Édito | L’Europe choisit l’IA, n’oublions pas la "vieille" industrie

Rédacteur en chef adjoint

Les tarifs douaniers imposés par l’administration Trump sur l’acier et l’aluminium fragilisent encore une industrie européenne aux abois. Qui mérite, elle aussi, l’éclairage dont a bénéficié l’intelligence artificielle ces derniers jours.

Ça y est, Donald Trump a posé le premier bloc de son mur tarifaire face à l’Europe. Dès le 12 mars, l’administration américaine imposera 25% de droits de douane sur l’acier et l’aluminium, et supprimera les exemptions dont bénéficiaient les grands fournisseurs. Une disposition qui inquiète surtout le Canada et le Mexique. Mais l’Europe est aussi touchée, une première depuis le retour du milliardaire à la Maison-Blanche.

Il ne s’agit certes que d’une brique – pour l’instant : ces droits de douane existaient déjà depuis le premier mandat de Trump, ils se retrouvent, ici, renforcés.

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Les dégâts n’en sont pas moins visibles. Déjà. Car aux tarifs douaniers, s’ajoute la difficulté de l’Europe de garder chez elle sa sidérurgie. Jeudi, ArcelorMittal a annoncé un investissement de près d’un milliard de dollars dans l’Alabama alors que le groupe a suspendu ses grands projets en Europe, dont celui sur son site belge à Gand. Pire, ce mardi, il a indiqué envisager la délocalisation de certaines de ses activités, dont des belges, d’Europe vers l’Inde.

Selon Eurofer, sa fédération européenne, en 2024 seulement, l’industrie sidérurgique a fermé près de 9 millions de tonnes de capacité, avec 18.000 pertes d’emploi annoncées.

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Et elle n’est pas la seule. Au rayon des délocalisations, d’autres géants européens se tâtent. Dans le Financial Times, le président du géant français du pneu Michelin dit vouloir accélérer ses investissements aux États-Unis aux dépens de ses sites français, et ce, pour contrer les hausses de droits de douane annoncées. Le milliardaire Bernard Arnault, patron du géant du luxe LVMH, ne disait pas autre chose il y a quelques semaines.

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Un souffle nouveau montre que le Vieux Continent peut aussi montrer les dents quand il se sent acculé: le sommet de Paris sur l’intelligence artificielle a vu l’annonce de plus de 300 milliards d’investissements dans le secteur.

La faute à Trump ? Pas seulement. Les délocalisations et pertes d’emploi évoquées ont préludé à la construction de la forteresse qu’entend ériger le nouveau président. Rappelons-nous : l’administration Biden avait également fait trembler nos industries et nos dirigeants politiques en déployant une fiscalité agressive. Et l’Europe n’est pas en reste : sa politique énergétique n’aide pas vraiment les industriels à privilégier le "Made in Europe".

Or, ces deux derniers jours, un souffle nouveau montre que le Vieux Continent peut aussi montrer les dents quand il se sent acculé. Le sommet de Paris sur l’intelligence artificielle a vu l’annonce de plus de 300 milliards d’investissements dans le secteur, dont la moitié concerne une alliance inédite entre industries et entreprises technologiques européennes. De quoi affronter la tête haute l’annonce fracassante, à Washington, de l’initiative Stargate, menée par OpenAI, et ses 500 milliards de dollars annoncés.

Un choix européen fort en faveur de la nouvelle économie. À saluer, donc. Mais notre "vieille" industrie mérite, elle aussi, un sérieux coup de projecteur.

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