Investir est à nouveau «hot». De plus en plus d’épargnants, dont de nombreux jeunes, constatent que le rendement de leur compte d’épargne ne suffit pas pour compenser l’inflation. À long terme, le rendement des actions est supérieur à l’inflation, ce qui vous permet de faire grandir votre épargne. Au cours des 120 dernières années, les portefeuilles d’actions internationales ont rapporté en moyenne 5,2% par an. Ce chiffre est calculé «après inflation», ce qui signifie qu’il s’agit d’une augmentation réelle du pouvoir d’achat. Si nous nous basons sur les 20 dernières années, l’indice MSCI World – qui comprend les bourses des pays occidentaux – a augmenté de 5,7% par an malgré toutes les crises que nous avons connues durant cette période.
Un dicton populaire dit que lorsque vous entendez parler d’actions chez le boulanger ou le boucher, il est peut-être temps de sortir de la bourse. Plus les investisseurs inexpérimentés sont actifs, plus les prix peuvent être influencés par la cupidité ou des effets de mode qui n’ont plus rien à voir avec une saine évaluation des entreprises. Heureusement, les actions ne se négocient généralement pas à des prix excessifs, même si l’on peut dire que les bonnes affaires sont derrière nous.
Limiter les risques
Mais ceux qui investissent en bourse doivent être conscients des risques. Les corrections peuvent s’avérer violentes et de longue durée. Pendant la crise financière de 2008, au moment où tout le monde craignait une implosion du système financier, l’indice mondial a plongé de 42%. La plus longue période «bear» de notre histoire – l’ours (ou «bear») étant synonyme de bourses en baisse et le taureau («bull») de bourses en hausse – a duré pas moins de 14 ans. En moyenne, les marchés baissiers durent 14 mois. Il vaut donc mieux ne pas investir l’argent dont vous avez besoin à court terme. Car la question n’est pas de savoir si, mais quand les bourses subiront une correction. Ces corrections sont propres aux marchés boursiers. Elles entraînent aussi souvent dans leur chute les actions les plus qualitatives. Ceux qui ne peuvent pas vivre avec ces fluctuations ne sont donc pas à la bonne adresse.
Un deuxième risque est la faillite des entreprises. En tant qu’actionnaire – et donc copropriétaire – vous perdez généralement tout votre investissement. Si vous visez le long terme, vous avez donc intérêt à éviter les mauvais élèves qui se débattent en bourse depuis de longues années et qui provoquent des maux de tête. Les traders pourront parfois tirer les marrons du feu, mais ce n’est pas le cas des investisseurs qui se basent sur les fondamentaux.
La base de votre portefeuille doit être constituée d’entreprises de qualité ayant une longue expérience, un endettement faible et un bon management. Pensez à Sofina, Brederode, Elia, Fluxys, Microsoft, Apple ou ASML.
Podium de concert
Ceux qui sont conscients des risques et peuvent vivre avec les fluctuations de cours peuvent se protéger en élaborant un portefeuille solide. Une des activités les plus passionnantes pour un investisseur, c’est de choisir les entreprises, les trackers et/ou les fonds dans lesquels il investira. On peut comparer la composition d’un portefeuille avec la construction d’un podium pour un concert: il doit être suffisamment solide pour permettre à un groupe de faire les choses les plus folles et doit pouvoir résister au poids de l’ensemble du matériel.
La construction commence par le montage de la charpente métallique qui apporte la solidité. Pour votre portefeuille, il doit s’agir d’entreprises de qualité qui existent depuis de longues années, sont peu endettées et sont dirigées par un management compétent. Elles doivent également être capables de résister aux tempêtes, comme les holdings Sofina et Brederode et les sociétés de services aux collectivités comme Elia, l’exploitant du réseau à haute tension, ou Fluxys, le gestionnaire du réseau gazier. Ou encore de géants technologiques internationaux incontournables comme Microsoft, Apple ou ASML. Les fonds d’investissement diversifiés qui jouissent d’une excellente réputation et les trackers qui suivent un indice large peuvent faire partie de la structure en acier qui constitue la base de votre portefeuille.
Viennent ensuite les planches sur lesquelles le groupe donne le concert et qui doivent résister au poids des instruments de musique et des autres équipements, ainsi qu’un cadre arrière et latéral suffisamment solide pour soutenir la charpente du toit. Cette partie visible doit également être esthétique. Dans cette partie du portefeuille, vous pouvez placer des entreprises solides qui profitent des tendances structurelles en croissance dans la société. Pensez à la digitalisation, à la durabilité, au commerce en ligne, aux soins de santé, à l’émergence de la classe moyenne en Asie ou au vieillissement de la population. Parmi les entreprises qui font partie de cette catégorie, on trouve les sociétés informatiques comme Google (Alphabet), Amazon et Prosus, les bailleurs d’entrepôts comme WDP et Montea, les sociétés de stockage d’énergie comme Alfen, ainsi que Melexis, le fabricant de puces électroniques pour le secteur automobile.
La charpente doit protéger contre le soleil, le vent et la pluie, mais des fuites peuvent apparaître, ce qui vous obligera à remplacer de temps en temps certaines pièces. Cette partie de votre portefeuille peut accueillir des entreprises cycliques, qui fluctuent avec les hauts et les bas des cycles économiques. Elles sont souvent bon marché lorsque la conjoncture est basse, et (trop) chères lorsque le soleil brille. Parmi ces entreprises cycliques, on trouve des noms comme Bekaert, Aperam, ArcelorMittal, Sioen, Solvay ou CFE.
Feux d’artifice
Comme cerise sur le gâteau, votre portefeuille peut contenir de 10 à 20% de décorations que l’on trouve sur tous les podiums, comme des spots, un grand écran ou des feux d’artifice. Pensez aux entreprises qui se retrouvent souvent dans les médias, comme celles du secteur biotechnologique, aux entreprises plus risquées comme les petites sociétés minières, aux candidats au redressement comme le fabricant de couches Ontex, ou à l’entreprise de services dédiés aux chaînes de télévision, EVS. Les entreprises comme Greenyard, fortement endettées, mais qui sont sur la bonne voie, peuvent également en faire partie.
Il va sans dire que les tubes, les planches et la structure arrière – les fondamentaux qui doivent tout supporter – doivent représenter la majeure partie de votre portefeuille. Sinon, c’est l’ensemble qui pourrait s’effondrer, comme ce fut le cas d’un podium (heureusement vide) pendant la vague de chaleur qui a sévi pendant le festival Tomorrowland en 2019. Je l’ai vu de mes propres yeux. Et croyez-moi, vous ne voudriez pas vous y trouver au moment où l’enfer se déchaînera.