Prenez un parc arboré centenaire. Privatisez-le. Dessinez-y un quartier modèle en y choisissant une mixité d’occupants selon l’âge et le pouvoir d’achat pour déterminer le programme résidentiel final. Ajoutez-y les services (payants) correspondants pour en faire un familistère de nouvelle génération quasi autonome. Et vous obtenez un produit immobilier séduisant pour les investisseurs particuliers à la recherche d’alternatives pérennes au compte d’épargne et lorgnant simultanément un cocon rassurant pour leurs tout vieux jours.
C’est ce qui a éveillé, au début du millénaire, l’intérêt de Jean Thomas, alors patron de la société de promotion immobilière cotée en Bourse Immobel. "Le terrain appartenait au CPAS de la Ville de Bruxelles. Et la province du Brabant wallon, qui arrivait en fin de bail, planifiait le départ de l’Institut Médico-Pédagogique (IMP) local vers Nivelles", se souvient-il. Lors du déménagement fin 2006, le site offrant 15 hectares de parc et des bâtiments historiques remarquables sis non loin du centre devait trouver rapidement une nouvelle affectation. Appel a donc été lancé aux promoteurs privés. Et c’est Immobel qui a finalement emporté le marché. Souhaitant s’adjoindre un partenaire, il a ensuite monté le projet avec JCX Immo (Sophie Le Clercq).
Près de dix ans plus tard, après avoir revu plusieurs fois leur copie, ses successeurs ont enfin concrétisé l’idée initiale en trois dimensions et donné une âme à un nouveau quartier de vie, sis Drève des dix mètres, adapté au vieillissement accéléré de la population locale. "Si j’étais resté aux commandes, j’en aurais sûrement déjà construit cinq du même tonneau, tant ce type de projet est dans l’ère du temps depuis longtemps", ajoute Jean Thomas.
Services compris
Côté services et communs, une supérette et une épicerie de quartier sont logées dans l’ancienne ferme du domaine; mais on trouve également sur le site une crèche, une taverne-restaurant sous enseigne Mamy Louise, une piscine intérieure commune, une salle polyvalente (ancien gymnase), des bureaux — ceux de la copropriété et du syndic, "responsable de l’application des actes de base et de l’entretien des parties communes" —, un mini-club pour enfants, une bibliothèque, un club de bridge, un coiffeur, un système de voitures partagées (Cambio), de navettes vers le centre… Et, bien sûr, un centre de soins adaptés, exploité par les Cliniques de l’Europe, bordant la maison de repos et la résidence service gérées par le leader du segment, Orpea.
Les occupants finaux? "Nous avons fixé arbitrairement l’équilibre intergénérationnel à 65% de plus de 55 ans et 35% de personnes sous les 55 ans (hors maison de repos et résidence services)", répondent les concepteurs. Soit, au total, un vrai village privatif. Ce nouveau concept sur mesure, logé à proximité du centre d’une des communes les plus prisées du Brabant wallon, a rapidement séduit les investisseurs nantis du coin et d’ailleurs (voir tableau), à la recherche d’un lieu de (fin de) vie avec services adaptés de proximité, gérés par une direction indépendante "compétente pour organiser le concept intergénérationnel et fournir les services", garantissent les promoteurs.
Des activités sont proposées — cours de peinture, randonnées, excursions, cours d’aquagym — aux occupants via une asbl, le Club Bella Vita. Un potager commun et des activités pour enfants et adolescents sont également au menu. Le coût? 500 euros par personne et par an. La bibliothèque, la salle de jeux et un local "arts plastiques" sont également gérés par cette asbl.
Si l’idée mise en œuvre ici n’est pas nouvelle, des développements immobiliers aussi complets sont encore rares chez nous, surtout en Brabant wallon où l’incidence foncière démotive plus d’un promoteur ambitieux. Mais la réussite de Bella Vita risque de faire des émules, tant ce type de concept, qui diversifie le risque sur un même espace privé, correspond à une demande croissante à pouvoir d’achat conséquent, tant à l’investissement qu’à la location.
Nom de code: Bella Vita
Trois ans après son lancement, la commercialisation de ce complexe de standing, dont le parc historique restera ouvert au public, touche à sa fin. En tout, pas moins de 182 appartements de 1, 2 ou 3 chambres (47 à 163 m²) et 87 maisons (125 à 250 m²) ont été proposés à l’acquisition dans différentes typologies dès 2012 par Immo Dussart, qui dispose d’un bureau de vente sur place.
Plus récemment, une résidence-services offrant 50 studios vendus "à la découpe" aux investisseurs est venue compléter l’offre. La maison de repos avec soins et ses 109 lits reste la propriété d’Orpea.
Quasi tout vendu
La visite sur place, en faisant le tour du propriétaire en voiturette électrique, permet de comprendre le concept général. Aujourd’hui, le site est quasi entièrement achevé et habité. Mais au début, il fallait pas mal d’imagination aux premiers investisseurs pour en imaginer tout le potentiel.
A l’heure où nous mettons sous presse, quatre appartements et six maisons restent encore disponibles. La commercialisation des chambres de la maison de repos vient de débuter et la moitié des studios de la résidence-service sont déjà réservés. Un investisseur particulier a acheté à lui seul pas moins de 21 logements, qu’il a mis directement en location. "Notre antenne sur place coordonne simultanément la vente aux investisseurs et la location de la plupart des habitations non occupées par leurs propriétaires", explique Michel Dussart, qui a bon espoir de négocier une bonne partie du solde lors de la journée "portes ouvertes" prévue le 25 septembre prochain.