1. La pension anticipée
Prendre ou non votre retraite anticipée, c’est à vous d’en décider. En principe, les conditions sont les mêmes pour les salariés, les indépendants et les fonctionnaires. En règle générale, pour pouvoir prendre sa pension anticipée, il faut avoir au moins 63 ans et 42 années de carrière.
Pour l’administration des pensions, une carrière complète compte cependant 45 années. Si vous prenez votre pension de manière anticipée, vous n’aurez droit qu’à 42/45 de votre pension légale. Et ce, jusqu’à la fin de vos jours. Car une fois le montant de votre pension anticipée fixé, il ne changera plus, même lorsque vous aurez atteint l’âge légal de la pension.
Plus de 6 fonctionnaires sur 10 bénéficient d’un régime favorable – appelé "tantièmes préférentiels" – qui leur permet de travailler moins longtemps mais d’avoir malgré tout une carrière complète. Grâce à ce système, de nombreux fonctionnaires peuvent arrêter de travailler à 60 ans tout en ayant droit à une pension complète. Désormais, les tantièmes préférentiels ne sont plus pris en compte dans le calcul de l’âge de la pension. À terme, les fonctionnaires devront donc travailler le même nombre d’années que les travailleurs du secteur privé avant de pouvoir prendre une retraite anticipée. Les droits constitués sous l’ancien système restent toutefois acquis.
2. Le chômage avec complément d’entreprise (l’ancienne prépension)
En règle générale, le chômage avec complément d’entreprise (RCC), c’est-à-dire l’ancienne prépension, est un régime auquel votre employeur vous contraint à adhérer parce que l’entreprise rencontre des difficultés. On ne peut donc pas parler ici de véritable choix. En principe, vous entrez directement dans le régime du chômage, raison pour laquelle on parle de chômage avec complément d’entreprise (RCC). La bonne nouvelle, c’est qu’au cours de ces années de "prépension", vous continuez à vous constituer des droits de pension.
Jean-Philippe devient "prépensionné" à 59 ans et dispose à ce moment de 36 années de carrière. Il ne devra cependant pas se contenter à 65 ans de 36/45 de sa pension légale. Pour chaque année entre la date de sa mise en "prépension" et l’âge légal de la pension, 1/45 de carrière est ajouté. Jean-Philippe aura droit à une pension légale de 42/45.
Nouveau!
Depuis le début de cette année, si vous êtes "prépensionné", vous pouvez choisir de prendre votre retraite anticipée à 63 ans, pour autant que vous ayez une carrière de 42 années derrière vous. Du point de vue financier, ce choix n’est pas intéressant, puisque la constitution de vos droits de pension s’arrête à 63 ans. Résultat: vous devrez vous contenter de 2/45 de pension en moins pour le reste de votre vie. Le seul intérêt de prendre votre retraite anticipée à 63 ans est que cela vous dispense de rester disponible sur le marché de l’emploi.
3. Arrêter de travailler très tôt
Vous ne devez pas nécessairement attendre l’âge légal de la pension ni la limite d’âge de la retraite anticipée pour décider d’arrêter de travailler. Vous pouvez avoir mille et une bonnes raisons de cesser toute activité professionnelle à 56 ans par exemple. Mais sachez que vous perdez sur plusieurs tableaux à la fois, sans compter la perte de revenus.
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→ Le montant de la pension est réduit
Chaque année de travail entre en compte dans le calcul du montant de votre pension. La somme de tous les droits de pension constitués pendant les années de travail détermine le montant qui vous sera versé chaque mois une fois atteint l’âge de la pension. Plus vous avez travaillé, plus votre pension est élevée. À l’inverse, plus vous arrêtez tôt, plus cela réduit le montant de votre pension. Si vous arrêtez de travailler par exemple à 56 ans et que vous avez 34 années de carrière, vous aurez droit à 34/45 de votre pension complète à 65 ans.
→ Le droit à la pension anticipée échoit
Si vous arrêtez de travailler avant l’âge où vous auriez pu avoir droit à une retraite anticipée, vous n’entrez plus dans les conditions pour bénéficier de celle-ci. En d’autres termes, vous devrez attendre l’âge légal de la pension pour toucher quelque chose. La date de départ à la pension est donc reportée et la période intermédiaire est beaucoup plus longue (lire ci-contre).
