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Qui sont les millionnaires belges?

Plus d’un Belge sur 30 est millionnaire en dollars, soit 3,2% de la population ou 358.219 personnes. Mais qu’est-ce qu’être (vraiment) riche? Qui sont ces millionnaires, où vivent-ils et quel est leur patrimoine?
©EPA

Plus d’un Belge sur 30 est millionnaire en dollars, patrimoine immobilier compris, selon une étude de Credit Suisse à fin 2014. Soit 358.219 personnes ou 3,2% de la population. La plupart (336.406 personnes) possèdent entre 1 et 5 millions de dollars. Puis, un peu à la manière d’un résultat du tirage du Lotto, les heureux millionnaires se raréfient à mesure que les fortunes augmentent.

Une autre étude à paraître le 17 juin prochain (Capgemini) chiffre quant à elle à un peu plus de 100.000 (en hausse de 8% sur un an) le nombre de millionnaires belges si on retire la valeur de leur logement, mais ces chiffres restent à confirmer par le consultant. Ils posséderaient en moyenne 2,25 millions de dollars.

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Et d’après une étude de l’Université d’Anvers basée sur une enquête de la Banque centrale européenne, 6% des ménages belges (dont trois quarts de retraités) détenaient plus d’un million d’euros d’actifs en tous genres en 2009.

©IPADGRAPH

Knokke, épicentre de la richesse belge

Où vivent-ils? Les trois-quarts des 500 Belges les plus riches vivent en tout cas en Flandre, selon le journaliste flamand Ludwig Verduyn, qui a publié hier un nouveau classement sur la base des rapports annuels des sociétés. Et comme beaucoup de grosses fortunes belges sont domiciliées à Knokke, un quart d’entre elles sont établies en Flandre occidentale. Viennent ensuite les provinces d’Anvers (21%), de Flandre orientale (16%), Bruxelles (13%), le Brabant flamand (8%), Liège et le Hainaut (4% chacune), le Limbourg et le Brabant wallon (3% chacune), et les provinces de Namur et Luxembourg (1% chacune).

"Si vous avez 75 ans, 2 millions d’euros et votre logement payé, oui, vous êtes riche"

Étienne de Callataÿ
Chief economist Banque Degroof

On sait que les plus imposants patrimoines, juste derrière l’homme d’affaires carolo Albert Frère, l’oligarque belgo-ouzbek Patokh Chodiev et le fondateur d’Omega Pharma Marc Coucke, sont issus de familles actionnaires de grandes sociétés, cotées ou pas. D’autres appartiennent à des entrepreneurs.

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Sans oublier les millionnaires produits en quelques mouvements de tambour par la Loterie nationale depuis sa création en 1978. Au bas de ce classement, on retrouve la masse de ceux qui ont accumulé, par un beau salaire et/ou les hasards de leurs placements financiers, de quoi rassembler une telle somme.

L’argent, on ne parle que de ça. Il est au cœur de l’actualité économique et financière, forcément, mais aussi des débats politiques, des scandales sportifs ou des conversations aux librairies-tabac. C’est un sujet qui fascine ou qui dégoûte mais qui laisse rarement indifférent.

La série de reportages candidement intitulée "Dans la peau d’un millionnaire" n’a d’autre ambition que de s’amuser à comparer nos trains de vie, par le petit bout de la lorgnette. Non dans l’intimité des "riches" mais en choisissant délibérément de plonger dans ces clichés qui sont censés nous en éloigner.

Cliquez ici pour consulter notre dossier.

Selon le dernier rapport "Global Wealth" de Credit Suisse, les Belges ne constituent que 1% des millionnaires en dollars dans le monde. Mais ils comptent tous ensemble parmi les plus riches de la planète, avec un patrimoine moyen de 300.850 dollars par adulte à la fin 2013, à la septième place d’un classement mondial emmené par les Suisses (581.000 dollars par adulte).

C’est davantage que notre dernier comptage sur la base des chiffres de la Banque nationale (190.500 euros net de dettes par citoyen belge, patrimoine immobilier compris) mais peu importe, on a l’idée: la Belgique compte un grand nombre de beaux patrimoines.

Qui sont-ils? Comment vivent-ils? Et d’abord, à partir de quand doit-on être vraiment considéré comme "riche"?

Être riche, c’est quand on…

Plusieurs notaires et professionnels de la gestion de fortune situent le début de la fortune aux environs de 3 millions d’euros. "Avant, c’était très simple, note l’un d’eux. On comptait un rendement de 5%, ce qui produisait une rente 150.000 euros par an, ou 12.500 euros par mois. Pour un couple, cette somme permet de vivre très confortablement, même si elle ne l’autorise pas à parcourir le monde en première classe pour autant et qu’il y a toujours moyen d’avoir un plus grand train de vie. Mais la baisse des taux a tout chamboulé. Ceci dit, de plus en plus de clients décident aussi d’arrêter de se casser la tête et de consommer une partie de leur capital, tant qu’à faire…"

Robert van der Eijck, CEO de Capgemini Belgium, situe plutôt la vraie richesse à partir de 25 millions d’euros. "C’est ce qu’on appelle les Ultra High Net Worth Individuals. C’est à partir de ce montant-là que vous avez droit aux services complets de banques privées spécialisées ou de wealth management, même si les grandes banques de détail appellent déjà private banking le service aux clients qui disposent de 500.000 euros." Des services complets? "Des services plus personnalisés", répète malicieusement le manager, se gardant de s’aventurer dans l’explication des techniques de planification successorale.

