Ces dernières semaines, les panneaux photovoltaïques sont revenus au devant de l’actualité à plusieurs reprises. De fait, le gouvernement wallon a décidé que les petites installations photovoltaïques agréées avant le 1er juillet 2019 seront exonérées du "tarif prosumer" (voir lexique) qui entrera en vigueur en 2020. Selon une estimation de la Cwape (le régulateur wallon du marché de l’électricité) qui conteste la décision du gouvernement wallon, la contribution pourrait s’élever à 334 à 447 euros par an pour une installation moyenne. Cette annonce pourrait donc inciter plus d’un ménage à franchir le pas vers ce type d’installation avant l’été.
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Du côté de Bruxelles, la seule Région du pays qui délivre encore une prime directe pour l’installation de panneaux solaires sous forme de "certificats verts" (voir lexique), la ministre bruxelloise de l’environnement, Céline Frémault (cdH), a rappelé qu’elle n’avait nullement l’intention de revoir à la baisse ce système, malgré les recommandations de Brugel (le régulateur bruxellois du marché de l’électricité).
Ici aussi, cette annonce pourrait convaincre davantage de ménages bruxellois à passer à l’électricité photovoltaïque. Surtout que le système favorable d’octroi de certificats verts (CV) facilite, uniquement dans cette Région, l’accès à l’installation de panneaux solaires sur son toit via le système du "tiers-investisseur" (voir ci-après).
Qu’à cela ne tienne, investir dans des panneaux photovoltaïques est de toute façon devenu un placement rentable même sans subside, notamment grâce au système de "compensation" (voir lexique).
Prosumer — Ce terme, qui est une contraction de producteur et de consommateur, désigne les ménages qui ont fait installer des panneaux solaires car ils produisent de l’électricité (dont l’excédent est injecté dans le réseau). Mais ils consomment aussi l’électricité de ce même réseau lorsque leurs panneaux n’en produisent pas.
Tarif prosumer — Celui-ci s’appliquera aux prosumers wallons à partir du 1er janvier 2020 pour leur utilisation du réseau de distribution. Il couvrira les frais de réseau liés aux kWh prélevés (d’où l’intérêt d’augmenter sa part d’autoconsommation). Il n’y aura pas contre pas de tarification pour les kWh injectés.
Certificats verts — Lorsqu’un particulier installe des panneaux solaires, il devient producteur d’électricité verte et, à ce titre, a droit à des certificats verts (CV), qu’il peut revendre sur le marché de l’énergie. Ce système de soutien est en vigueur uniquement à Bruxelles. En pratique, ces certificats sont octroyés pour une période de 10 ans. Plus un particulier produit d’électricité verte, plus il reçoit de CV. Leur valeur de revente est garantie à 65 euros et le prix de revente peut atteindre en moyenne 80 euros auprès des fournisseurs d’énergie.
Compensation: Cette aide indirecte est obtenue grâce au compteur qui "tourne à l’envers". Concrètement, lorsque l’électricité produite pas les panneaux solaires n’est pas autoconsommée, elle est réinjectée sur le réseau (et le compteur tourne alors dans le sens inverse). Actuellement (et en attendant 2020) un prosumer wallon ne paie des frais de réseau que si, au bout de l’année, il a consommé davantage d’électricité qu’il n’en a produit et seulement sur la différence entre sa consommation totale et sa production totale.
D’ailleurs, "il faut foncer", selon Damien Ernst, professeur à l’ULg et spécialisé dans les systèmes électriques, qui parle même d’un investissement"extrêmement"rentable. Il ajoute: "Même si la législation et la taxation changent encore au cours des mois et des années à venir, vous aurez de toute façon un retour rapide sur investissement. Dans le pire des scénarios, il sera de 10 ans sur une installation qui a une durée de vie de 25 à 30 ans. Autrement dit, investir dans des panneaux photovoltaïques, c’est acheter au moins 20 ans d’électricité gratuite." Mais c’est surtout l’assurance d’obtenir de l’électricité à un prix plus bas que celui du marché.
