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Comment sécuriser votre épargne en période de baisse des taux?

Les rendements de l'épargne sont en baisse alors que la BCE poursuit son assouplissement monétaire. Comment assurer une rémunération maximale de vos économies dans ce contexte?
La fête qui avait à peine commencé est bel et bien terminée pour l'épargnant.
La fête qui avait à peine commencé est bel et bien terminée pour l'épargnant. ©Filip Ysenbaert

Alors que l'été a été particulièrement chaud sur le front de la concurrence bancaire, les banques – et les assureurs – s'étant livré une bataille acharnée sur le marché des produits d'épargne pour récupérer un maximum des 22 milliards d'euros qu'elles avaient laissé filer vers le bon d'État un an plus tôt, l'agitation est rapidement retombée.

Très vite, plusieurs banques ont clôturé – parfois de manière anticipative – les promotions sur leurs comptes à terme en revenant sur des taux moins attrayants.

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Et sur le front des comptes d'épargne également, les challengers – Santander et MeDirect les dernières en date –, ont commencé à réduire leurs taux une fois que l'opération "récupération des milliards du bon d'État" était terminée.

Cycle d'assouplissement monétaire

Mais bien sûr, les baisses de taux annoncées par les banques ne sont pas des décisions purement "cyniques": les décisions de politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) ont changé la donne. De fait, depuis le mois de juin, la BCE a entamé un cycle d'assouplissement monétaire. En baissant graduellement ses taux directeurs – encore jeudi à 3,25% –, elle rend l'épargne moins intéressante afin de relancer la consommation, alors que l'inflation semble maîtrisée.

Et cela ne va pas s'arrêter là. Selon Wim D'Haese, head of investment advice chez Deutsche Bank, "nous nous attendons à ce que les taux baissent encore de 1% d'ici à septembre 2025".

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Les banques qui proposent des taux à "haut rendement" sont les premières à réagir, "mais les grandes banques devraient aussi suivre. Les challengers ont par définition moins de marge et sont donc plus sensibles à la baisse des taux, d'où leur réaction plus rapide", explique Nicolas Claeys, spécialiste des produits de placement chez Testachats.

"S'il veut conserver un rendement attrayant, il faudra qu'il trouve un nouvel équilibre en jouant sur la composante 'sécurité' ou sur la composante 'disponibilité'."

Wim D'Haese
Head of investment advice (Deutsche Bank)

Inflation en hausse

Ajoutons à cela le facteur "inflation". Selon les prévisions du bureau du Plan, le taux d'inflation annuel devrait s'élever à 3,1% en 2024 et 1,8% en 2025. Déjà aujourd'hui, les meilleurs taux offerts par les banques pour rémunérer votre épargne ne battent quasi jamais l'inflation, ou à peine.

Le taux de 3% offert par ING et Argenta, ou celui de 3,15% proposé par vdk bank, est limité à un versement maximal de 500 euros par mois. Ces taux sont en outre composés en majeure partie d'une prime de fidélité, acquise seulement pour les versements restés douze mois consécutifs sur le compte. Chaque mois, le nouveau versement ne produit donc son intérêt maximal que douze mois plus tard. Au bout d'un an, seul le premier versement aura donc généré le rendement annoncé.

Bref, la fête qui avait à peine commencé est bel et bien terminée pour l'épargnant. Comme l'explique Wim D'Haese, "s'il veut conserver un rendement attrayant, il faudra qu'il trouve un nouvel équilibre en jouant sur la composante 'sécurité' ou sur la composante 'disponibilité' ".

De fait, le compte d'épargne rapporte peu, mais il combine une sécurité maximale (garantie des dépôts jusqu'à 100.000 euros) avec une disponibilité sans égale (retrait possible à tout moment, sans pénalité si ce n'est la perte éventuelle de la prime de fidélité). Pour recevoir davantage, il faut accepter quelques sacrifices.

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1/ Compte d'épargne

Selon Nicolas Cellières, planificateur financier et fondateur d'Optivy, "le compte d'épargne donne un faux sentiment de sécurité, car il est directement menacé par l'inflation". C'est pourquoi on conseille de n'y laisser que l'argent qui doit rester disponible en cas de coup dur, ou celui qui est épargné pour un projet court terme.

Ainsi, si vous n'avez pas besoin de votre épargne avant douze mois, privilégiez un compte avec une prime de fidélité élevée.

Même en période de baisse de taux et même si l'inflation rognera sans doute la valeur de vos économies, autant essayer toutefois de limiter la casse. Ainsi, si vous n'avez pas besoin de votre épargne avant douze mois, privilégiez un compte avec une prime de fidélité élevée. Le taux global sera plus élevé, mais vous renoncez à la disponibilité à tout moment. Si vous avez besoin de retirer votre argent avant un an, vérifiez plutôt que le taux de base est intéressant.

En sachant que, si votre banque annonce une baisse du taux de base, vos économies déjà stockées et vos futurs versements seront impactés. Et en cas de baisse de la prime de fidélité, seuls les versements qui interviennent après la modification seront concernés.

Attention aussi à ne pas changer de banque trop vite: si vous retirez vos économies avant un an, vous perdez intégralement votre prime de fidélité sur les versements qui n'auront pas tenu un an.

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2/ Compte à terme

Le constat du rendement par rapport à l'inflation est le même du côté des comptes à terme, dont le plus rémunérateur pour une échéance d'un an – Izola Bank – plafonne désormais à un taux net de 2,34%. Juste derrière, Argenta propose un taux net de 2,10%.

