Édito | Gouvernement fédéral: de l'art de conclure une négociation

Responsable du service Économie/politique

La négociation est un art qui ne prend son sens qu’à condition d’aboutir. Aux présidents de parti de nous prouver qu’ils en maîtrisent les codes.

Compromis: arrangement dans lequel on se fait des concessions mutuelles. 234 jours après les élections, le moment est venu de remettre cette définition entre les mains des présidents de parti pressentis pour former une coalition Arizona

C’est le propre de la négociation, chacun défend ses acquis et tente d’arracher des concessions à ses adversaires dans la dernière ligne droite. Une approche légitime, mais qui ne peut toutefois constituer l’alpha et l’oméga de l’action politique. Des trophées, chaque formation devra pouvoir se targuer d’en avoir obtenu. Un tax cut pour les libéraux francophones, une contribution des épaules les plus larges pour les socialistes flamands, une norme de croissance des soins suffisante pour Les Engagés, le noyau d’une réforme fiscale pour le CD&V, ou encore une "remise en ordre" budgétaire ainsi qu’une politique migratoire plus stricte pour les nationalistes flamands. Tout le monde doit y trouver son compte.

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Et si les trophées des uns sont les couleuvres des autres, cela signifie probablement que l’accord est mûr, que chacune des parties a fait des pas en direction des autres. Cela signifie aussi que s’arcbouter dans cette dernière ligne droite sur l’un ou l’autre point menacerait de rompre l’équilibre d’un édifice patiemment construit. Soyons clairs: ce scénario doit absolument être évité, au moment où s’ouvre un conclave décisif.

Revenir à la case départ n’est, répétons-le, pas une option décente. Ces négociations ont été bien trop loin pour échouer.

Satisfaire l'intérêt commun

Après des mois de négociations serrées, ce n’est, en effet, plus l’intérêt particratique qu’il convient de satisfaire, mais bien l’intérêt commun. Les citoyens sont en droit d’attendre un gouvernement stable, à même de faire avancer le Royaume. Dans un monde chamboulé, où les populismes de tous bords font florès, nos entreprises ont aussi besoin de disposer d’une certaine prévisibilité pour avancer. Si elles s’accommodent des risques et les prennent en compte dans leur stratégie, elles détestent les incertitudes. Or, elles baignent aujourd’hui dans celles-ci. À quelle sauce seront-elles mangées par le futur gouvernement ? Seront-elles préservées, épargnées? Quels seront pour elles les impacts des mesures fiscales? Autant de questions qui les taraudent.

Revenir à la case départ n’est, répétons-le, pas une option décente. Ces négociations ont été bien trop loin pour échouer. La donne post-électorale était claire et doit désormais être concrétisée. C’est d’autant plus vrai qu’aucune alternative crédible n'est disponible en cas d’effondrement soudain dans les prochains jours. Que faire si les portes claquent? Si la dramatisation se transforme en crise et débouche sur une séquence ou chacun rejette la responsabilité sur ses adversaires politiques? Une certitude: les principaux perdants seront à nouveau les citoyens.

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Un énième passage par la case Palais, une nouvelle mission confiée à un autre acteur n’aurait probablement que peu d’avenir, si ce n’est d’ouvrir un autre cycle de négociations, long, fastidieux et potentiellement infructueux. Quant à un retour aux urnes, il serait hautement risqué. Car, dans un tel scénario, les extrêmes n’auraient probablement qu’à se baisser pour ramasser les voix des déçus des partis traditionnels.

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