Prix d’une installation
D’après les experts de l’APERe (Association pour la promotion des énergies renouvelables), en à peine dix ans, l’investissement à consentir a été quasi divisé par 5. En effet, le prix d’une installation qui produit annuellement 3.500 kWh, ce qui est largement suffisant pour couvrir les besoins d’un ménage moyen, est passé de 25.000 à 5.000 euros, voire 6.000 euros selon les spécificités de certaines habitations (comme la difficulté d’accès à la toiture par exemple). "Ces chiffres doivent être soulignés car on constate que dans l’inconscient collectif, les citoyens ont encore en tête les prix affichés lors des premières vagues d’installation, selon Jonathan Leloux, expert en énergie solaire auprès de l’APERe. Désormais, on est face à des investissements plus légers et qui ne sont plus comparables à ceux qu’il est nécessaire de consentir pour changer des châssis ou isoler une façade. Les panneaux solaires sont donc quasiment à portée de toutes les bourses."
Financement
Si vous ne disposez pas de fonds propres suffisants, la plupart des banques proposent une offre de financement dont le TAEG oscille entre 1,55 et 1,95% pour les travaux de rénovation ou destinés à économiser de l’énergie (comme c’est le cas avec l’installation de panneaux photovoltaïques).
Mieux, il existe des crédits régionaux très bon marché, voire "gratuits". À Bruxelles, le "Prêt vert" permet ainsi d’accéder à un financement de 0 à 2% (en fonction de vos revenus) pour réaliser des travaux d’amélioration énergétique dans votre habitation.
Alors que la Wallonie a mis fin à son système de soutien, l’investissement reste très intéressant, même si la législation et la taxation sont encore appelées à évoluer. A Bruxelles, c’est encore plus rentable. Explications >
Côté wallon, la Région a prévu l’"Ecopack", qui fusionnera au printemps avec le "Renopack". La condition pour pouvoir bénéficier d’un taux à 0% pour le financement des travaux de rénovation ou économiseurs d’énergie est de disposer d’un revenu annuel brut par ménage inférieur à 97.700 euros.
Si vous habitez Bruxelles, vous pouvez par ailleurs profiter du système de tiers investisseur.
Tiers-investisseur
Des sociétés comme Brussels Energy, Brusol ou HelloSun pratiquent à Bruxelles un tel modèle. En pratique, elles installent et financent les panneaux et se rémunèrent au moyen des CV. Au bout de 10 années, le client, qui a entre-temps bénéficié de la réduction de sa consommation d’électricité, devient propriétaire des panneaux (moyennant parfois le paiement d’un euro symbolique).
Beaucoup s’interrogent sur l’intérêt d’un tel système. Il faut dire qu’en Wallonie, plusieurs sociétés avaient abusé du concept. C’était le client qui souscrivait le crédit. Résultat: quand ces sociétés ont fait faillite, des clients se sont retrouvés sans panneaux, sans subsides et avec un emprunt à rembourser. Rien de tel ici, même s’il faut être attentif aux petits caractères et savoir qu’au bout des 10 ans, il faudra remplacer l’onduleur — un poste qui peut vite grimper à 700 euros.
Il est cependant financièrement plus intéressant de réaliser l’investissement soi-même, sur fonds propres ou en recourant au "Prêt vert" bruxellois décrit plus haut. On bénéficie ainsi de l’entièreté des CV, en plus de la réduction de sa consommation.
Rentabilité
Il existe de nombreux simulateurs qui permettent de calculer la rentabilité d’une installation. Ceux-ci sont disponibles auprès de fournisseurs, comme Engie, Lampiris ou Eneco, auprès d’installateurs, comme Energreen, ou auprès d’associations comme l’APERe (qui va mettre son simulateur à jour la semaine prochaine afin d’inclure entre autres le tarif prosumer wallon).
