La Commission des Finances du Sénat ne s’est pas prononcée hier sur la proposition de remplacer les chèques-repas (CR) par de l’argent. Après les discussions et la prise de connaissance du préavis du Conseil national de travail (CNT), les sénateurs ont reporté leur vote après les congés de carnaval. Le CNT ne va pas dans le sens du texte des sénateurs Etienne Schouppe (CD & V) et Rik Daems (Open VLD) de remplacer les CR par une rémunération nette sur le compte bancaire des bénéficiaires. D’après le CNT, une telle mesure pourrait entraîner un détournement de l’objectif visé par les CR. Car l’argent ainsi versé au travailleur pourrait être consacré à d’autres achats que l’alimentation.
Quid de la préférence nationale? Car même si des commerçants hollandais acceptent les CR belges, on ne peut les utiliser qu’en Belgique. Avec de l’argent, rien n’empêche le travailleur d’aller le dépenser au-delà de nos frontières. De plus, le décalage qui existe entre le moment où le travailleur reçoit ses CR et celui où il perçoit son salaire disparaîtrait, ce qui limitera ses achats de consommation de base.
800.000 chèques électroniques
Le CNT plaide donc plutôt pour davantage de simplification du système et entre les lignes, il défend plutôt la fin des CR en papier. Les sénateurs s’accordent sur davantage de simplification, mais pas encore sur les modalités. Certains optent pour une substitution des CR en papier par les chèques électroniques, alors que d’autres défendent encore une coexistence des deux systèmes. Actuellement, on compte environ 1,650 million de bénéficiaires de CR dont 697.637 détenteurs de cartes électroniques (au 30 juin 2013). On aurait dépassé aujourd’hui les 800.000 détenteurs de cartes électroniques. "Je suis d’accord pour un usage plus poussé des chèques électroniques, mais les opérateurs du secteur (Sodexo, Monizze, Federgon, Edenred) doivent s’accorder pour réduire les coûts. Il ne faut pas multiplier les terminaux par exemple", défend François Bellot, sénateur MR. Son homologue du PS, Ahmed Laaouej a la même position.
Selon nos informations, même si les auteurs de la proposition maintiennent leur texte, ils considèrent qu’un accord sur la fin totale des CR en papier est une victoire. Une étude du Pr Joep Konings (KUL) avait conclu que la suppression des CR entraînerait la suppression de 12.250 emplois, dont plus de 800 chez les commerçants belges des zones frontalières. Le CNT rendra un avis définitif le 28 février. Les sénateurs attendent également une analyse du Conseil supérieur des indépendants et des PME sur le sujet.
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