Édito | De Wever Iᵉʳ et le climat: envisager d’agir ne suffira pas

Si le thème du climat est très présent dans l’accord du gouvernement De Wever, l’action concrète pour réduire les émissions de la Belgique reste trop imprécise.

La bonne surprise, d’abord: alors que la politique climatique de la Belgique fait depuis des années l’objet de crocs-en-jambe de la part des nationalistes flamands, l’avènement du gouvernement De Wever Iᵉʳ n’annonce a priori ni rupture ni inflexion. La Belgique confirme ses engagements, dans un navire européen qui vise toujours une baisse d’émissions de 55% pour la fin de la décennie (c’est-à-dire, à peu de chose près, d’ici la fin de son mandat), et la neutralité carbone à l’horizon 2050. C’est bien le moins? Certainement, mais en ces temps d’incertitude et de retour en force du populisme disruptif, la confirmation de ce cap est déjà un soulagement.

Côté pile, donc, la volonté d’agir est affichée. Le gouvernement fait de la décarbonation de l’industrie une priorité. Il reconnaît la transition comme un levier essentiel de développement de l’économie et comme un vivier de création d’emploi. Les conditions de la mobilisation sont alignées, reste à "gravir la montagne", selon la métaphore tout terrain de De Wever (elle porte aussi sur l'assainissement des finances publiques, les investissements dans la défense, noem maar op).

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Côté face, les décisions alignées pour accélérer la décarbonation de la Belgique sont souvent baignées dans les zones d’ombre du programme gouvernemental. Il y a certes quelques mesures claires, sonnantes et trébuchantes, comme la baisse de la TVA sur l’installation des pompes à chaleur, et – en miroir – la hausse du prélèvement sur l’installation de chaudières au gaz ou au mazout. Réduire le prix du vertueux, augmenter celui du nocif: cette logique de vases communicants serait à généraliser. Mais l’Arizona s’en tient pour l’heure aux intentions floues: on "recherchera comment" mettre en place un signal prix pour favoriser les énergies décarbonées.

Envisager d’agir ne suffira pas, et la légèreté n'est pas de mise dans la phase socialement très délicate qui s'ouvre.

Une phase socialement délicate

L’accord affectionne particulièrement les verbes "examiner" et "évaluer", derrière lesquels il liste les actions qu'il envisage: un leasing social pour faciliter l’accès aux voitures électriques; la suppression des primes sur les utilitaires à propulsion fossile; un assouplissement des conditions de prêts pour les habitations énergétiquement performantes...

Mais envisager d’agir ne suffira pas, et la légèreté n'est pas de mise dans la phase socialement très délicate qui s'ouvre. Embarquée dans le navire européen, la Belgique va devoir gérer le passage au nouveau système de quotas d'émissions qui s'appliquera bientôt à l'énergie des bâtiments et des transports (ETS 2). La facture des énergies fossiles va grimper, ce qui permettra de dégager des ressources pour faire diminuer celle de la décarbonation. Cette transition exigera du doigté et un gouvernement prêt à dégainer des mesures efficaces et justes. Il est grand temps qu'il se mette en ordre de marche pour la gravir, cette montagne.

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