Edito | COP29: combler le trou dans la couche d’oseille

L'Accord de Paris sur le climat a une nouvelle bouture: la décision de la COP29 qui lance un appel à la mobilisation générale pour canaliser 1.300 milliards de dollars par an vers les pays du Sud. Ceci ne peut pas rester un vœu pieux.

Insuffisante, inutile, voire insultante… Chaque conférence climatique se solde par une compétition d’adjectifs pour en résumer le bilan. Quel que soit l’endroit d’où l'on en parle, il est pourtant hasardeux de porter un jugement péremptoire. La décision de financement adoptée à la COP29 pourrait marquer une étape de référence ou rester lettre morte: tout dépend de ce qu’on en fera.

Il y a deux chiffres à retenir des intenses négociations qui se sont achevées dimanche matin à Bakou. Le premier est un engagement des nations à canaliser au moins 300 milliards de dollars par an pour l’action climat dans les pays en développement. Il s'agit d'un engagement ferme, mais objectivement modeste.

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Ce plancher de 300 milliards à partir de 2035 succède à celui de 100 milliards de dollars promis en 2009: si l’on tient compte de l’inflation entre les deux dates, l’effort réel supplémentaire est de quelques dizaines de milliards. Prétendre, comme on l'entend beaucoup, qu’il s’agit d’un "triplement" du montant, est fallacieux. À plus forte raison que cet accord élargit de facto le groupe des contributeurs. Les pays dits développés s'engagent à prendre la tête de la mobilisation, mais on comptabilisera aussi dans ces 300 milliards l'argent des banques multilatérales de développement, et donc, indirectement, des pays émergents qui y sont actionnaires.

La bouture financière de Paris

Le deuxième chiffre n’est pas un engagement, mais un appel à la mobilisation générale pour un projet qui dépasse largement la compétence des ministres de l'Environnement réunis à Bakou. La COP29 appelle "tous les acteurs", publics et privés, à coopérer pour canaliser au moins 1.300 milliards de dollars par an vers les pays en développement (à partir de 2035 toujours).

La COP29 appelle "tous les acteurs", publics et privés, à coopérer pour canaliser au moins 1.300 milliards de dollars par an vers les pays en développement.

Mobiliser ce montant colossal (mais inférieur aux dépenses militaires de l’OTAN) est une condition sine qua non pour que l’ensemble de l’humanité ait les moyens d'embrasser un développement sans carbone dans un délai utile: à temps pour espérer arrêter le réchauffement de la seule planète habitable du système solaire avant qu’il ne franchisse des seuils apocalyptiques.

Comment passer de 300 à 1.300 milliards? L’accord de la COP29 aura au moins eu ce mérite: mettre noir sur blanc le déficit de moyens et une échéance pour le combler. Les pays en développement qui le peuvent sont "encouragés" à faire des contributions; et l'on espère trouver le moyen de réduire ou compenser l’aversion au risque dans les pays du Sud, qui freine des investissements urgents.

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Pour l’heure, ce n'est qu'un vœu pieux. Mais il engage celles et ceux qui vont tout faire, au cours des quelques années qui viennent, pour le faire advenir.

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