4.000 -5.000 €
"Un couple de retraités se sent bien quand il dispose de 4.000 à 5.000 euros par mois."

Mais pas seulement. "Vous êtes à la Côte d’Azur et vous voulez louer un bateau. Ce que demandent les clients aujourd’hui, surtout les plus jeunes, c’est un contact unique pour débloquer les fonds, aller louer le bateau, s’occuper du contrat d’assurance, etc. Bref, un service complet de conciergerie. Cela nécessite toute une équipe avec différentes expertises." Une tendance que les banques privées auraient encore du mal à suivre en Belgique, selon lui.

Les banques privées et les gestionnaires de patrimoine rechignent bien souvent à parler de "ticket d’entrée" officiel, assurant pouvoir "s’occuper d’un placement de 50.000 euros autant que de plusieurs millions". Parmi les grandes banques, comme chez BNP Paribas Fortis, on a résolu le problème en créant une unité dédiée aux grosses fortunes, en l’occurrence BNP Paribas Wealth Management, accessible à partir de 4 millions d’euros, tout en maintenant le seuil de la banque privée classique dès 250.000 euros.

Certains investissements ne s’adressent qu’à de gros pourvoyeurs de fonds, barrant de facto la route au citoyen lambda. "Si vous voulez entrer dans le private equity, un bon investissement avec un horizon de 10 ans, vous êtes vite à 5 millions d’euros par opération, note un banquier privé. Ce qui veut dire que vous devez avoir au moins 50 millions à votre disposition si vous voulez rester raisonnable en termes de diversification".

Étienne de Callataÿ, chief economist de la Banque Degroof, note de son côté que la richesse dépend finalement aussi de l’âge. "Si vous avez 75 ans, 2 millions d’euros et votre logement payé, oui vous êtes riche, car vous pouvez manger votre capital. Ce qui n’est pas le cas si vous avez 40 ans et 500.000 euros." Il note que ce seuil hautement subjectif dépend aussi de son train de vie dans le passé ou encore de son aversion au risque mais qu’il se situe "certainement quelque part entre 1 et 5 millions d’euros".

Enfin, Marc Fondu, de la société de gestion de patrimoine Patrimonia, constate qu’"en général, lorsque sa maison est payée et qu’il n’a plus aucune charge à payer, un couple de retraités se sent bien lorsqu’il dispose de 4.000 ou 5.000 euros par mois". Autrement dit, "s’il dispose déjà d’une pension de 1.500 euros, il a besoin d’un capital d’un million d’euros à raison d’un rendement de 3 ou 4%, que l’on peut parfaitement atteindre avec des investissements diversifiés dans des maisons de repos et des fonds mixtes".

Être riche, qu’est-ce que ça change finalement? Si ce jeune créateur de start-up devait le résumer, lui qui vient d’empocher 4 millions d’euros en revendant sa société, "c’est ne plus s’inquiéter de rien: je me réveille tous les jours en me disant que, quoi je fasse, quoi qu’il arrive, j’ai assez d’argent pour vivre jusqu’à la fin de ma vie". Et puis les mots d’Étienne Davignon, quand on lui demandait s’il se considérait comme riche, consoleront tout le monde: "On est toujours le pauvre de quelqu’un d’autre."


Selon une étude américaine réalisée à grande échelle (450.000 répondants) par l’économiste Angus Deaton et le psychologue Daniel Kahneman, le salaire qui permet d’être heureux est de 75.000 dollars par an, soit un peu plus de 6.000 euros par mois.

Au-delà de ce montant, l’humeur quotidienne ne s’améliore plus beaucoup, dit l’étude en substance.

À cette notion d’utilité marginale décroissante, l’économiste Étienne de Callataÿ greffe, quand on l’interroge au sujet du patrimoine idéal, "l’angoisse du jamais assez" qui est, elle, exponentielle. Il s’explique: "Si je demande à quelqu’un s’il est à l’aise avec le million d’euros qu’il possède, il me répondra: oui mais ce serait mieux 2 millions pour être vraiment zen. S’il a déjà 2 millions, il me répondra 4 et s’il en a 100, il me dira 200". Bref, on n’en a jamais assez.

L’accumulation d’avoirs, comme si on était éternel, a pourtant quelque chose de stupide. Et, à l’opposé, "vouloir absolument laisser quelque chose à ses enfants, quitte à se priver soi-même et même quand ils n’en ont pas besoin, n’a pas beaucoup plus de sens", complète le chief economist de la Banque Degroof.

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