Une enquête de BinckBank révèle que 60% des clients belges interrogés s’occupent de leurs investissements sur base quotidienne. Cela vaut bien sûr pour cette plate-forme transactionnelle, qui dépend en grande partie de ces activités de niche. Néanmoins, les observateurs du marché constatent une augmentation - au plan mondial - du nombre d’investisseurs qui prennent eux-mêmes la barre de leurs finances.
Cette liberté ouvre immédiatement la porte à la forme la plus active en matière d’investissement, à savoir le "day trading". En résumé, on vend le soir ce qu’on a acheté le matin. Pour répartir les risques, les "day traders" sont actifs dans différents types de produits: actions, options, matières premières et devises. Leur but ultime, c’est de pouvoir vivre de ces activités quotidiennes.
Des chiffres qui font déchanter
Hélas, tout le monde s’accorde pour dire que 95% des particuliers qui s’adonnent au "day trading" réalisent des pertes structurelles. Aucune étude sérieuse sur les rendements ne peut confirmer ces chiffres, mais elles cautionnent tout de même cette vision quelque peu décevante. Une étude réalisée par le Professeur Brad M. Barber de l’Université de Californie Davis indique que le rendement net des 500 "day traders" les plus doués depuis 1992 est d’environ 0,28% par jour. Après une année de 200 jours de transactions, on devrait donc pouvoir comptabiliser 56% de bénéfice. Si on examine le rendement annuel, la moyenne n’est que de 2% net. La conclusion, c’est que les spéculateurs gagnent environ la moitié de ce que gagnent les investisseurs à long terme traditionnels.
Trop de coûts
Une des raisons principales qui explique les rendements médiocres de la majorité des "day traders", c’est la facture des coûts. D’une part, les coûts de commission et de transaction montent en flèche: alors que le rendement brut des "day traders" les plus doués est d’environ 0,49% par jour, il faut compter avec des coûts quotidiens d’environ 0,21%. Par ailleurs, les "day traders" sont confrontés avec toute une série d’autres coûts implicites et explicites. Par exemple, la différence entre les coûts acheteurs et les coûts vendeurs lors de l’exécution des ordres, ou les coûts payés pour obtenir les informations en temps réel et les logiciels transactionnels.
Vive la technologie !
Les 5% de "day traders" qui tirent leur épingle du jeu, appliquent une stratégie bien définie. Il ne s’agit plus d’exécuter des transactions sur base de ratios fondamentaux ringards tels que le ratio cours/bénéfice ou le rendement du dividende. Non ! Les "day traders" recourent désormais à des techniques avec des noms à la mode, comme "arbitrage", "breakout seeking" ou autres "event playing". Ou encore, ils enquêtent sur les cours de Bourse sur différents marchés, fixent des cours cibles selon des méthodes d’analyse technique et spéculent sur les réactions suite à des annonces. En d’autres mots, il s’agit de rechercher des opportunités à court terme sur des marchés volatiles, en faisant appel à des technologies modernes.
Ne vous faites aucune illusion
En plus d’une bonne stratégie, un "day trader" a besoin de discipline, de persévérance, et de self-contrôle, qui sont des qualités indispensables dans ce "métier". Souvent, ces investisseurs actifs travaillent à la maison, où ils s’endorment et se réveillent au rythme des marchés financiers. Leur grande assiduité et leur forte implication ont, dans un premier temps, un effet positif sur leur rendement, mais le dérèglement de leur vie sociale et une trop grande dose de stress minent leurs résultats à long terme.
De plus, les "day traders" ne sont pas toujours entièrement immunisés contre les pièges classiques de l’activité d’investissement: par exemple, selon l’enquête de BinckBank, 91% des clients interrogés se sentent à l’aise en Bourse. Cela peut être révélateur d’une "illusion de connaissance de soi". L’illusion de contrôle dit à son tour que la plupart des investisseurs estiment être en mesure de prévoir l’évolution des cours de Bourse. En réalité, de telles pensées hypothèquent les opportunités réelles.