Colore-moi mon assiette
Delhaize, Colruyt et Carrefour adoptent le nutri-score
Chez mes parents, on nous a appris à ne pas cracher dans la soupe. Alors, on va commencer par se féliciter de la volonté de Maggie De Block, ministre de la Santé, d’instaurer un code couleur pour distinguer, en un clin d’œil dans les rayons de nos supermarchés, les aliments sains des plats ou préparations qui sont trop salés ou trop sucrés.
Plaquer un simple nutri-score sur un aliment bourré de nitrite ne suffira pas à convaincre. Le consommateur a changé.
Enfin! Plus besoin d’emporter une loupe dans notre caddy pour découvrir que nos céréales favorites ont été arrosées de glucose… ce qui a forcément un impact. Le système a été adopté de longue date aux États-Unis et, plus récemment, en France. Il a, certes, démontré ses limites entre le lobby incessant de l’industrie alimentaire et l’opacité qui entoure l’algorithme de classement. Mais des couleurs, c’est toujours mieux que rien. La démarche restera, en Belgique, volontaire. Pourtant Delhaize, Carrefour et Colruyt semblent avoir saisi l’enjeu… au point de s’être battus, à coups de communiqués, pour se glorifier d’être le premier de nos distributeurs à prévoir d’adopter le "nutri-score". Nutri-score qui sera notamment tamponné sur leurs gammes de produits "marque propre". Suffisant, un code couleur pour gagner le combat du vendre "sain"? On peut longuement débattre. Dire que la génération actuelle "vegan, zéro déchet, marathon" est moins fun que celle des sixties "drogue, whisky et rock and roll".
Mais c’est elle qui aujourd’hui consomme et éduque ses enfants. Soyons clairs: ce n’est pas en plaquant un code couleur sur un produit bourré de nitrite ou d’E321, en remplissant des rayons de poires bio importées d’Argentine ou en promouvant des "snacks healthy" tout sauf nature (5 framboises sur-emballées dans du plastique comme le fait Delhaize à grand renfort de pub) que le supermarché de papa va parvenir à convaincre le consommateur (de plus en plus averti) de rester client. On n’ira pas jusqu’à Alveringem dans les Polders où Colruyt vient de racheter une ferme qu’exploitera un couple d’agriculteurs amoureux du bio pour achalander ses magasins alentours (sic). C’est trop loin de chez nous. Pas pratique pour ramener nos courses à vélo (tellement bobo). Mais c’est l’idée. La réflexion est déjà plus profonde. Le consommateur a changé.
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