D'après une enquête menée par l'institut Ipsos pour la banque CBC auprès d'un millier de personnes, les Belges sont loin d'avoir leur future pension sous contrôle. Il en ressort que près de trois quarts des Belges ne connaissent pas notre système de pension, qui repose sur trois piliers: la pension légale, la pension complémentaire (indépendants et salariés) et l'épargne-pension ou l'épargne à long terme. Le même pourcentage estime manquer d'informations sur le fonctionnement du système, et plus de 60% ne comprennent pas comment ils peuvent financer leur pension.
Plus concrètement, près d'un Belge sur deux n'a pas encore pensé à planifier sa pension. L'âge moyen auquel les Belges commencent par exemple à souscrire à une épargne-pension est de 32 ans. "Or, c'est déjà trop tard pour atteindre un capital qui sera suffisant à financer les besoins financiers lors de la pension", a expliqué Jean Hindriks, professeur à l'UCL et membre du conseil académique des pensions, lors de la présentation des résultats de l'étude. "Ceci peut être du à une question de manque de moyens avant cet âge-là, ou simplement de procrastination", estime-t-il.
En plus de mal connaître le système de pensions et de ne pas savoir comment s'y prendre, le Belge sous-estime son espérance de vie, et donc le nombre d'années à financer après son départ à la pension. Ainsi, 6 Belges sur 10 estiment qu'ils auront moins de 15 ans à vivre après avoir quitté la vie active, alors que la réalité se situe plutôt entre 20 et 25 ans. Un Belge sur deux ne sait d'ailleurs pas à quel âge il pourra partir à la pension. "Avant, seul l'âge comptait, mais aujourd'hui, c'est l'âge couplé à des conditions de carrière. Ce n'est pas aussi simple", poursuit Jean Hindriks. De son côté, Patrick Wangneur, expert en prévoyance chez CBC, met cette méconnaissance sur le compte, éventuellement, des réformes en cours. "Les gens se disent sans doute que cela pourrait encore changer".
Coaching
Globalement, il ressort de cette étude que les Belges auraient bien besoin d'un coup de pouce pour commencer à planifier "sérieusement" leur pension car ils sont 65% à être conscients du fait qu'ils ne planifient pas assez leur pension. "Le déficit d'information est naturel, parce que la planification implique des calculs complexes et de long terme, qui font intervenir du calcul actuariel, des intérêts composés, des estimations sur sa propre espérance de vie. On surestime la capacité des Belges à maîtriser ces sujets complexes", estime Jean Hindriks. "Ils auraient bien besoin de coaching. Même si le site mypension existe et permet de trouver beaucoup d'informations, il faut amener les Belges à venir chercher ces informations.", poursuit-il. Par ailleurs, l'incertitude est contre-productive. "Il faut arrêter de dire qu'il n'y aura plus de pension légale à l'avenir ou qu'elle va se réduire à peau de chagrin. Au contraire, nous devons rassurer sur notre système de sécurité sociale qui devient paradoxalement une source d'angoisse et d'insécurité", a-t-il conclu.