Édito | Face aux tarifs de Trump, l'Europe doit se remuscler
La guerre commerciale du Président américain va lourdement peser de part et d'autre de l'Atlantique. Il y a mieux à faire pour les Européens qu'y jeter aveuglément de l'huile sur le feu.
La guerre commerciale tant redoutée se précise. Après l'acier et l'aluminium, c'est désormais aux importations de véhicules automobiles que Donald Trump s'apprête à imposer des tarifs douaniers de 25% dès mercredi prochain. À ceux-ci s'ajouteront également des tarifs dits "réciproques" qui doivent encore être détaillés le même jour. Ce que certains considéraient encore, il y a quelques semaines, comme une "technique de négociation" du locataire de la Maison-Blanche est à l'évidence devenue une attaque bien réelle sur l'économie mondiale dans son ensemble.
Sur les États-Unis, tout d'abord. Car l'objectif recherché derrière ces mesures - à savoir colmater le déficit américain tout en ramenant l'activité et l'emploi au pays de l'Oncle Sam - n'évitera sans doute pas les poussées inflationnistes liées à l'explosion des coûts qui en découlent pour les entreprises concernées.
Les économistes se montrent quasi unanimes sur le constat, tout comme sur son impact négatif pour la croissance de la première économie mondiale qu'ils voient de plus en plus s'acheminer vers la stagflation (inflation doublée d'une stagnation économique, NDLR) ou même la récession. C'est précisément ce qui explique la déroute de Wall Street ces dernières semaines, même si le principal intéressé ne semble pas trop s'en émouvoir.
Jouons la plus finaude qu'à Washington, en renforçant nos armes dissuasives plutôt qu’en se lançant dans une bataille inutile dont tout le monde sortira perdant.
Une riposte difficile et délicate
Mais les mesures annoncées n'épargneront certainement pas l'Europe non plus. Si les bourses du Vieux continent s'en sortent bien mieux cette année, force est de constater que le rallye montre à présent des signes d'essoufflement, ce qui n'y est sûrement pas étranger.
L'inquiétude qui commence ici à tarauder les investisseurs tient surtout au risque d'escalade que pourrait alimenter une riposte européenne. Déjà fragilisée, l'économie de ce côté-ci de l'Atlantique en souffrirait tout autant, au point que le spectre d'une récession ne serait également pas à exclure.
Cette situation explique pour l'essentiel la difficulté de trouver une réponse adéquate aux scuds américains. Sur cette ligne de front, il faut évidemment se montrer ferme et ne pas courber l'échine, car ce serait donner du grain à moudre à cette administration qui ne cherche qu'à affaiblir ses interlocuteurs. Mais adopter aveuglément une logique "œil pour œil, dent pour dent" reviendrait, dans le contexte actuel, à se tirer, nous aussi, une balle dans le pied.
Donald Trump profite des faiblesses de l'Europe. En l'occurrence, de sa désunion, de son manque d'intégration et de son incapacité à parler d'une seule voix. La reconstruction en cours d'une véritable défense commune est une manière de reprendre l'ascendant dans cet affrontement, tout comme la volonté retrouvée d'uniformiser nos marchés des services et des capitaux, encore trop fragmentés. Si la meilleure défense est l'attaque, jouons la plus finaude qu'à Washington, en renforçant nos armes dissuasives plutôt qu'en se lançant dans une bataille inutile dont tout le monde sortira perdant.
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