Édito | La grande chasse aux milliards est déclarée ouverte
Tâche ardue pour le Trésor qui compte engranger quelque 4 milliards grâce aux nouveaux bons d’État. Car on est très loin des conditions d'il y a un an.
C'est ce 4 septembre que sont libérés les 22 milliards d'euros qui avaient été placés dans le fameux bon d'État Van Peteghem émis voici un an. La chasse est ouverte pour récupérer cette petite montagne de milliards. À l'époque, la fuite des comptes des épargnants belges vers le bon d'État avait fait office de "stress test" en temps réel pour les banques. Cette fois, les institutions financières sont bien déterminées, à coups de promos, à récupérer les milliards qui s'étaient envolés vers les caisses du Trésor.
Pour ce dernier, la tâche sera nettement plus ardue s'il compte engranger, comme il l'affirme, quelque 4 milliards grâce aux nouveaux bons d'État. Car on est loin des conditions de septembre 2023 lorsque les bons d'État à un an affichaient un taux brut de 3,30%, ce qui, après déduction d'un précompte mobilier abaissé exceptionnellement à 15%, permettait d'offrir un rendement net de 2,81%.
La baisse des taux sur les marchés est désormais passée par là, avec un mouvement qui s’est accéléré depuis juin dernier lorsque la Banque centrale européenne (BCE) a diminué ses taux directeurs de 0,25 point.
Cette fois, l'Agence de la dette ne peut offrir que 2,75% brut sur un an (soit 1,93% net après le précompte de 30%). Résultat: le taux du bon d'État à un an est inférieur aux taux des deux précédentes campagnes de 2024 qui, ensemble, n'ont pas réussi à atteindre le milliard d'euros de souscriptions.
Le taux du bon d'État à un an est inférieur aux taux des deux précédentes campagnes de 2024 qui, ensemble, n'ont pas réussi à atteindre le milliard d'euros de souscriptions.
En outre, les banques ont répliqué avec des bons de caisse concurrents aux bons d'État et surtout des comptes à terme jugés plutôt attrayants. ING Belgique s'est lancée dans la bagarre avec un taux brut de 3,80%, soit un rendement net de 2,66%. KBC et Belfius se sont mis à niveau, mais avec des pieds de plomb. Marc Raisière, le CEO de la banque publique, n'a pas hésité à affirmer que ce taux élevé constituait une réponse à une attaque de la concurrence, parlant d’un "jeu dangereux". Il faut savoir, en effet, que de telles conditions se situent bien au-delà des taux interbancaires actuels, donc hors marché.
Y a-t-il un danger pour la stabilité du système financier? Il faut relativiser, dans la mesure où ces offres commerciales sont assorties de diverses conditions et, surtout, ne sont que ponctuelles. En outre, les banques bénéficient encore d'une rémunération de 3,75% de leurs réserves excédentaires auprès de la BCE, alors que les taux des comptes d'épargne traditionnels sont toujours nettement inférieurs à ce niveau. En réalité, c'est l'épargnant lambda, s'il n'active pas mieux son épargne, qui risque d'être le grand perdant de l'histoire.
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