Vous trouvez peut-être qu’un travail à temps plein, c’est déjà bien assez comme cela. Certains ne rechignent pourtant pas à se retrousser les manches pendant leurs loisirs. Pour d’autres, gagner un petit extra serait le bienvenu. Des projets de construction ou de rénovation, des enfants aux études, un beau voyage, autant de projets qui nécessitent parfois un apport financier supplémentaire.
Quelle que soit votre motivation pour gagner un peu plus, vous voulez que ces efforts supplémentaires ne rapportent pas que des ronds de carottes. Beaucoup envisagent alors de s’installer comme indépendant à titre complémentaire. Ou de travailler au noir, ce qui n’est pas vraiment une option, car on entre alors dans le domaine de la fraude sociale et fiscale…
Quelles options s’offrent dès lors à un salarié désireux d’arrondir ses fins de mois?
1. Opter pour le "travail de loisir"
Dans l’accord de cet été, le gouvernement a décidé non seulement d’élargir le système des flexi-jobs, mais aussi de lancer le concept de "travail de loisir". À partir de janvier 2018, toute personne qui travaille au moins à 4/5 ou qui est pensionnée pourra gagner jusqu’à 500 euros par mois ou 6.000 euros par an sans payer ni cotisations sociales ni impôts. Mais pas dans le cadre de n’importe quelle activité! On se situe en effet à la frontière entre le travail bénévole et le travail rémunéré. Songez par exemple au coach de jeunes dans un club sportif amateur, au dirigeant d’une chorale, à l’accueil postscolaire ou encore à l’accueil à domicile pour des personnes nécessitant des soins. Un système similaire a été mis en place pour l’économie participative (Uber, Airbnb, etc.) et les particuliers qui s’échangent des services. Attention que ces revenus doivent être repris dans la déclaration fiscale annuelle.
2. Prester des heures supplémentaires chez son employeur
Pourquoi aller voir ailleurs alors que la solution est peut-être à portée de main? Parce que les employés ont une rémunération mensuelle fixe et qu’ils ne gagnent donc pas davantage s’ils travaillent plus, direz-vous? Ou parce que vous êtes convaincu qu’il ne restera pas grand-chose de ce que vous toucheriez pour des heures supplémentaires? "Ce sont là deux mythes qui ont la peau dure", selon Dirk Wijns, expert en droit social et en fiscalité personnelle auprès du secrétariat social Acerta.
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"Le principe général est en effet que celui qui travaille plus doit récupérer ces heures supplémentaires. Mais celui qui travaille à temps plein peut convenir avec son employeur que ce ne sera pas le cas. Du moins, dans certaines limites. On ne peut pas travailler plus de 11 heures par jour ni 50 heures par semaine. Et on ne peut pas dépasser 143 heures supplémentaires sur base annuelle."
Pour ces heures supplémentaires volontaires, l’employeur doit payer un supplément: 50% de la rémunération normale en semaine et 100% le dimanche ou un jour férié. Par heure prestée, on touche donc sa rémunération normale, plus ce supplément.
Sur ce supplément, sont prélevées des cotisations sociales de 13,07%, ainsi que l’impôt au taux marginal progressif. Il s’agit du taux d’imposition le plus élevé, celui de la tranche dans laquelle vos revenus se situent. C’est ce qui fait dire à d’aucuns que, tout comme pour le pécule de vacances et la prime de fin d’année, on ne retire en fin de compte pas grand-chose de ses efforts. "Mais c’est un faux argument, estime Dirk Wijns. Car c’est tout aussi vrai pour chaque euro d’augmentation qu’un travailleur obtient."
Concrètement: Celui qui gagne 4.340 euros bruts par mois voit son supplément pour les heures supplémentaires diminué des cotisations sociales de 13,07% et ensuite imposé au taux marginal de 53,50%.
3. Chercher un deuxième boulot
Vous pouvez parfaitement conclure un contrat de travail avec un deuxième ou un troisième employeur, voire davantage. "Il n’y a pas de limite sur ce plan dans le droit du travail. En théorie, n’importe qui peut travailler 24 heures sur 24, 7 jours sur 7", précise Dirk Wijns. Sauf évidemment si vous avez pris un crédit-temps avec motif ou un congé thématique (mais pas si vous aviez déjà ce deuxième ou troisième contrat de travail avant d’opter pour ce système).