Notre invité Philippe Delaisse (consultant en transition énergétique et bas carbone) a répondu à vos questions concernant l'installation de panneaux solaires: financement, rentabilité, taille de l'installation, taxation, prime, etc. Relisez notre chat ici >
"Cependant, cela reste compliqué de calculer la rentabilité exacte d’une installation vu le nombre d’inconnues dans les années à venir", selon Jonathan Leloux. D’ailleurs, à partir de 2023, la Belgique devrait progressivement installer (jusqu’en 2030) des compteurs intelligents. "Avec comme conséquence, un tarif prosumer pour toutes les installations, sans exception. Ce qui n’empêche pas les installations photovoltaïques de rester avantageuse pour le budget des ménages."
De son côté, Damien Ernst ajoute que l’installation des compteurs intelligents "finira par mettre fin au système de compensation en Wallonie". Notez que la fin de ce système est déjà prévue pour mi-2020 à Bruxelles.
"S’il faut quand même donner une indication de rentabilité, à l’heure actuelle, on obtient un rendement de 4% en Wallonie", selon les calculs de Jonathan Leloux. Dans le meilleur des cas, le prosumer peut s’attendre à un retour sur investissement sur 7 ans.
Pour Bruxelles, le rendement est supérieur pour ceux qui perçoivent les CV (et qui se passent donc du système du tiers-investisseur). En effet, leur perception permet de réduire la durée du retour sur investissement et l’impact de la disparition prévue du système de compensation. "Cela signifie qu’à partir de 2020, vous recevrez une facture pour toute l’électricité que vous avez prélevée sur le réseau, quelle que soit la quantité d’électricité que vous aurez injectée dans ce dernier, selon les explications de Brugel. Par contre, vous pourrez vendre votre électricité excédentaire. Il se peut toutefois, dans ce cadre, que les prix du marché pour la vente de l’électricité soient inférieurs à son prix d’achat. C’est pourquoi il est d’autant plus important d’utiliser un maximum de l’énergie que vous produisez."
Excédent d’électricité
Pour utiliser le surplus d’électricité produit durant la journée, différentes solutions peuvent être envisagées, dont la production d’eau chaude sanitaire. Pour cela, il faut s’équiper d’un "PV heater". Ce dispositif permet de détecter les surplus de production photovoltaïque et, au lieu d’injecter l’électricité produite sur le réseau, il déclenche une résistance électrique qui va chauffer une réserve d’eau. D’après une simulation du portail Vaverslesoleil.be, grâce au PV heater, le prosumer peut augmenter son autoproduction de 40 à 70%.
Le prosumer peut aussi investir dans une batterie domestique. Pour Damien Ernst, une telle installation n’est jamais rentable si elle est associée à un compteur qui tourne à l’envers pendant la production d’électricité. En revanche, dans le cas de l’installation d’un compteur bidirectionnel (couplé à un système de régulation qui favorise l’autoconsommation), le placement d’une batterie domestique pourra commencer à devenir intéressant. "Car il est alors possible d’optimiser sa consommation tout en évitant de devoir contribuer financièrement à l’utilisation du réseau."
L’expert reste néanmoins sceptique sur la rentabilité à long terme. "On peut déjà anticiper une taxe, directe ou indirecte, sur ces batteries quand leur déploiement deviendra massif. Sans cela, il sera impossible de financer les réseaux de distribution."
Assurance
Si vous êtes convaincu par cet investissement, sachez enfin que la plupart des contrats d’assurance habitation couvrent les panneaux solaires. Il n’est donc pas nécessaire de souscrire une assurance supplémentaire via l’installateur. "Néanmoins, prévenez votre assureur pour voir s’il n’y a pas lieu d’adapter votre contrat", conseille Patrick Cauwert, CEO de Feprabel, la fédération des courtiers en assurances. Selon les compagnies, cette adaptation ne signifie pas forcément des frais supplémentaires.