Vous n’avez en outre pas le droit de toucher votre pension complémentaire pour compenser l’absence de revenu professionnel pendant cette période intermédiaire. Car votre pension complémentaire n’est versée qu’à la date d’échéance du contrat (généralement 65 ans). En arrêtant de travailler plus tôt, vous ne faites plus non de versements dans votre pension complémentaire, ce qui diminue également le montant auquel vous pourriez prétendre en continuant à travailler jusqu’à 65 ans.
Caroline est née le 10 novembre 1963 et a commencé à travailler en 1981.
Scénario 1 | Travailler jusqu’à l’âge légal de la pension
Si Caroline travaille jusqu’à l’âge légal de la pension (66 ans), c’est-à-dire jusqu’au 30 novembre 2029, elle aura droit à une pension de 1.925,43 euros nets par mois.
Scénario 2 | Prendre sa pension anticipée
Si Caroline continue à travailler jusqu’au 1er mai 2024, date à laquelle elle pourrait prendre une pension anticipée, elle aura 61 ans et une carrière de 43 années. Elle aura alors droit à une pension de 1.788,18 euros nets par mois.
Scénario 3 | Arrêter de travailler à 56 ans
Si Caroline veut mettre fin à sa carrière le 30 avril 2019, à 56 ans donc, elle n’aura droit à une pension qu’à partir du 1er décembre 2029. Elle ne peut plus bénéficier des conditions pour prendre une pension anticipée et devra donc assumer elle-même ses revenus entre 2019 et 2029 (pas de rémunération, pas de pension). À l’âge légal de la pension (qui sera de 66 ans à ce moment-là), elle aura droit à une pension de 1.653,14 euros nets par mois.
Si Caroline veut vivre de ses propres moyens entre 2019 et 2029, elle devra disposer en 2019 d’économies égales à 208.296 euros (126 mois à 1.653,14 euros).
Écart entre la pension anticipée et la pension légale
Les conséquences financières de la prise d’une pension anticipée diffèrent d’un cas à l’autre. Tout dépend de l’âge auquel on a commencé à travailler et donc du nombre d’années qui sépare la pension anticipée de la pension légale.
Les scénarios suivants donnent une bonne idée de ces différences.
Depuis le lancement du site public mypension.be, chaque Belge peut se faire une idée des conséquences de ses choix de carrière en termes de pension. "Sur mypension.be, on peut voir la date à laquelle on peut prendre sa pension au plus tôt et celle du début de la pension légale, ainsi que le montant de pension auquel on a droit dans les deux cas, précise Vik Beullens, du Service fédéral des pensions. On peut aussi introduire un scénario différent pour examiner les conséquences d’une modification de carrière sur sa pension."
Le montant de pension qu’on obtient est un montant net, calculé sur la base d’une carrière fictive. On part du principe que vous continuerez à travailler aux mêmes conditions qu’aujourd’hui (même statut, même rémunération et même durée de travail). Les montants sont exprimés en pouvoir d’achat d’aujourd’hui. Compte tenu de l’inflation, le montant sera probablement plus élevé quand vous prendrez votre retraite.
Scénario 1
Marc a commencé à travailler à 21 ans. Selon le site fédéral mypension.be, il pourra prendre sa pension légale le 1er août 2027. Il aura droit à ce moment à une pension de 1.755 euros nets par mois.
Si Marc prend une pension anticipée le 1er mai 2024, date à laquelle il atteindra une carrière de 42 années, il aura droit à une pension de 1.662 euros nets par mois.
Scénario 2
Anne a commencé à travailler à 23 ans. À partir du 1er février 2026, elle peut prendre sa pension. Selon les calculs du site fédéral mypension.be, elle percevra 2.022 euros nets par mois.
Si Anne décide de prendre une pension anticipée le 1er mai 2025, quand elle aura 42 années de carrière, elle percevra 1.997 euros nets par mois
Conclusion
La différence entre la pension légale et la pension anticipée n’est pas la même pour Marc et pour Anne. Elle est de 93 euros pour lui (5%), alors qu’elle n’est que de 25 euros pour elle (quelque 1%). Cela vient du fait que Marc ne cotise pas pour sa pension pendant trois années (de 2024 à 2027), alors que pour Anne, cette période est inférieure à un an.