Interlocuteurs et objectifs des relations sociales
Comment rendre efficace la politique sociale d'une entreprise?
Les interlocuteurs
Au plan de l'entreprise, les relations sociales sont constituées de processus de communication et de négociations essentiellement entre deux collectivités organisées, celle des salariés et celle de l'employeur, mais pas uniquement.
Les acteurs de la collectivité des salariés sont les organisations syndicales "représentatives", les représentants du personnel élus ou désignés mais aussi le personnel individuellement ou organisé en collectivités hors organisations syndicales "représentatives". En effet, si cette dernière situation est jusqu'à présent moins fréquente en Belgique que notamment en France, du fait de l'impossibilité pour de nouveaux syndicats d'accéder à la représentativité, il n'est pas exclu de voir des réactions en justice, individuelles ou collectives, à l'encontre d'accords conclus dans le cadre des relations collectives de travail.
Les acteurs de la collectivité de l'employeur sont les organisations professionnelles qui peuvent prendre différentes formes, des représentants de l'entreprise - dirigeants ou cadres -, mais aussi lorsqu'il n'est pas présent dans cette dernière catégorie, le détenteur des capitaux et, enfin, tout membre de l'encadrement en ce qu'il est l'animateur au quotidien de la relation entre l'employeur et le personnel.
En fonction de l'importance accordée au système social, du crédit et du rôle effectif des instances représentatives, les attentes des représentants de l'employeur à l'égard des relations sociales varient d'un minimum d'ingérence des autres acteurs dans les différents processus, à un degré élevé de coopération en associant les représentants du personnel, à la réflexion sur le fonctionnement de l'organisation et en prenant en compte, autant que faire se peut, leurs aspirations et contraintes. Quelle que soit la position, qui peut par ailleurs être intermédiaire, les représentants de l'employeur vont tenter de faire prendre en compte les contraintes de l'entreprise et de maîtriser le coût du résultat des négociations sociales.
Les salariés et leurs représentants attendent au travers des relations sociales des informations sur leur avenir professionnel et sur la situation réelle de leur entreprise, des éléments de compréhension de ce à quoi ils participent, la reconnaissance et la prise en compte maximale de leurs attentes, aspirations, contraintes.
Les objectifs
Au-delà de la prévention des conflits sociaux, les relations sociales visent à créer une synergie entre les exigences de l'entreprise et celles de son personnel par la recherche permanente, au travers de la consultation et la concertation, d'une situation d'équilibre entre les partenaires qui se traduit en solutions concrètes, précises, adaptées aux circonstances locales et qui conviennent aux parties en présence.
En outre, dans une perspective d'évolution à laquelle peu d'entreprises peuvent se soustraire, cette synergie, y compris dans l'analyse détaillée des méthodes de travail et d'organisation, aboutit à la construction des conditions sociales qui permettront d'accompagner, de faciliter les changements par la recherche, l'élaboration de solutions innovantes - techniques ou d'ingénierie sociale - qui répondent à l'exigence de compétitivité nécessaire à l'avenir de l'entreprise et au souci de progrès social qui anime chacun des salariés tout en étant la raison d'être du syndicalisme.
Pour ce faire, la politique sociale de l'entreprise doit intégrer un souci d'efficacité, contribuer à sa réussite, et, dans un souci de prise en compte de la dimension humaine, les solutions qui en découlent doivent être mutuellement acceptables. Ayant pour finalité de mobiliser l'homme au travail, de concevoir et de faire prévaloir des règles du jeu qui soient équitables, elle passe par des objectifs intermédiaires:
- Respecter le droit du travail; au-delà de l'aspect purement légaliste qui permet par ailleurs d'éviter d'éventuelles sanctions, cette attitude constitue une forme de respect des institutions et des partenaires qui ont contribué à son élaboration;
- être clair sur la ou les finalités de l'entreprise, le travail mené en commun, proposer un projet qui donne sens à la contribution de chaque individu;
- Assurer la clarté sur les termes de l'échange, sur ce que l'entreprise attend du salarié mais aussi sur ce que lui-même peut en attendre en retour. Est-il assuré de promotions régulières, de possibilités d'évolution ou de formation, d'un plan de carrière, de la sécurité d'emploi? Ce dernier point est particulièrement générateur d'ambiguïtés. En effet, il constitue une attente prioritaire des travailleurs. Or quelle est encore l'entreprise qui peut s'engager sur une garantie d'emploi sur le long terme?
- Respecter les normes éthiques éventuelles spécifiques au secteur, à l'entreprise ou aux métiers;
- Rechercher ensemble des solutions équitables aux problèmes qui surgissent et qui n'ont pas été prévus.
Patrick Namotte Consultant indépendant
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