Mon argent La réponse à toutes vos questions d'argent
Publicité

Double risque de perte dans l'épargne-pension

Outre le piège fiscal entre 940 et 1.128 euros, le rendement réel, avantage fiscal compris, est systématiquement plus faible si on opte pour un versement supérieur à 940 euros.
©shutterstock

Faut-il verser davantage dans l’épargne-pension dès 2018? Le choix reviendra à chaque épargnant mais ceux qui le feront devront, d’une part, éviter le piège fiscal qui se dresse devant eux et, d’autre part, accepter d’abandonner une partie du rendement réel de ce troisième pilier des pensions. Voici pourquoi.

Pour rappel, à partir de l’an prochain, à l’initiative du ministre des Finances Johan Van Overtveldt (N-VA), il sera possible de placer jusqu’à 1.200 euros dans cette épargne individuelle destinée à constituer un complément de pension. Actuellement, le plafond est fixé à 940 euros. Cette limite subsistera mais uniquement pour calculer le montant de la réduction d’impôt attribuée au contribuable lorsqu’il alimente son épargne-pension.

Publicité

La différence de rendement fiscal entre un versement et 940 euros et un autre de 1.200 euros aura inévitablement un impact sur le rendement réel total.

En 2018, ceux qui placeront jusqu’à 940 euros dans un fonds ou une assurance-vie d’épargne-pension obtiendront une réduction d’impôt de 30% du montant versé, soit 282 euros maximum. Ceux qui verseront plus de 940 euros, avec un maximum de 1.200 euros, verront quant à eux leur réduction d’impôt calculée au taux de 25%, soit un maximum de 300 euros.

D’abord, le piège fiscal

Compte tenu de cet avantage fiscal limité à 25% en cas de versement supérieur à 940 euros, est-il intéressant de dépasser ce premier plafond? Premier point d’attention: il faut tout d’abord éviter d’investir un montant supérieur à 940 euros mais ne dépassant pas 1.128 euros. En effet, si l’épargnant verse 940,01 euros, il sera perdant sur le plan de la réduction d’impôt puisque celle-ci (235 euros, soit 25% du montant versé) sera inférieure aux 282 euros qu’il aurait obtenus en se contentant de verser 940 euros (avantage fiscal de 30% du montant versé). C’est le fameux "piège fiscal" dont nous avons déjà abondamment parlé (L’Echo du 14/11).

Si l’on place 1.128 euros dans l’épargne-pension, l’avantage fiscal, calculé à 25%, sera exactement de 282 euros, soit l’équivalent de la ristourne fiscale obtenue en versant seulement 940 euros. En conclusion, si, à partir de l’an prochain, on décide d’investir plus de 940 euros dans l’épargne-pension, il faut verser plus de 1.128 euros pour éviter ce piège fiscal. Celui qui place 1.129 euros recevra 282,25 euros de réduction d’impôt.

Ensuite, le rendement réduit

Mais ce n’est pas tout. Même ceux qui placeront plus de 1.128 euros dans leur épargne-pension seront perdants en comparaison avec ceux qui auront limité leur versement à 940 euros. Pour comprendre pourquoi, il faut analyser le rendement réel total des investissements réalisés pendant toute la durée du contrat d’épargne-pension.

Publicité

Pour cela, on tient compte à la fois du rendement brut dégagé par l’épargne-pension et de l’avantage fiscal obtenu durant toute la durée de ce placement. Le rendement brut ne différera pas, que l’on investisse 940 ou 1.200 euros. Un fonds d’épargne-pension qui aura généré, en moyenne, 5% de rendement brut par an, en fera profiter aussi bien ceux qui auront versé 940 euros que ceux qui auront versé 1.200 euros.

Par contre, ceux qui auront versé 940 euros par an auront obtenu une réduction d’impôt totale égale à 30% de leur mise de départ, tandis que ceux qui auront placé 1.200 euros annuels auront obtenu une ristourne fiscale totale égale à 25% de leur investissement initial. Cette différence-là, entre 30% et 25% de "rendement fiscal" des versements, va inévitablement avoir un impact sur le rendement réel total, avantage fiscal compris. Autrement dit, en cumulant le rendement brut, toujours le même que l’on verse 940 ou 1.200 euros, et le rendement fiscal, très différent selon que l’on place 940 ou 1.200 euros, on aboutit à un rendement total qui différera logiquement selon le cas.

Et cette différence sera systématiquement favorable à ceux qui auront versé 940 euros. En effet, le rendement fiscal de 25% de ceux qui auront placé jusqu’à 1.200 euros viendra handicaper leur rendement réel total, en comparaison avec celui des épargnants dont le rendement fiscal est de 30%.

Intérêts cumulés

Pour obtenir un aperçu réaliste de ce que l’on peut gagner (ou perdre) en investissant dans l’épargne-pension, il faut encore tenir compte des intérêts cumulés. En effet, le rendement brut d’une année s’applique à la fois aux montants versés jusqu’à cette année-là et aux intérêts déjà perçus durant les années antérieures.

Prenons l’exemple d’un épargnant qui verse 1.200 euros pendant deux ans. Il aura placé en tout 2.400 euros dans son épargne-pension. Imaginons que celle-ci génère un intérêt annuel brut de 5%, soit 60 euros sur un placement de 1.200 euros. Les intérêts obtenus après deux ans ne seront pas de 120 euros (deux fois 60 euros) mais bien de 123 euros car les 60 euros d’intérêts de la première année auront eux-mêmes rapporté 5%, c’est-à-dire 3 euros, l’année suivante.

Taxe de 8% sur le capital

Mais pour avoir une idée vraiment précise du rendement d’une épargne-pension, il faut aussi tenir compte de la taxe de 8% qui frappe le capital total à l’âge de 60 ans. Pour les fonds d’épargne-pension, cette taxe s’applique à un capital fictif tenant compte d’un rendement annuel brut de 4,75%. Pour les assurances-vie d’épargne-pension, la taxe s’applique en tenant compte du taux d’intérêt annuel garanti, hors participations bénéficiaires. Cette taxe, qui reste de 8% quel que soit le versement annuel effectué, réduit de la même manière le rendement réel final, que l’on place 940 ou 1.200 euros par an.

Au bout du compte, on constate que le rendement réel de l’épargne pension est toujours un peu plus intéressant pour ceux qui auront placé 940 euros par an, alors que ceux qui auront misé 1.200 euros chaque année recevront un rendement réel total légèrement plus faible (voir l’infographie).

©Mediafin

Rendements du passé

On constate aussi qu’à cause de la taxe de 8% calculée sur un rendement annuel fictif de 4,75%, le rendement réel final, avantage fiscal et intérêts composés compris, ne dépasse le rendement annuel brut que si celui-ci était d’au moins 5%. Mais ça ne veut pas dire que d’autres placements sont plus intéressants car il faut tenir compte de leur propre fiscalité (précompte mobilier, etc.).

Si on remonte sur une période de dix ans, aucun fonds d’épargne-pension n’a dégagé un rendement brut annuel de 5%. Certains atteignent péniblement 4,75%. La plupart tournent autour de 3% à 4%. Sur les cinq dernières années, par contre, on trouve des rendements annuels de l’ordre de 10% dans certains fonds d’épargne-pension. Tout dépend de l’évolution des marchés, où ces fonds investissent dans divers actifs sous-jacents.

Mais, comme le dit la formule consacrée, les rendements du passé ne valent pas pour l’avenir…

Publicité
Publicité
Publicité
Publicité
Messages sponsorisés