Édito | Cora, ou la chronique d’un démantèlement annoncé
L'annonce du projet de fermeture des hypermarchés Cora ne surprend que par son caractère définitif. À l'heure du commerce de proximité, relancer des espaces commerciaux en périphérie n'aura rien d'évident.
Concurrence "effrénée", essor du commerce de proximité: après trois restructurations en dix ans, la direction de Cora est prête à jeter l'éponge. Sa volonté d'arrêter les frais (au sens propre, au vu des dizaines de millions d'euros de capitaux injectés depuis des années pour combler les trous) ne surprend finalement que par son caractère radical, pour ne pas dire définitif.
La situation précaire de l'enseigne, en perte depuis des années, était connue de tous. Y compris du personnel, qui espérait une reprise par une autre enseigne. Mais pour la direction, les perspectives comptables et de marché ne laissaient plus d'espoir. Elle a donc tranché, précipitant la fin des activités de Louis Delhaize dans le commerce de détail.
Ironie du calendrier, le plan social qui s'annonce et qu'ils espèrent le moins douloureux possible risque d'être entériné au moment où entrera en vigueur la réforme du chômage programmée par la coalition Arizona.
Réforme du chômage à l'horizon
Le projet de fermeture de Cora n'est jamais que la chronique d'un démantèlement annoncé. Près de 1.800 travailleurs, dont une majorité a plus de 45 ans, se retrouvent aujourd'hui dans l'incertitude.
Ironie du calendrier, le plan social qui s'annonce et qu'ils espèrent le moins douloureux possible risque d'être entériné au moment où entrera en vigueur la réforme du chômage programmée par la coalition Arizona. Un facteur qui risque de rendre les syndicats plus intransigeants sur les compensations à accorder aux employés.
Les syndicats, qui accusent la direction de Louis Delhaize d'avoir vendu le groupe par appartements, ont beau jeu d'incriminer l'échec de ses différents plans commerciaux. Mais le handicap majeur des magasins Cora résidait sans doute dans une implantation géographique éloignée des centres-villes, qui compliquait aussi leur transformation en supermarchés qui sont déjà pléthore dans les agglomérations.
Une mutation pas évidente
La patate chaude de la relance des futurs-ex hypermarchés et des galeries commerciales attenantes passera donc dans les mains de Mitiska REIM, un acteur spécialisé dans les parcs commerciaux. À lui de redynamiser les centres commerciaux en morcelant les Cora pour muer les sept complexes en galeries commerciales attractives.
Ce ne sera pas évident: la fréquentation des hypermarchés et des commerces attenants remet au goût du jour la question de l'œuf et de la poule. Toute la question sera de savoir si la clientèle Cora continuera de faire ses emplettes dans des commerces qu'elle peut trouver plus près de chez elle ou à des endroits plus facilement accessibles.
Olivier Haller, le CEO de l'enseigne, veut y voir la perspective de réembauche possible de futurs ex-employés de Cora. C'est tout le mal qu'on peut souhaiter à des centaines de travailleurs qui, d'ici moins d'un an, risquent bien de se retrouver sur le carreau.
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