Au pays des Bisounours, Donald est roi

Rédacteur en chef

L'édito de Joan Condijts, rédacteur en chef.

Donald Trump l’avait promis. Et le Président américain l’a fait: les Etats-Unis ont annoncé jeudi soir leur retrait de l’accord de Paris sur le climat. L’Europe hurle – Macron étrenne même son nouveau costume à coups de sentences trumpiennes ("Make our planet great again"). Pendant que Poutine ricane et temporise. Rien de neuf sous le soleil. Qui cogne dur.

Climato-sceptique, le Donald? Le nouveau locataire de la Maison-Blanche ne s’en est jamais caché. Mais c’est plus son portefeuille et sa masse électorale qui guident le présent rejet. Pour redonner du tonus à cette Amérique "profonde", celle des charbonnages et du gaz de schiste, celle de l’acier et des vaches (qui broutent et rejettent du gaz…), celle de l’emploi de ses électeurs, celle aussi de ses soutiens industriels friands d’une électricité facialement moins onéreuse, l’homme à la mèche fatiguée se défait de cet engagement parisien qui s’annonçait fort coûteux: charbon, vaches, acier, etc. auraient subi de plein fouet les "conséquences" de cet accord.

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Les effets du choix de Trump seront peut-être inversement proportionnels à l’image désastreuse qui s’en dégage.

Donald Trump a donc fait le choix électoraliste et pécuniaire de la courte vue. Toutefois, les effets de ce choix seront peut-être inversement proportionnels à l’image désastreuse qui s’en dégage.

Primo, les USA ne peuvent réellement se retirer de cet accord qu’en 2020. Et le 3 novembre de la même année, les Américains seront appelés à se choisir un président… Secundo, malgré huit ans de Bush fils (qui s’était opposé au Protocole de Kyoto signé par Clinton), les Etats-Unis n’ont pas sombré dans les classements des pays luttant contre le réchauffement climatique. Au contraire. Tertio, la défection américaine conforte, par réaction, nombre de dirigeants (y compris chez l’Oncle Sam) dans leur choix pro-Paris. Jusqu’à créer un front pro-environnement transcendant? À voir.

D’autant que la caricature qui viserait à faire des Etats-Unis le pollueur par excellence et l’Europe le gardien du temple vert est grossière. N’oublions pas que la France et l’Allemagne, pour ne citer qu’eux, continuent de défendre le diesel (et partant leurs intérêts économiques). Un carburant qui est certes plus doux concernant les effets sur le réchauffement que l’essence mais pas vraiment pour les poumons. Sans parler des scandales qui secouent plusieurs constructeurs européens indélicats quant aux normes d’émissions… Et, après Fukushima, Berlin a décidé d’éteindre ses réacteurs nucléaires (qui n’émettent pas de gaz à effets de serre) en pariant sur les sources renouvelables. En remplaçant aussi partiellement l’atome par du charbon.

Si Trump parvient, malgré lui, et malgré tout, à engendrer cette dynamique renforçant les nations dans la lutte contre le réchauffement, la planète (USA compris) ne pourra que s’en réjouir. Au pays des Bisounours, Donald sera finalement fait roi…

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