L'épargnant en recherche de rendement avec un horizon de placement relativement court aurait intérêt à s'intéresser aux produits de branche 26.

Auprès des autres banques proposant des comptes à terme à douze mois, les rendements sont inférieurs à 2%. L'intérêt d'un tel compte est la fixité du taux, il ne sera par définition pas impacté par la baisse des taux, mais en cas de retrait anticipé, des pénalités sont appliquées.

En fonction de la durée pendant laquelle l'argent peut être bloqué, Wim d'Haese conseille de fixer son taux "le plus longtemps possible".

3/ La branche 26

Alors que le rendement de la branche 21 a également commencé à baisser et s'adresse plutôt à des horizons de placement supérieurs à huit ans (pour des raisons fiscales), l'épargnant en recherche de rendement avec un horizon de placement relativement court aurait intérêt à s'intéresser aux produits de branche 26.

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Selon Nicolas Cellières, "c'est un chouette outil, qui peut être considéré comme l'équivalent 'assurance' du compte d'épargne ou du compte à terme. Le rendement est composé d'un taux de base et d'une participation bénéficiaire éventuelle. Dans certaines compagnies, il est possible de retirer son argent sans frais avant l'échéance", explique-t-il.

Au contraire d'une autre branche d'assurance placement, il n'y a ni assuré ni bénéficiaire, et il n'y a dès lors pas de taxe sur les primes (2%). Il s'agit juste d'un contrat de capitalisation, dont les intérêts seront toutefois soumis au précompte mobilier.

Pour investir en obligations, il existe deux options. La plus "safe" est celle du fonds à échéance ou à "maturité fixe" (...) les fonds obligataires "classiques" se placent un peu plus haut sur l'échelle du risque.

4/ Les obligations

"La grosse fenêtre d'opportunité pour entrer sur le marché obligataire, c'était il y a un an et demi, deux ans", rappelle Nicolas Cellières. C'est-à-dire en période d'anticipation de baisse des taux. De fait, lorsque les taux commencent à baisser, le prix de l'obligation augmente, parce que le coupon (le rendement de l'obligation) devient plus intéressant que le taux du marché.

Est-il alors trop tard pour entrer sur le marché obligataire, alors que l'on est en plein cycle de taux baissiers? Selon Nicolas Claeys, "les obligations sont devenues un peu moins rentables, mais elles permettent de se prémunir d'une baisse de taux. Il ne faut pas s'attendre à des rendements très élevés, mais plutôt proches de l'inflation".

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Pour Wim D'Haese, "il ne faut pas traîner! Dans six mois, les taux auront encore baissé et les conditions seront moins favorables". Alors que la courbe des taux s'est normalisée - les taux longs sont à nouveau plus élevés que les taux courts - il conseille de viser des horizons de placement de quatre ou cinq ans.

Pour investir en obligations, il existe deux options. La plus "safe" est celle du fonds à échéance ou à "maturité fixe". Dans un tel fonds, les obligations sont conservées jusqu'à échéance sur le principe du "buy and hold". Dès lors, les rendements sont prévisibles et le remboursement intervient à l'échéance du fonds sur base de la valeur d'émission.

"Vous pouvez opter pour un fonds obligataire en euro composé d'obligations 'investment grade' ou pour un fonds obligataire en dollars, plus sophistiqué mais avec un rendement plus attrayant."

Wim D'Haese
Head of investment advice (Deutsche Bank)

Les fonds obligataires "classiques" se placent un peu plus haut sur l'échelle du risque. "Ici, le rendement total est constitué d’une part de la distribution des coupons et d’autre part, de la valeur du fonds à sa revente. En période de baisse de taux, la valeur du fonds va monter, étant donné que la valeur des obligations qui le composent monte. Mais si les taux montent, la valeur du fonds va baisser", explique Wim D'Haese.

Dans ce segment aussi, le niveau de risque peut être plus ou moins élevé: "Vous pouvez opter pour un fonds obligataire en euro composé d'obligations 'investment grade' ou pour un fonds obligataire en dollars, plus sophistiqué mais avec un rendement plus attrayant", précise-t-il.

Immobilier ou épargne?

La baisse des taux d’intérêt rend progressivement moins attractifs les produits d’épargne et plus intéressants les emprunts hypothécaires pour financer l’achat d’un bien immobilier.

Les investisseurs les plus prudents qui s’étaient détournés du marché immobilier pourraient-ils être tentés, dans ce contexte, de réinvestir le marché au détriment des produits d’épargne?

Pour l’économiste Philippe Ledent, la réponse est plutôt "non".

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"Les produits d’épargne, qui sont liés aux taux courts, sont en train de baisser. Mais l’on peut trouver des obligations d’entreprises, par exemple, qui sont liées aux taux longs comme le marché hypothécaire, à des rendements autour de 3,5% similaires à ceux de l’immobilier. Elles constituent une réelle alternative plus liquide que l’immobilier, tout en se fatiguant moins."

"L’immobilier était systématiquement plus avantageux que l’épargne ou le marché obligataire en période de taux zéro, mais ce n’est plus le cas et la tendance ne devrait s’inverser", anticipe l’économiste, qui ne s’attend pas à un retour des taux planchers.

"Sinon, cela signifierait que la Banque centrale européenne doit baisser ses taux directeurs plus que prévu, ce qui revient à miser sur une récession, car la situation économique est plus mauvaise qu’anticipée par le marché", analyse l’économiste d’ING.

"Le marché immobilier restera de toute façon soumis à plus de concurrence qu’auparavant", conclut-il. M.R.

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