En principe, vous ne devez pas demander l’autorisation de votre premier patron pour exercer un second métier. "À moins naturellement que vous alliez vous faire embaucher dans une entreprise concurrente. Dans ce cas, il vaut mieux que cela se fasse en concertation avec votre employeur", nuance Dirk Wijns.
Celui qui travaille pour plusieurs patrons percevra une rémunération de chacun d’eux, qui retiendra automatiquement les cotisations sociales et le précompte professionnel sur votre salaire. "De ce fait, vous vous constituez des droits de sécurité sociale chez chacun de vos patrons", indique Dirk Wijns.
Attention! Chaque employeur retient le précompte professionnel comme si vous étiez exclusivement à son service. Lorsqu’on additionne les rémunérations perçues chez les différents employeurs, la note fiscale peut toutefois s’avérer salée. Car vous devrez payer un supplément d’impôt, comme le montre l’exemple ci-dessous! Pour calculer le précompte professionnel dû, chaque employeur remet en effet les compteurs à zéro. En travaillant pour plusieurs employeurs, vous avez certes plus d’argent en mains à la fin du mois que celui qui ne travaille que chez un seul employeur, mais au niveau de la déclaration fiscale, tous vos revenus seront additionnés, ce qui vous mène à une tranche d’imposition plus élevée!
4. Chercher un flexi-job
Pour lutter contre le travail au noir, un système de flexi-jobs a été instauré à la fin de 2015. Ainsi, quelqu’un qui a déjà un boulot peut travailler en plus dans un café ou un restaurant. Côté rémunération, le net équivaut au brut. Il n’y a ni cotisations sociales ni impôts à payer. Ce que vous gagnez ne doit pas non plus être mentionné dans votre déclaration fiscale. Pour sa part, l’employeur paie bien 25% de cotisations sociales.
Les syndicats avaient espéré que la Cour constitutionnelle renonce à ce système, mais ils n’y sont pas parvenus. La voie est donc ouverte pour un élargissement du système, au début de l’an prochain, au commerce de détail, aux boulangers, aux bouchers et aux coiffeurs, comme le gouvernement fédéral l’avait décidé initialement.
Attention! Si vous voulez occuper un flexi-job au cours d’un trimestre, vous devez avoir travaillé au cours des 3 trimestres précédents à au moins 4/5 chez un autre employeur (ou plusieurs). La condition de travail des 3 trimestres est réexaminée chaque trimestre. Cette condition pose problème aux enseignants qui ne sont pas nommés. Vu qu’ils sont considérés comme des chômeurs pendant les mois d’été, ils ne peuvent plus accepter de flexi-job l’année suivante en avril, mai et juin… Mais bien le reste de l’année.
Conseil
Un travailleur qui hésite entre prester des heures supplémentaires chez son employeur ou trouver un flexi-job devrait pencher en faveur des heures supplémentaires dès qu’il gagne 2.330 euros bruts ou plus par mois. "Il garde ainsi 1.700 euros en mains, mais aussi longtemps qu’il ne dépasse pas les plafonds de rémunération, il se constitue en plus des droits sociaux, comme une indemnité de maladie plus élevée ou une pension plus confortable", raisonne Dirk Wijns.
Il n’est pas non plus possible de se lancer dans un flexi-job ou d’en augmenter le nombre d’heures si on touche une allocation de l’ONEM ou si on a pris un crédit-temps ou un congé thématique. Sauf si on exerçait déjà le flexi-job depuis plus de 3 mois avant de prendre le congé thématique ou le crédit-temps. Il en va de même pour le congé de maternité.
Le nombre d’heures qu’on peut prester dans un flexi-job n’est pas limité. "En théorie, quelqu’un qui travaille à 4/5 peut occuper un flexi-job à temps plein sur le côté", avoue Dirk Wijns. On peut aussi combiner plusieurs flexi-jobs.
Comme il ne paie pas de cotisations sociales, le flexi-jobeur ne se constitue pas non plus de droits sociaux. Pour l’assurance-maladie ou pour la pension légale, le travailleur retombe donc sur les droits qu’il se constitue chez son "employeur principal".
La rémunération d’un flexi-job s’élève à 9,88 euros minimum par heure, montant intégralement payé. "Celui qui preste un flexi-job à temps plein perçoit donc environ 1.700 euros par mois", a calculé Dirk Wijns.