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Greenpeace recommande désormais 7 fournisseurs d'énergie

L’ONG de protection de l’environnement publie aujourd’hui son nouveau classement des fournisseurs d’électricité. Comment l’interpréter? Quelles sont les nouveautés? Est-il représentatif du marché?
©RV DOC

Changer de fournisseur d’énergie? Rien de plus simple! Non seulement c’est gratuit, mais en plus c’est très rapide. Il suffit de se munir du numéro de compteur EAN et de le communiquer au nouveau fournisseur. Ce dernier s’occupera ensuite de toutes les démarches, notamment celle qui consiste à résilier le contrat auprès du fournisseur actuel.

Mais pourquoi changer? Pour certains, c’est avant tout pour profiter des meilleurs tarifs disponibles sur le marché. Rien de plus. Pour d’autres, le tarif n’est pas tout: il est aussi question du nombre et de la qualité de services disponibles auprès d’un fournisseur (comme un service d’entretien de la chaudière par exemple ou la possibilité d’avoir un thermostat connecté).

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Et puis, il y a ceux qui veulent absolument choisir un fournisseur d’électricité "verte"! C’est à eux que s’adressent en tout premier lieu le classement de Greenpeace dont la mise à jour annuelle est disponible à partir d’aujourd’hui.

"À la base, on a construit cet outil pour aider les consommateurs à faire un choix mais au fur à mesure des années, ce classement s’est aussi installé comme un outil de lobby important pour orienter les choix stratégiques des fournisseurs", selon les explications de Juliette Boulet, la porte-parole de Greenpeace Belgique.

Les recommandés

En effet, Greenpeace note que l’impact qu’a le consommateur sur ce marché est particulièrement notable dans le classement 2017: le score moyen des 22 fournisseurs du marché passé au crible par l’ONG est plus haut que par le passé. "Dans un marché devenu dynamique et se tournant vers l’électricité verte, il y a désormais 7 fournisseurs que l’on peut recommander et on remarque que même certains grands acteurs cherchent à améliorer la qualité de l’électricité fournie", remarque Jan Vande Putte, expert Energie chez Greenpeace Belgique.  

©Greenpeace

En détail, ce sont toujours les coopératives qui occupent le haut de ce classement (voir infographie ci-contre): elles sont quatre à avoir obtenu le score maximum de "soleils". Ces fournisseurs – dont Ecopower et Cociter – sont donc hautement recommandés par l’ONG car ils impliquent le consommateur dans les décisions d’investissement. Avec leurs 3 soleils, trois autres fournisseurs sont aussi conseillés, parmi lesquels Eneco.

Les déconseillés

Même si des géants comme EDF-Luminus ou Electrabel-Engie se tournent davantage vers les énergies renouvelables (et que leurs capacités de production d’énergie verte dépassent largement celles des coopératives), ils sont toujours vivement déconseillés par l’ONG.

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Pourquoi une telle exclusion alors qu’Engie – par exemple – a clairement montré sa volonté d’arrêter la production d’énergie à partir du charbon et qu’il s’est retiré d’un projet anglais de construction de réacteurs nucléaires ? La réponse se trouve dans la méthodologie du classement, "qui est certes un choix idéologiques, mais celui-ci est complètement assumé", affirme Juliette Boulet.

Concrètement, Greenpeace étudie ce que fait vraiment un fournisseur – pas ce qu’il dit – en se penchant sur sa production, ses achats et, particulièrement sur ses investissements, c’est-à-dire "ce qu’une entreprise fait avec l’argent des consommateurs et comment elle voit l’énergie de demain", ajoute Jan Vande Putte.

Pour en revenir à l’exemple d’Engie-Electrabel, ce fournisseur n’a obtenu aucun soleil. "On ne peut pas nier qu’il y a des investissements dans le renouvelable mais à côté de ça, ce groupe est une surpuissance nucléaire et il effectue encore - au niveau mondial – des investissement qui ne sont pas du tout renouvelables", explique Juliette Boulet. 

"Avec ce classement, nous voulons donc montrer aux consommateurs qu’ils ont un vrai pouvoir entre les mains. En décidant à qui ils vont donner environ 1.000 euros (le montant annuelle moyen de la facture d’électricité d’un ménage belge), ils incitent directement les fournisseurs à changer leurs investissements et influent sur ce à quoi ressemblera notre avenir énergétique."

"Un classement critiquable"

Damien Ernst, professeur à l’ULg et spécialiste des microréseaux électriques n'a jamais été un fervent défenseur de ce classement. Voici pourquoi.

Quel est votre avis sur ce classement?

Ce classement n’est absolument pas représentatif du marché de l’énergie et est critiquable. Tout d’abord, parce qu’il donne la note la plus basse à des gros fournisseurs historiques d’électricité (Engie-Electrabel ou EDF-Luminus, ndlr) alors qu’ils ont fait d’immenses efforts ces dernières années pour développer des capacités de production d’énergies renouvelables et qu’ils ont même fait un désinvestissement dans le charbon. Ce sont d’ailleurs les plus grands développeurs d’éolien en Belgique. Mais Greenpeace les pénalise quand même car ils sont encore impliqués dans la filiale nucléaire. C’est dur !

Ensuite, je trouve qu’attribuer le score le plus élevé à des coopératives est complètement exagéré. Bien sûr, ce sont des modèles durables et socialement intéressant mais il faut savoir que quand les sources d’énergie renouvelable d’une coopérative ne produisent pas assez d’énergie pendant une période de marché pour couvrir la consommation de leurs clients, celles-ci sont bien obligées de se procurer de l’énergie sur les marché de gros, où rien ne garantit l’origine verte de cette dernière.

C’est quoi alors un vrai fournisseur vert ?

On pourrait réellement attribuer une note de 20/20 à une coopérative capable de fournir pour chaque période de marché tous ses clients avec ses propres moyens de production vert ou son propre stockage, lui-même rechargé avec ses propres productions. Et j’ai l’impression que ces coopératives en sont encore loin et qu’elle mériterait dès lors une note plus basse.

Quel serait alors un classement plus cohérent?

À mon sens, il faudrait une méthodologie uniquement basée sur l’émission de CO2 par kilowatt/heure. Ce classement serait plus simple et il favoriserait une économie qui réduit la production de dioxyde de carbone. 

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