Vous devez donc prendre en compte vos frères et sœurs, qui ont peut-être un partenaire de leur côté."
Conseil
Rassemblez tous vos documents juridiques, économiques et fiscaux en un seul classeur. Par exemple votre contrat de mariage, vos contrats d’assurance, les extraits de votre constitution de pension, les actes de donation et les statuts de votre société. Si quelque chose se passe, vous pouvez rapidement retrouver ce classeur et vous avez immédiatement sous la main tous les documents importants.
Étape 2 - Établissez des scénarios financiers "Quid si"
- Quid si vous perdez votre emploi?
- Quid si vous avez un accident?
- Quid si vous tombez gravement malade?
- Quid si vous décédez?
- Quid si vous divorcez?
- Etc.
Examinez l’impact de chaque événement sur votre revenu et si vous êtes assuré contre ces événements? Dans chacune de ces situations, reste-t-il un excédent sur vos revenus ou serez-vous plutôt "trop court"?
Il existe plusieurs interventions des pouvoirs publics et des indemnités d’assureurs pour adoucir la perte de revenus et autres. Ainsi, en remplacement de votre revenu professionnel habituel, vous retomberez probablement sur une indemnité de maladie, d’invalidité ou de chômage selon les cas. "On ne se rend pas toujours compte qu’un revenu de remplacement n’est pas forcément suffisant pour payer les études des enfants", pointe Romina Mandaglio.
Vous pouvez certes puiser des revenus supplémentaires d’assurances complémentaires, comme une assurance invalidité ou une assurance contre l’incapacité de travail. Les coûts d’une hospitalisation sont payés en partie par la mutuelle, mais souvent une assurance hospitalisation n’est pas un luxe.
En cas de décès, la perte de revenu pour le partenaire est par exemple tempérée par une pension de survie, alors que l’emprunt pour l’habitation peut être remboursé par une assurance de solde restant dû.
Conseil
"Certes, ce n’est probablement pas votre littérature favorite, mais prenez quand même la peine d’éplucher vos contrats d’assurance et contrôlez-en les conditions. Les différentes couvertures correspondent-elles à vos souhaits? Demandez tous les deux ou trois ans à votre courtier d’en faire le tour", recommande Romina Mandaglio.
Et même si ce n’est pas l’aspect le plus romantique de votre mariage, précisez dans un contrat de mariage la répartition de vos avoirs en cas de divorce. Vous pouvez aussi par exemple y convenir la manière de répartir les revenus si un partenaire met sa carrière entre parenthèses pour s’occuper des enfants.
Étape 3 - Établissez des scénarios juridiques "Quid si"
L’aspect financier est une chose, mais pensez aussi aux conséquences juridiques de ces divers scénarios "quid si".
- Qui s’occupera des enfants si quelque chose vous arrivait?
- Qui aura la gestion et la jouissance de l’héritage de vos enfants mineurs? "Ceci est un point d’attention pour des partenaires séparés", pointe Romina Mandaglio.
- Qui va administrer vos biens si vous n’en êtes plus capable, par exemple après un accident grave ou en cas de démence? Vous pouvez prévoir des dispositions en la matière dans une procuration. Indiquez à qui vous donnez ce pouvoir, quand il peut l’exercer et jusqu’où il peut aller.